Jack Nicholson
pléthore de producteurs, trois plus deux producteurs délégués, dont l’un, Don Devlin, n’avait pour fonction que de veiller aux intérêts de Nicholson. Le triumvirat principal était composé de Neil Canton, Jon Peters (qui avait à une époque été le coiffeur et l’amant de Barbra Streisand) et Peter Guber, qui connaissait Jack depuis l’époque où, jeune homme, il avait fait ses débuts de cadre à la Columbia.
Peters, notamment, joua un rôle dans la multiplication des tensions sur le plateau. Le producteur ne démordait pas de ses opinions et était toujours dans les parages à critiquer le travail de Miller. Par ailleurs, quand le réalisateur rendit sa version montée, Guber et Peter ajoutèrent dix minutes de film, mettant ainsi l’accent sur les effets spéciaux et la prestation comique de Nicholson. Dans le livre, ce sont plutôt les trois sorcières qui sont sur le devant de la scène ; dans le film, c’est Van Horne, interprété par l’acteur adulé du public, qui est sous les feux de la rampe.
Il fait une entrée remarquée, en grommelant et en gesticulant, à l’un des concerts de Jane (Sarandon). Dans certaines scènes, l’acteur frise l’auto-parodie, fanfaronnant dans sa Mercedes, s’épanchant sur les plaisirs des « petites nanas après le déjeuner » ou regardant Let’s Make a Deal à la télé en repassant ses vêtements de la journée. Nicholson était très doué pour exposer sa personnalité au public et jouer sur ses attentes.
Les longs monologues à moitié fous étaient typiques de Jack, en particulier la tirade contre la gent féminine vers la fin du film, quand le Prince du péché parcourt l’allée centrale d’une église en haranguant les fidèles :
Des petites salopes ingrates, n’est-ce pas ? Puis-je vous poser une question – vous êtes tous des gens qui fréquentez les églises – j’aimerais vraiment vous poser une question. Pensez-vous que Dieu savait ce qu’il faisait quand il a créé la femme ? Hein ? Ne dites pas de conneries. Je veux vraiment savoir. Ou bien était-ce simplement une autre de ses erreurs mineures – comme les raz-de-marée, les tremblements de terre, les inondations ? Pensez-vous que les femmes sont comme ça ? Qu’est-ce qui se passe ? Vous pensez que Dieu ne fait pas d’erreurs ? Bien sûr qu’il en fait. Tout le monde fait des erreurs. Évidemment, quand on fait des erreurs, on dit que c’est le diable. Et quand Dieu en fait, on dit que c’est la nature. Alors, qu’est-ce que vous pensez. Les femmes ? C’est une erreur ? Ou est-ce qu’il l’a fait délibérément ? Je veux vraiment savoir. Parce que si c’est une erreur, on peut peut-être faire quelque chose pour y remédier – trouver un remède, inventer un vaccin, renforcer notre système immunitaire, faire un peu de sport – un truc comme : vingt pompes par jour et vous ne serez plus jamais affligé par les femmes.
Il s’agissait d’une comédie bizarre et pas toujours très cohérente, et les réactions à la sortie du film, en juin 1987, furent mitigées. L’aspect artistique (conçu par Polly Platt) et la photographie (réalisée par Vilmos Zsigmond li ) étaient magnifiques. Mais l’humour était dérangeant – les scènes de Veronica Cartwright, en particulier, étaient inquiétantes (elle jouait une femme d’église déstabilisée par Van Horne) – et certains effets spéciaux (la scène du vomi de noyaux de cerise qui faisait passer L’Exorciste pour un film pour enfants) carrément grotesques.
Jack avait conçu un Casanova cheap obsédé par la paternité. Il est intéressant de constater qu’en évoluant vers des milieux sociaux plus élevés, la star coupa les ponts avec le naturalisme de tous les jours des années 1970 et se mit semble-t-il à graviter avec un certain plaisir autour du fantastique et du théâtral, à se délecter des différents terrains de l’imaginaire.
La plupart des critiques s’accordèrent à dire que son Satan endimanché et poseur rendait Les Sorcières d’Eastwick parfaitement regardable, mais que, parallèlement, sa prestation survoltée et exubérante tendait à déséquilibrer l’ensemble.
Broadcast News, coincé entre Les Sorcières d’Eastwick et Ironweed, fut une partie de plaisir pour Nicholson. Ce fut l’un des plus petits de tous les petits rôles qu’il avait joués, une apparition éclair dans la peau d’un grand et puissant présentateur télé. Jack n’investit
Weitere Kostenlose Bücher