Jack Nicholson
connu. C’est une véritable icône : un peu comme ces jeux dans les journaux où on ne voit que des sourires et où on doit deviner à qui ils appartiennent. »
Pour se préparer à interpréter Satan, l’acteur lut le roman d’Updike, étudia les illustrations que Gustave Doré avait réalisées pour L’Enfer de Dante, et se plongea dans la lecture de Thomas d’Aquin. Le maquillage et la garde-robe nécessitaient de petites touches personnelles. Nicholson choisit d’arborer une queue de cheval de samouraï dans les premières scènes et de porter tout au long du film toutes sortes de vêtements criards ainsi que d’étranges couvre-chefs, des affaires que l’on aurait crues tout droit sorties de son propre placard (depuis l’époque de Moto Driver, Nicholson se présentait comme un pionnier de la mode du dépareillé).
Ce script adapté du roman d’Updike était un projet qui aurait plu à n’importe quel acteur. Non seulement Van Horne déclamait de longs monologues tapageurs du type de ceux qu’appréciait tant Nicholson, mais il usait aussi de ses meilleures ruses diaboliques pour concevoir un héritier mâle. L’acteur qui jouerait Van Horne devait séduire trois personnages féminins joués par trois belles de Hollywood : Cher, Susan Sarandon et Michelle Pfeiffer.
Mais comme avec La Brûlure, cependant, tout n’était pas rose. Dès le départ, Les Sorcières d’Eastwick se révéla être une « production très problématique », d’après les mots du réalisateur, Miller. Et même une « expérience cauchemardesque », si l’on en croit Variety.
Quelques jours à peine avant le début du tournage, Cher décréta qu’elle ne se sentait pas à l’aise avec son personnage (violoncelliste et professeur de musique dans une école publique) et annonça qu’elle préférait en fin de compte jouer celui de Sarandon (sculpteuse). Sarandon, très docile, accepta de changer de rôle avec elle. On s’était déjà beaucoup débattus avec le script, et il fallut encore faire des modifications pour contenter les ego des uns et des autres.
Cela ne semblait en aucun cas perturber Nicholson. Il avait l’habitude des scripts qui avaient du mal à soutenir le tournage : c’était un risque professionnel qui pouvait se produire avec les amis comme avec les étrangers. Ses pages étant intouchables, il était décontracté. Il faisait le médiateur entre les actrices et le réalisateur. En Nouvelle-Angleterre, sur le plateau, il signait des autographes et plaisantait avec les gens qui se rassemblaient pour venir observer les scènes tournées en extérieur.
L’acteur usait parfois de moyens tortueux pour se rendre utile. « Au début du tournage des Sorcières d’Eastwick, se souvient Miller, Jack avait quatre minutes et demie de dialogue. C’était la scène de la planche à repasser – une scène déterminante. Les techniciens étaient particulièrement bruyants et agités. Jack est entré dans le hall de marbre, a pris son scénario et l’a jeté sur la table de marbre en faisant un bruit tonitruant. Et puis il a fait tout un numéro en hurlant qu’il détestait se lever le matin pour apprendre ses répliques et qu’il était un homme de la nuit. Il a hurlé et hurlé, jusqu’à ce que sa voix atteigne son intensité maximum. Plus personne ne parlait. Il m’a fait un clin d’œil. Il avait quasiment fait tout mon travail à ma place, préparer l’équipe pour moi. Ils se sont montrés totalement respectueux après ça et on a eu la concentration dont on avait besoin. »
Miller ajoutait : « La grâce sous la pression, je pense que ça résume bien sa contribution. Il était super hors champ. Contrairement à la plupart des gens à Hollywood, il comprend que les prestations individuelles sont mises en valeur par l’aspect collectif. Susan Sarandon était au top vers la troisième ou la quatrième prise, Michelle Pfeiffer était meilleure à la première. Jack s’adaptait pour être en accord avec elles. Cher n’a pas vraiment de technique. On ne peut jamais savoir à quel moment elle réussira, mais Jack ne montrait jamais de frustration. En fait, il se servait de ça, il riait quand elle se plantait et il y prenait beaucoup de plaisir. Il s’est donné tout autant de peine pour ses répliques hors champ. L’obsession de Jack, c’était que tout soit bien fait, rien ne pouvait lui poser trop de problèmes et il adorait son travail. »
Le film avait toute une
Weitere Kostenlose Bücher