Jack Nicholson
rendre le lendemain soir à Philadelphie, où son équipe avait organisé un match contre Villanova.
Tout excités par cette invitation, Jack et Dutch prirent un train pour Philadelphie, emportant avec eux un camarade de classe qui était le photographe de la Manasquan High School. À la mi-temps, ils retrouvèrent Bevo dans les vestiaires et passèrent dix minutes à poser en survêtement avec leur idole. C’était vraiment quelque chose d’exceptionnel de rencontrer une personne si célèbre. Mais malheureusement, le photographe nerveux avait oublié de retirer le cache de l’appareil photo ; les garçons ne conservèrent aucun souvenir de ce moment. Jack et Dutch riaient beaucoup lorsqu’ils se remémoraient cette histoire, que Jack n’a jamais oubliée.
Ce sont peut-être des expériences de ce type qui ont contribué à modeler chez Jack l’idée selon laquelle une célébrité doit rester une personne abordable. Aujourd’hui, Jack Nicholson n’hésite pas à marcher au milieu de vastes foules – des foules potentiellement hostiles, comme lors des matchs Celtics-Lakers au Boston Garden – sans garde du corps ni cortège de suiveurs. C’est l’une des stars les plus généreuses d’autographes, de poignées de main et de saluts.
C’était une époque innocente. La drogue ne faisait pas partie du paysage des adolescents. La pire des choses que les gamins faisaient, c’était de sécher les cours de temps en temps pour aller faire un tour dans la voiture de l’un d’entre eux en fumant des cigarettes et en buvant de la bière. La plupart des membres de la bande de Jack étaient des catholiques pratiquants. Très peu étaient déjà allés au-delà du pelotage. Toute personne murmurant qu’elle avait eu un rapport sexuel était regardée avec un mélange d’effroi et d’envie.
Les jeunes gens de la Manasquan High School ne manquaient pas de choses à faire. Il y avait régulièrement des concerts de Joni James ou Four Aces au Asbury Park Convention Hall. Des fêtes étaient organisées chez ceux qui avaient la chance d’avoir une salle de jeu dans leur sous-sol ou des parents qui étaient partis pour le week-end. Et il y avait les expéditions pour aller dans les clubs et les boîtes de jazz de New York, où l’âge légal pour pouvoir boire de l’alcool n’était que de 18 ans.
Jack, qui était petit et maigrichon, ne pouvait pas toujours passer les portes des clubs de Manhattan. Un soir, d’après Dutch, Jack fut le seul de la bande qui fut contrôlé à l’entrée du Central Plaza, dont on lui refusa l’accès. Alors que ses amis s’amusaient à l’intérieur, Jack passa sa soirée dans l’ascenseur, à monter et à descendre, partageant la chope du groom. Une fois la soirée terminée, le groupe retourna chercher Jack. Ce dernier était parfaitement heureux ; il avait réussi à consommer autant de verres que ses amis (il faut noter que Nicholson a trouvé certaines de ses meilleures idées dans des ascenseurs, en discutant avec des humbles). Gerald Ayres, le producteur de La Dernière Corvée, s’est souvenu avoir parcouru avec Jack les longs couloirs d’un hôtel de Toronto avec un groom, courbé par l’âge, qui portait leurs bagages. Nicholson ignora Ayres et passa tout son temps à discuter avec le groom. « Jack ne pouvait pas résister à cela », a expliqué Ayres. « On a toujours l’impression qu’il est à une convention de Shriners. Et ce type, en portant nos bagages, a dit au moins trois choses que Jack a réussi à réutiliser plus tard, d’une façon ou d’une autre. »
Le vendredi soir, tout le monde se retrouvait au café Spring Lake, au sous-sol de la bibliothèque municipale. Pour les plus audacieux – car on pouvait également y rencontrer des gens qui venaient de milieux très différents –, il y avait aussi le café Bel Mar, à quelques kilomètres de la côte, le samedi soir.
Tous se souviennent avec nostalgie du café Spring Lake. Dans le fond, il y avait une salle de billard avec des bancs contre les murs. Un juke-box braillait des chansons telles que la version mielleuse de Blue Velvet par Tony Bennett. Quelques adultes, debout, essayaient de ne pas trop passer pour des chaperons. Tout le monde portait des tenues un peu trop habillées pour les critères d’aujourd’hui : jupes et pulls, socquettes et mocassins pour les filles ; pour les garçons, chemises à carreaux et pantalons à pinces en velours côtelé, vestes à un
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