Jack Nicholson

bouton et cravates les plus fines possible.
    Les garçons se regroupaient autour de la table de billard ou à l’extérieur – pour se chambrer entre eux (Jack était déjà un maître dans cet art), se vanter ou raconter des bobards sur les filles, donnant des conseils d’expert sur un sujet que la plupart d’entre eux connaissaient à peine.
    Ils étaient fascinés par les filles. Le sexe, chose immorale et interdite, était un sujet de conversation inépuisable.
    Il y a un échange dans la partie années 1940 de Ce plaisir qu’on dit charnel qui semble bien reproduire le ton de leurs discussions. Si Jack joue dans ce film le rôle de Jonathan, il aurait, dans cette scène, tout aussi bien pu être l’autre personnage :
    JONATHAN  : Il y a façon et façon de parler aux filles tu sais. Raconte-lui un bobard.
    SANDY  : Quel bobard ?
    JONATHAN  : Parle-lui de ton enfance malheureuse.
    SANDY  : Hé, pas bête…
    JONATHAN  : Mais essaie d’avoir l’air naturel.
    SANDY  : Oui.
    JONATHAN  : Vas-y ! Vas-y, crétin ! (pause) Si tu ne le fais pas, c’est moi qui vais y aller.
    Jack était un bon danseur, mais il était timide. Il aimait apparemment passer du temps avec les filles à discuter de tout et de rien. Il se vantait auprès de ses amis du fait que s’il n’avait pas de copine, il avait beaucoup d’amies qui se trouvaient être des filles. Beaucoup de ses amies pensaient qu’il attendait toujours que l’une d’entre elles fasse le premier pas.
    Sandra Hawes Frederick se souvient que Jack l’avait un soir raccompagnée, ainsi qu’une autre fille, après les répétitions d’une pièce qu’ils jouaient au lycée, The Curious Savage. Ils avaient marché lentement et étaient arrivés chez Frederick bien après la tombée de la nuit et l’heure du dîner. Frederick vivait à Sea Girt, une ville située au sud de Spring Lake. Après l’avoir raccompagnée, Jack devait, d’une façon ou d’une autre, rentrer à Spring Lake. Il avait beaucoup de chemin à faire, seul, dans le noir. « Je n’y avais jamais vraiment repensé jusqu’à maintenant, commente Frederick. Mais comment est-ce qu’il a bien pu faire pour rentrer chez lui ? »
    Quand Nicholson devint célèbre après la sortie d’ Easy Rider , il accorda une interview au magazine Time et déclara que s’il s’était intéressé à la comédie, c’était pour pouvoir fréquenter des « nanas » – « les répétitions après les cours avec Sandra, ce genre de trucs. » Sandra Hawes Frederick se fit beaucoup taquiner lorsque le journal sortit dans les kiosques.
    Les types in avaient tous des petites amies. Petit à petit, certains des camarades de classe de Jack se mirent à sortir avec des filles. Mais Jack restait seul. Les photos de bal de lycée qui ont été préservées et réimprimées dans de nombreux articles et magazines au fil du temps représentent pratiquement les seules occasions au cours desquelles les gens se rappellent avoir vu Jack bras dessus bras dessous avec une fille.
    Et Jack devait beaucoup « ramer » pour obtenir ces rendez-vous. L’une de ses amies, Gail Blank Dawson, l’accompagna un soir à un bal. Elle se souvient qu’elle avait mis des chaussures plates et oublié les talons car Jack était très petit. Les filles de cette époque ne voulaient pour rien au monde paraître plus grandes que leurs cavaliers. Et la chose la plus mémorable concernant le bal de promo de Jack ne fut probablement pas sa cavalière, mais le fait qu’il passa la plus grande partie de sa soirée dans une baignoire entouré de ses amis qui l’arrosaient avec la pomme de douche pour essayer de le dégriser. Un peu avant l’aube, il réveilla Dutch, qui était rentré chez lui, pour lui demander si l’un de leurs amis n’avait pas trouvé la ceinture de son smoking de location.
    Ce qui ne signifie pas que Jack n’avait pas beaucoup d’amis. S’il ne sortait pas avec les pom-pom girls et n’était pas un grand sportif, il était sans aucun doute le sixième homme social, l’indispensable joker de l’équipe. « Il était toujours très amusant, raconte Allan Keith. Toujours. Tout le monde recherchait sa compagnie. Il ne pouvait pas y avoir de réunion d’amis s’il n’était pas là. »
    Mais aucune petite amie qui soit restée dans les souvenirs de l’un d’entre eux. Et aucun meilleur ami.
    Mis à part, peut-être, un garçon maigrichon, plus petit encore que Jack, nommé Ken Kenney. Jack, qui