Jack Nicholson

chroniquant les décisions désastreuses que prirent les cadres de la MGM dans les années 1980, se produisit à la barrière de péage, quand Nicholson montra ses fesses à des touristes, manquant ainsi de faire arrêter l’ensemble du trio.
    Brooks ne cessait de remettre au lendemain le travail sur le script. Les coûts de pré-production grimpaient, et le budget finit par atteindre la somme de 18,5 millions de dollars. Trois semaines avant la date prévue pour le début du tournage, Brooks eut une attaque cardiaque et fut hospitalisé. Sa maladie laissa les cadres de la MGM désorientés.
    Cependant, Nicholson qui avait signé son contrat, refusait de faire marche arrière. Lui et le studio s’engagèrent dans d’interminables négociations. La MGM proposa d’autres réalisateurs, notamment des réalisateurs de spots publicitaires peu connus, certaine que Nicholson refuserait. Ce dernier contre-attaqua en lançant les noms de Bob Rafelson et Hal Ashby. Rafelson, suite à l’expérience de Brubaker, était devenu un choix impensable, et Ashby fut rejeté sur le motif de « rumeurs de consommation de drogue ». La situation était bloquée.
    L’avocat de Nicholson, Steenburgen, et celui de Hutton se mirent au travail. Nicholson et Steenburgen finirent par accepter un arrangement à l’amiable. « En guise de "lot de consolation", Nicholson se vit également attribuer les droits de plusieurs films qu’il avait faits pour le studio dans le passé, tels que ceux de Profession : Reporter d’Antonioni », si l’on en croit le livre Fade Out.
    Hutton engagea des poursuites judiciaires, et un procès eut lieu en février 1989. Le jury conclut que la MGM n’avait pas respecté ses engagements et le juge accorda à Hutton 7,5 millions de dollars de dommages et 2,5 millions de dollars d’intérêts. Nicholson faisait partie des quelques personnes qui vinrent témoigner en faveur du jeune comédien.
    Alors qu’il approchait du cap fatidique des 45 ans, Nicholson tomba sur l’un des meilleurs rôles qu’il ait jamais eus, celui d’un vieux beau séducteur dans un film qui apparaissait à première vue comme un excellent téléfilm qui ferait pleurer dans les chaumières. Mais Terms of Endearment, ou Tendres passions, était bien plus profond et plus riche que cela : son script s’appuyait sur le roman de l’un des auteurs américains les plus estimés et avait été adapté par l’un des jeunes prodiges de Hollywood, le scénariste-réalisateur James L. Brooks.
    Les romans « tranches de vie » de Larry McMurtry sur l’Ouest américain avaient inspiré d’autres remarquables films, notamment Le Plus Sauvage d’entre tous et La Dernière Séance. Tendres passions contait l’histoire d’une veuve de Houston nommée Aurora Greenaway et de sa fille, Emma, et décrivait l’évolution de leurs rapports compliqués sur une période s’étalant sur trente ans. Tendres passions se déroulait dans le même cadre que l’avorté Road Show, le sud-ouest des États-Unis. Par une ironie du sort, il se trouve que le personnage que devait jouer Nicholson ne figurait pas dans le livre et ne faisait pas partie des personnages principaux du film.
    Brooks avait créé le personnage de Garrett Breedlove en mêlant les caractéristiques de plusieurs prétendants d’Aurora. Breedlove devint ainsi un ex-astronaute impie qui buvait trop et courtisait des femmes de plus en plus jeunes avant de s’engager dans une relation avec Aurora, sa voisine d’âge mûr bien comme il faut.
    Tendres passions, comédie de situation qui s’achevait sur le thème du cancer en phase terminale, s’était révélé difficile à vendre. L’actrice Jennifer Jones, qui possédait les droits d’adaptation cinématographique depuis bien longtemps, rêvait d’un come-back. Brooks, qui avait bonne réputation à la télévision mais n’avait jamais mis en scène de film pour le cinéma, avait fait avec son script le tour des studios pendant plusieurs années. La participation de Nicholson contribua à rendre bankable ce package comprenant la jeune débutante Debra Winger et l’actrice chevronnée Shirley MacLaine – la sœur de Warren Beatty –, qui devaient jouer les deux premiers rôles féminins.
    Nicholson n’avait jamais rencontré l’homme qui avait écrit et produit certaines des séries télé comiques les plus populaires de l’époque, telles que The Mary Tyler Moore Show, Rhoda et Taxi (dont l’une des stars