Jack Nicholson

à un journaliste du magazine Vanity Fair, mais les vingt-cinq et quelques dernières années ont prouvé que je n’étais pas fait pour la cohabitation. »
    L’un des hebdomadaires de supermarchés nationaux, le Star, relata que Broussard ne possédait ni la clé de la maison de Nicholson ni même le digicode qui permettait d’ouvrir le portail de la résidence. Il fallait qu’elle téléphone avant de venir et qu’elle prévienne de sa visite.
    Si son ami Warren Beatty était sur le point de devenir père à son tour et commençait à accepter l’idée de mariage, Nicholson n’était toujours pas pressé. Il éludait toutes les questions que l’on pouvait lui poser sur un éventuel mariage avec Rebecca Broussard. « Il y a une chose que je sais, déclara l’acteur à un journaliste du magazine Life. C’est que l’amour est le cœur de la vie. Aimer une femme, aimer un enfant, aimer un pays – ça remplit votre vie. Comme l’a dit Bertrand Russell : Love is everything. All the rest is standing on the edge and staring into the abys s lv .  »
    À Thanksgiving, invariablement, le même groupe se rassemblait dans la maison de Jack, un groupe majoritairement composé d’hommes, les vieux amis, les célibataires endurcis, et tous ceux qui étaient toujours associés à Jack d’un point de vue professionnel : un nombre plus restreint de personnes, juste le noyau dur qui comprenait Gittes, Devlin, Shaner, Hackett, Tynan et Harry Dean Stanton.
    Il se peut que Nicholson se soit dit qu’il était en train de perdre sa famille de substitution, non pas à cause de la mort, mais par manque d’attention et par négligence. Que sa véritable famille (la mort de Shorty, la naissance de Lorraine) lui ait fait penser à celle qu’il s’était inventé : les vieux amis de l’époque Jeff Corey étaient une ressource, tant sur le plan personnel que professionnel, qu’il avait omis d’entretenir tout au long des années 1980.
    Après l’échec de The Two Jakes, la rupture avec Anjelica et la redécouverte de la paternité, les membres de la famille de substitution notèrent une sorte d’apaisement chez Jack. Après toutes ces années où il s’était éloigné d’eux, ils trouvèrent de nouveau l’acteur accessible et plein d’attention. L’époque où il était difficile à joindre au téléphone et où il semblait trop occupé pour voir ses vieux amis était bel et bien terminée. Désormais, c’était lui qui passait les coups de téléphone. Avec certains d’entre eux, il fit beaucoup d’efforts pour effacer les vieilles rancœurs, renouer le contact quotidien, arranger son emploi du temps pour organiser des rencontres.
    Les vieux amis furent réinvités à venir dîner avec lui ou regarder le sport à la télévision (parfois pour des soirées entre hommes où tous se rassemblaient autour de l’énorme téléviseur de l’acteur et où ce dernier, comme dans Vol au-dessus d’un nid de coucou, faisait office de commentateur). Quand Jack savait qu’il allait s’absenter, il s’assurait que ses places pour les matchs des Los Angeles Lakers seraient bien redistribuées à ses vieux amis.
    Don Devlin déclara que « pour la première fois, il semblait véritablement à l’aise avec son statut de célébrité et sa place dans l’histoire. Qu’il était bien dans sa vie ».
    Sa maison semblait être redevenue un grand point de rassemblement communautaire. Si Nicholson envisageait de partir, il s’excusait, insistait pour que ses amis passent un peu plus de temps avec lui et leur faisait promettre de revenir le voir bientôt. « Tu reviens le week-end prochain ? » demandait-il sur un ton presque plaintif.
    Les vieux amis de la Manasquan High School attendirent en vain, à chaque réunion d’anciens élèves, que le plus célèbre représentant de leur promotion se présente. Nicholson ne le fit jamais. Mais au cours de l’hiver 1991, il surprit tout le monde en se rendant à une réunion d’anciens de la promotion 1957-1958 des cours de Jeff Corey. Jack prit dans ses bras son ancien professeur d’art dramatique et communiqua librement avec les gens, des personnes avec qui, pour certaines, il avait perdu le contact depuis des années.
    Quand, au printemps 1992, le scénariste-réalisateur Henry Jaglom célébra son mariage, beaucoup de membres du vieux cercle d’amis de Jack décidèrent de fêter l’évènement. Personne ne pensait que Jack viendrait. Mais il le fit, et il resta