Jack Nicholson
« l’esprit des masses » en Amérique, d’après Nicholson, que n’importe quel président américain. Wayne « a eu un impact sur la façon dont les êtres humains se comportent, les choix qu’ils font, ce qu’ils croient être, un impact bien plus important que celui de n’importe quelle action politique pragmatique ou pensée de groupe ».
Par conséquent, la star du cinéma pouvait avoir un plus grand impact sur la société que la plupart des écrivains, et même, d’après un article flatteur publié dans le New York Times Magazine, « modeler l’histoire interne de son époque via le choix de ses rôles et la façon dont elle (Nicholson) les jouait ». D’une certaine façon, on pouvait dire que Jack avait raison – il semble que peu d’acteurs aient autant influencé le style et la sensibilité de ses contemporains américains mâles que Nicholson. Et Jack était sans aucun doute flatté de penser l’Amérique comme une nation d’imitateurs de Jack.
Il déclarait qu’il était toujours un écrivain, « au sens moderne » du terme. D’après Nicholson, l’acteur de cinéma était « le littérateur moderne ». « La comédie, c’est l’écriture en action, raisonnait-il, tout comme Jackson Pollock est un peintre en action. »
L’acteur avait besoin d’un écrivain qui pourrait l’aider sur certains de ces projets défaillants au niveau du script. Jack avait besoin de Robert Towne. Le projet qui sembla le plus prêt d’aboutir fut celui d’un script que Towne venait d’achever, la très attendue suite de Chinatown. Towne avait écrit le script de The Two Jakes, et comptait bien mettre en scène le film.
Beaucoup de changements s’étaient produits dans la vie du scénariste au cours des dix années qui s’étaient écoulées depuis Chinatown. Le chemin de la mise en scène s’était révélé plein d’embuches. Hollywood avait réussi à écarter Towne jusqu’en 1982, année où ce dernier avait raté ses débuts tant attendus dans la mise en scène. Personal Best, son film sur les sportives, avait tellement dépassé le budget et le planning que Towne avait été contraint de céder le contrôle de la forme finale du film. Par voie de conséquence, Towne avait dû abandonner tout espoir de mettre en scène un autre film très médiatisé, Greystoke : La Légende de Tarzan (la saga de l’enfance de Tarzan au milieu des singes) ; son script avait été repris en main et réécrit, et, furieux, Towne avait demandé à ce qu’un nom qui figurait sur les papiers de pedigree de son komondor apparaisse au lieu du sien à l’écran (ce pseudonyme canin, P.H. Vazak, avait d’ailleurs été nominé à l’Oscar du meilleur script).
Autrefois perçu comme le diplomate par excellence, Towne, qui avait vieilli et était un peu aigri, était désormais vu par certains comme un homme incontrôlable. Cependant, la Paramount ne pouvait pas faire la suite de Chinatown sans lui, sans l’auteur originel. Et Nicholson était parfaitement disposé à le laisser le diriger. Mais il faut aussi comprendre que la carrière du scénariste était dans une impasse et qu’il se présentait la queue entre les jambes.
Towne avait imaginé une trilogie de récits policiers ayant trait à l’histoire écologique de Los Angeles et de la Californie du Sud. Chinatown était un film sur l’accès à l’eau. The Two Jakes traiterait de pétrole. Plus tard, un troisième film explorerait le sujet de la pollution de l’air.
Le titre du film faisait référence à Jake Gittes et à l’autre personnage principal, Jake Berman, un promoteur immobilier impliqué dans d’obscures transactions de terres liées au pétrole dans la vallée de San Fernando. Le film était situé en 1948.
Robert Evans, dont la carrière de producteur était à son point le plus bas, fut le surprenant choix pour le rôle du second Jake. Towne et Evans étaient de vieux amis qui se faisaient confiance (dans la préface du script de Chinatown, Towne disait du producteur qu’il était « le modèle de tout type de générosité humaine, et une personne qui devait malgré tout être considéré comme étant en adéquation avec cette ville »). Evans avait fait ses débuts à Hollywood en qualité d’acteur, s’était montré habile, et avait joué deux rôles marquants – celui d’Irving Thalberg dans la version de 1957 de L’Homme aux mille visages et celui d’un cowboy psychopathe dans The Fiend That
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