Jack Nicholson
cinéma se firent littéralement dans l’ombre. On dit qu’après la sortie du film, le comique répétait à qui voulait l’entendre : « Jack m’a traité comme une merde sur En route vers le sud. Je le déteste. Si je le vois, je lui mets une droite xlvi . »
Mais c’était peut-être le but recherché : Jack, en se mettant en avant, trouvait une douce délivrance dans son personnage. À cette période trouble de sa vie, il fit le seul film de sa carrière dans lequel il osait tomber amoureux d’une ravissante séductrice. Le sujet du sexe (et les sous-entendus sexuels) qui préoccupait tant Jack était bien présent dans le film, mais il était traité de façon sinueuse et comique. Et En route vers le sud allait se révéler être le seul film de la carrière de Jack doté d’une fin assez heureuse et conventionnelle.
Sous une enveloppe commerciale, on trouve un film courageux, bourré de petites touches intimes – jusqu’au gros plan sur le mouvement des pieds de Shorty Smith, venu du New Jersey pour exécuter un pas de danse devant les caméras, un pas que lui avait un jour appris Eddie King.
En dépit de tous les espoirs que Jack y avait placés, le film ne toucha cependant jamais le public. Et quasiment aucun critique n’apprécia En route vers le sud, qui devint un sujet extrêmement douloureux pour Nicholson.
La vérité sur les liens de parenté de Jack fut révélée pour la première fois en décembre 1977, peu après la fin du tournage d’ En route vers le sud, dans les colonnes de Walter Scott publiées dans le magazine national Parade.
Répondant à une série de questions (« Qui est sa mère ? ») sur Nicholson qui lui étaient posées par un certain « V.R. de New York », Scott révélait que Nicholson était né au St Vincent’s Hospital de New York « de June Nicholson, une danseuse d’Earl Carroll, et Donald F. Rose, un homme d’affaires. Il avait été élevé par sa grand-mère, Ethel May Nicholson ».
Scott n’a jamais révélé ses sources, mais Furcillo-Rose était devenu de plus en plus bavard au sujet de ses prétentions et racontait à qui voulait l’entendre qu’il était le père de Jack. Furcillo-Rose se disait las de lire partout que le père de Jack (John J.) était alcoolique, alors que son véritable père, c’est-à-dire lui-même, ne buvait presque jamais.
Peu de temps après la parution de l’article de Parade, le téléphone sonna tard dans la nuit chez Furcillo-Rose, à Ocean Grove, dans le New Jersey. La femme de Furcillo-Rose dut réveiller ce dernier. Les oiseaux de nuit de la côte Pacifique tendent parfois à oublier qu’il est trois heures plus tard du côté de l’Atlantique.
Les yeux ensommeillés de Furcillo-Rose s’agrandirent quand la voix à l’autre bout du téléphone s’identifia : c’était Jack Nicholson.
Furcillo-Rose avait déjà été la victime de canulars. Il demanda : « Si vous êtes bien Jack Nicholson, dites-moi qui était votre mère. »
« Ethel May », dit la voix.
« Faux, dit Furcillo-Rose. Votre mère, c’était June, et si vous êtes vraiment Jack, il faut que vous le sachiez maintenant. »
La voix s’adoucit et Jack reconnut qu’en réalité June était bien sa mère. Jack et Furcillo-Rose parlèrent pendant plusieurs minutes, eurent une conversation agréable. Une petite discussion, rien de plus, mais cordiale. Jack voulait savoir si Furcillo-Rose avait besoin de quelque chose. Non, répondit Furcillo-Rose, il n’avait aucun problème financier. Il demanda en retour si Jack avait quant à lui besoin de quelque chose.
La réponse fut non.
Furcillo-Rose dit à Jack qu’il aimerait le rencontrer et discuter un jour avec lui. La famille de Furcillo-Rose avait une maison dans les Poconos. Il invita Jack à venir y séjourner avec lui à l’occasion, afin d’apprendre à connaître un peu son père. Jack dit que c’était très gentil et qu’il y réfléchirait. Puis il raccrocha.
Jack appela Furcillo-Rose une autre fois encore, tard dans la nuit, à l’improviste, et il se montra décontracté et chaleureux.
Puis plus rien. Alors que les mois passaient, Furcillo-Rose, désespéré, se demandait ce qu’il avait bien pu dire de mal.
9.
Le terrain de l’imaginaire 1979
Les films que Nicholson avait faits dans les années 1970 avaient la nature de films de distribution d’ensemble, l’acteur étant au premier plan, mais le temps d’écran étant réparti de façon
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