Jack Nicholson

& Nash), un ex-documentariste qui avait remporté un Oscar pour la photographie de Tabu de Murnau-Flaherty en 1931, et avait ensuite filmé de grands classiques tels que Le train sifflera trois fois. Lors de ses débuts dans le cinéma, Haskell Wexler, qui deviendrait plus tard l’un des plus grands chefs opérateurs de Hollywood et le directeur de la photographie de Vol au-dessus d’un nid de coucou, avait travaillé comme deuxième assistant de Crosby.
    Le premier rôle féminin, celui de la petite amie volage qui déclenche la jalousie de Jimmy Walker, fut confié à une jeune actrice qui faisait également ses débuts sur le grand écran. Blonde et bien proportionnée, Carolyn Mitchell xii , Miss Muscle Beach 1954, avait été avantagée par sa position de cliente du coproducteur March.
    On embaucha le scénariste chevronné Melvin Levy pour donner au scénario quelques améliorations de dernière minute. D’après Kramarsky, Levy était censé étoffer le personnage de Jimmy Walker, chose qu’il ne fit pas. Le personnage de Jack dans Cry Baby ne se vit octroyer que peu de temps d’écran. « Le jeune Nicholson est handicapé par le personnage unidimensionnel qu’il doit incarner », commenterait Variety.
    « Le problème avec ce personnage, fait remarquer Kramarsky, c’est qu’il ne se développe jamais. Il se contente d’être là. J’ai toujours espéré que le deuxième scénariste développerait le rôle, mais il ne l’a pas fait, il a préféré développer les personnages secondaires. Il n’y a pas eu grand-chose de fait pour le rôle de Jack. Compte tenu des circonstances, je pense qu’il s’en est très bien sorti. »
    C’était un personnage peu communicatif et Jack fit de son mieux pour singer le côté sombre de James Dean. Agitant une arme pour accentuer cet aspect, il faisait débutant et avait l’air un peu mécanique, bien que douloureusement sincère.
    De retour d’Extrême-Orient, Corman était sur le plateau tous les jours, sans exception. Il joua également le petit rôle d’un reporter qui couvrait la confrontation entre la police et le personnage joué par Jack, qui retenait des otages dans un bâtiment. Kramarsky étant occupé par des affaires d’ordre personnel, ce fut par ailleurs Corman qui prit en main la post-production de The Cry Baby Killer.
    Le producteur délégué insista pour que le film soit réduit à une heure et demi afin qu’il puisse être projeté dans un « double feature » (après Hot Rod Girl, supervisé par son frère Gene). Mais les drive-in fermaient les uns après les autres, et le marché du film de délinquants juvéniles traversait l’une de ses régulières périodes de déclin. Malgré tous les efforts que fit Corman pour assurer la promotion du film (il y eut même un roman adapté du film, avec des photos du tournage), The Cry Baby Killer réalisa un score modeste au box-office. Après sa sortie, au cours de l’été 1958, il disparut rapidement des écrans. (Le format très court du film est l’une des raisons pour lesquelles The Cry Baby Killer est devenu une véritable rareté de nos jours, très peu diffusé à la télévision et non disponible en vidéo.)
    Jack alla voir le film plusieurs fois, dans un cinéma de Hollywood Boulevard, avec un mélange de fierté et de gêne. Il allait devoir attendre deux ans avant qu’un autre rôle au cinéma ne se présente à lui.
    Ce qui fut dû en partie aux circonstances, mais aussi à une erreur commise par Jack. Enthousiasmé par les « nouvelles perspectives » qui s’offraient à lui, le jeune acteur décida de quitter l’agence Byron Griffith et de signer un contrat personnel avec David March. Georgianna Carter signa également avec March. Mais malgré l’agitation publicitaire que générait le programme de l’agent-producteur, celui-ci ne réussit jamais à monter un autre film sur grand écran.
    Les dernières années de la décennie 1950 furent très certainement frustrantes d’un point de vue professionnel pour Nicholson. Mais cette époque se révélerait fructueuse en termes de développement personnel. Et Jeff Corey disait toujours que ce qui était bon pour la vie personnelle d’un acteur ne pouvait être que bon pour son travail.
    « Corey disait qu’un bon acteur devait s’imprégner de la vie, s’est souvenu Nicholson au cours d’une interview, et c’était ce que je faisais. C’était l’époque de la Beat Generation et du Jazz West Coast et des