Jack Nicholson
rassemblement pour les jeunes acteurs, qui s’y regroupaient à la fois pour s’amuser et pour jouer des scènes et se juger les uns les autres. La clientèle de Griffith était majoritairement composée de nouveaux venus, parmi lesquels James Darren (qui se nommait encore à cette époque Troy Darren) et Connie Stevens. Indépendant des agences principales, Griffith gérait la carrière de tellement de jeunes inconnus, dont il avait les photos dans son book , que les producteurs riaient en disant qu’il les leur montrait comme des échantillons de papier peint, en tournant les pages à toute vitesse.
Griffith représentait un jeune acteur qu’il envoyait souvent auditionné pour de petits rôles, avec Jack. Cet acteur était tellement beau, tellement photogénique, qu’inévitablement, c’était lui qui décrochait les rôles, et non Jack. « Jack lui en voulait beaucoup », se souvient Griffith. « Ils allaient tous les deux aux mêmes castings, et c’était toujours mon autre client qui avait les rôles. »
Pourtant, sous l’égide de Griffith, Jack avait décroché quelques rôles en 1957, en majorité dans des programmes télé diffusés dans la journée, rien de significatif. Griffith appréciait beaucoup le jeune homme, mais il pensait qu’il n’avait pas d’avenir dans le métier. Lorsque l’agent apporta son gros catalogue de clients à un entretien consacré à un film à petit budget en partie financé par Allied Artists, il passa rapidement la photographie de Jack et pointa du doigt le beau gosse qui raflait tous les rôles.
Il s’agissait du film The Cry Baby Killer, appartenant au cycle mal compris des films pour adolescents tentant d’imiter Graine de violence et La Fureur de vivre. Le premier rôle était celui de Jimmy Walker, un jeune homme convenable de la classe moyenne dont les efforts pour récupérer sa petite amie inconstante aboutissent à une confrontation avec une bande de voyous, un meurtre par balle accidentel, une prise d’otages tendue et une agitation médiatique de mauvais goût.
Pour Jimmy Walker, le producteur David Kramarsky recherchait un certain type, « pas un garçon avec une tête d’abruti qui parle avec un accent du Dead End, mais un jeune Américain bien propret ». Il regarda les nouvelles photos de Nicholson en 20 sur 30 centimètres présentant la même dualité que le premier jeu : Jack, les cheveux courts, en chemise à carreaux, un sourire juvénile aux lèvres ; et Jack, en costume et cravate, l’air morose. Kramarsky demanda à Griffith de lui envoyer ce jeune inconnu pour un entretien. Et l’agent s’exécuta – mais, refusant d’en démordre, il envoya également l’autre jeune acteur qui avait un meilleur CV .
Étaient présents à l’audition – qui eut lieu dans un bureau de Beverly Hills en septembre 1957 – le scénariste Leo Gordon, les producteurs Kramarsky et David March, et l’homme qui avait été embauché pour réaliser le film, Justus Addis. Dans sa longue carrière, Addis avait entre autres produit le téléfilm The Unlighted Road, et un épisode de 1955 de la série de CBS Schlitz Playhouse of Stars, avec James Dean. On pensait qu’Addis, en tant que professionnel de la télévision, n’aurait pas de mal à se plier au très bref planning de tournage. Les producteurs espéraient également qu’il pourrait apporter un peu de la magie de James Dean à ce script qui ne manquait pas d’évoquer le comédien.
« L’agent avait fait venir les deux jeunes, se souvient Kramarsky, mais je ne me suis intéressé qu’à un seul des deux – Jack. Il avait l’air très sérieux vis-à-vis de son travail. Même dans la façon dont il a lu le rôle : il a pris le script sur le bureau, l’a étudié pendant quelques instants puis est revenu à nous. »
« Jack a fait une excellente lecture. Je n’arrêtais pas de dire : "Son agent a dû réussir à faire sortir le script de ce bureau (avant l’audition) parce que je n’ai jamais entendu personne faire une aussi bonne lecture." On faisait toujours lire les gens qui auditionnaient pour le premier rôle, parce que c’était le seul où il y avait quelque chose à dire. Les autres, c’était des petits trucs par-ci par-là. Mais on avait déjà trouvé notre premier rôle, alors, j’ai dû lui refiler un petit rôle. »
L’associé de Kramarsky, David March, était un agent qui faisait ses débuts en qualité de producteur. Un accord sur les droits de
Weitere Kostenlose Bücher