Jack Nicholson
duquel l’équipe Big Blue avait perdu 70 contre 47, Jack écrivit : « Bien que le score ne le laisse pas paraître, le match a vraiment été difficile pour les deux équipes. »)
Son activité de chroniqueur lui fournissait un prétexte pour se mêler aux joueurs au cours des entraînements et matchs, tout comme son activité de scénariste a pu, plus tard, lui fournir un prétexte pour fréquenter les plateaux de cinéma. Le jeune Jack avait pour héros Bill Stern, pittoresque journaliste de la NBC qui commentait en direct les exploits sportifs des Yankees, et l’adolescent disait rêver de devenir journaliste ou commentateur sportif.
Le monologue de Vol au-dessus d’un nid de coucou, que Nicholson a lui-même écrit la nuit précédant le tournage, a été répété et peaufiné des années durant avant de pouvoir être entendu au cinéma :
Koufax. Koufax tape et sert bien. Il passe au milieu ! Richardson bloque, se rabat. Balle au centre. Davis intercepte. Richardson au sol, se replie… glisse… se relève… Il n’a rien ! Martini, regarde Richardson ! Koufax pagaille, pagaille méchamment !
Nicholson s’est, dans de très nombreuses interviews, remémoré avec nostalgie ses exploits littéraires de l’époque du lycée. Lorsqu’il était en retenue, Jack devait rédiger des dissertations de cent mots. Il prétend qu’ennuyé par cet exercice, il se saisissait de cette opportunité pour se divertir en écrivant au-delà des limites qui lui avaient été imposées.
« À cette époque, je savais que personne n’allait me lire. Alors je me lançais dans toutes sortes de commentaires méchants sur les gens qui dirigeaient l’école. J’avais inventé deux personnages, un génie et son valet. C’est l’une des rares choses que j’aimerais vraiment pouvoir retrouver. »
Le théâtre n’était certainement pas considéré comme quelque chose de cool. Mais dès que Jack en avait l’occasion, il se portait volontaire pour jouer dans les pièces de l’école – provoquant ainsi l’indignation générale chez ses camarades, comme il se plaît à le raconter.
Tous les ans, les premières et les terminales mettaient en scène une pièce. En première, Jack décrocha un petit rôle dans Out of the Frying Pan de Moss Hart. Mais ce fut la pièce de terminale qui marqua les esprits – The Curious Savage de John Patrick. The Curious Savage est une pièce qui se déroule dans un asile d’aliénés, et Jack incarnait l’un des fous à grande gueule qui jouait et rejouait une variation de Bach au violon, son morceau n’étant constitué que de deux notes, qui se répétaient inlassablement.
Si la répétition de ces deux notes tend à évoquer le blocage de l’écrivain de Shining, l’interprétation de Jack était un avant-goût encore plus évident de Randall McMurphy. Toutes les personnes du lycée qui l’ont observé jouer et qui, vingt ans plus tard, l’ont vu dans Vol au-dessus d’un nid de coucou ont remarqué cette similitude.
Si l’adolescent qui se trouvait sur scène n’était pas devenu une si importante star du cinéma, personne n’y aurait pensé plus que cela. L’ancien professeur de théâtre de Jack, Robert J. Craig, qui enseignait également l’algèbre (« Et je peux vous dire que Jack était super bon en algèbre »), est le premier à admettre, honnêtement, qu’il n’avait à cette époque pas cerné l’exceptionnel potentiel de comédien de son élève.
« Ce rôle lui avait été attribué tout naturellement », se souvient Sandra Frederick, qui faisait également partie de la troupe du Curious Savage.
« Il était lui-même, confirme le coach George Bowers. Il est toujours lui-même. Tous les gens qui le connaissent disent qu’il n’est pas un bon acteur, en soi. »
« C’est vrai », insiste Edgar Sherman, le censeur du lycée. « Tout ce qu’il faisait, c’était monter sur scène et jouer Jack Nicholson. Mais il le faisait avec beaucoup de talent. Il n’avait rien d’un élève ordinaire. »
Pourtant, l’un des amis sportifs de Jack trouva qu’il avait un véritable talent d’acteur et l’arrêta dans le hall pour le lui en parler. Dick Stoner, le frère aîné de Ross, l’un des camarades de Jack, dit au jeune homme qu’il pensait sincèrement qu’il devrait envisager de faire carrière à Hollywood. Jack surprit Stoner par sa réponse. « Pour te dire la vérité, répondit-il doucement, j’y ai déjà
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