Jack Nicholson

personnage de fiction calqué sur le modèle de Nora Ephron. Le réalisateur était un ami et Streep était « la » grande actrice de sa génération. C’était « un rôle qu’il n’aurait sans doute pas eu en d’autres circonstances », admit l’acteur lui-même à l’occasion d’une interview.
    Le chef opérateur était Nestor Almendros, une autre vieille connaissance. Parmi les autres acteurs, il y avait Jeff Daniels, Maureen Stapleton et Stockard Channing (avec qui Jack avait déjà joué auparavant), et, dans un petit rôle, le réalisateur de Vol au-dessus d’un ni d de coucou, Milos Forman. Jack aimait passer de l’ambiance conviviale des projets de ce type à des films plus risqués et extérieurs à son cercle.
    Mais la convivialité donne parfois des résultats décevants, et certains des projets que Jack fit avec ses amis allaient devenir ses pires films des années 1980. Les problèmes de production de La Brûlure ne s’arrêtèrent pas avec le départ de Patinkin. L’ex-mari d’Ephron, qui s’était déjà senti offensé par le roman, était furieux à l’idée de se voir décrit comme le méchant du couple dans une grande production hollywoodienne. Ses avocats demandèrent à relire le script et attaquèrent toutes les allusions à leur client. Il fallut en plein tournage modifier des scènes à la hâte afin de minimiser le mauvais comportement du personnage évoquant Bernstein.
    « J’ai été spécifiquement engagé pour ne pas l’interpréter (Carl Bernstein). Mike, Nora et Meryl étaient très soucieux de faire passer le film du côté de la fiction. Et comme les deux jours de préparation n’avaient pas suffi à faire naître en moi le désir de faire un portrait biographique, ça me convenait très bien. »
    À l’origine, le personnage de Mike Forman était « un mufle inintéressant », d’après les mots de Nicholson. L’acteur avait peu de mal à s’identifier à son double jeu. « Il y a pour moi quelque chose d’autobiographique dans le comportement de cet homme qui peut offrir un bracelet à une femme alors que la sienne est enceinte », déclara Nicholson à l’occasion d’une interview. « La plupart des gens pensent que ce type de comportement mérite la peine de mort, mais si on exécutait les gens pour ce motif, il ne resterait pas beaucoup d’hommes sur terre. »
    Suite aux pressions de Bernstein, Nichols et Ephron décidèrent de faire de Mark Foreman un « personnage plus sympathique ». Nicholson leur dit de ne pas s’inquiéter : il pouvait « jouer le rôle à contre-courant », en accentuant l’aspect sympathique, afin de minimiser l’importance des réécritures des scènes dans lesquelles il figurait.
    Habituellement, les personnages de Jack avaient tendance à s’épaissir au fil du travail sur le script, cela faisait partie des impératifs de la star. Mais ce fut le contraire qui se produisit avec La Brûlure. Le personnage de Mark Foreman perdit de sa profondeur, et dans ce film traitant d’un divorce qui avait été notoirement acrimonieux, l’acteur célèbre pour ses scènes de colère ne put même pas jouer de sa spécialité. L’histoire d’amour était dépourvue de charme, le divorce insipide. Il n’y avait ni graduation ni continuité.
    Étant arrivé au dernier moment, Nicholson dut se rattraper, tout faire au dernier moment. Plus tard, au cours d’interviews, il avoua avoir « ramé » pour quelques-unes des premières scènes, notamment celle où son personnage rencontrait sa femme près d’une fontaine et essayait de se réconcilier avec elle. « Je crois que je ne connaissais même pas le nom de mon personnage à ce moment-là. » Nicholson déclara s’être laissé conduire par une partenaire qui ne conduisait pas très bien, car Meryl Streep, dont le personnage avait également souffert des hésitations du script, éprouvait elle aussi quelques difficultés.
    Nicholson attendait le moment où il pourrait briller. Lui et sa partenaire avaient une scène très exubérante : celle où Rachel est enceinte et où le couple se gave de pizzas dans la cuisine à moitié refaite de sa maison. Tout à coup, Rachel et Mark se lancent dans un pot-pourri de chansons traitant de bébés et Jack fredonne quelques bribes de « Soliloquy », la méditation par excellence sur la paternité extraite de la comédie musicale Carousel de Rodgers et Hammerstein.
    Streep avait reçu une formation de chanteuse, mais dans