Je n'aurai pas le temps
arguments étaient fondés.
Au départ, le travail de recherche et de rédaction devait s’étaler sur plusieurs années. J’avais en effet entrepris une mise à jour des Dernières nouvelles du cosmos et je n’avais que peu de temps à accorder à ce nouveau projet. Mais les premiers documents que nous avions trouvés faisaient état d’une dégradation dont l’importance s’étendait bien au-delà de ce que j’avais soupçonné. L’accélération perceptible du réchauffement et de ses effets climatologiques (inondations, tempêtes, sécheresses, feux de forêt) me fit prendre conscience de l’urgence de cette enquête. J’ai pensé à mes petits-enfants (Emmanuelle, Raphaëlle, Dorian, Elsa, Cyprien, Sevan, Massis), dont la vie future pourrait êtresérieusement affectée par cette détérioration planétaire. Ce fut une raison supplémentaire pour m’investir plus intensément dans ce travail.
L’image d’ensemble qui en a émergé m’a amené à parler d’un nouveau « drame cosmique » dans mes conférences. Pour mettre le problème actuel en perspective, il importe de le placer dans un contexte historique. Grâce à nos connaissances géologiques, nous sommes en mesure de reconstituer l’évolution des conditions de vie à la surface de la Terre dans le passé. Il apparaît clairement que des variations climatologiques de grande envergure se sont succédé.
Des concentrations de gaz carbonique 10 à 20 fois supérieures à celles d’aujourd’hui, amenant des températures moyennes de plus de 25° C – aujourd’hui la moyenne est de 15° C –, se retrouvent pendant l’ère secondaire, il y a quelques centaines de millions d’années. Des phénomènes naturels tels que des volcanismes intenses, des rejets massifs de substances gazeuses – méthane, gaz carbonique – dans l’atmosphère, des chutes météoritiques sont vraisemblablement à l’origine de ces perturbations.
Pourtant, et c’est là la leçon à tirer de cette rétrospective, malgré la violence des agressions provoquées par ces cataclysmes, la vie ne s’est jamais interrompue depuis son apparition il y a plus de 3 milliards d’années. Elle manifeste ainsi de façon magistrale son extraordinaire robustesse et sa grande capacité d’adaptation.
Mais cette continuité ne se fait pas sans soubresauts. On constate à certaines périodes l’élimination, quelquefois massive et rapide, de très nombreuses espèces végétales et animales. Une fraction importante des familles vivantes disparaît tandis que, par la suite, d’autres font leur apparition. On compte cinq extinctions principales. La dernière, qui date de 65 millions d’années, a rayé de la carte les dinosaures de grande taille qui occupaient la surfaceterrestre depuis plus de 100 millions d’années. On l’attribue généralement à la chute d’une météorite géante dans le golfe du Mexique. Il semble que cette catastrophe ait présenté un avantage considérable pour les mammifères, nos lointains ancêtres, qui existaient déjà sous la forme de petits rongeurs nocturnes depuis des millions d’années. Après la chute de la météorite et le refroidissement de la surface terrestre, les mammifères entrent dans une phase d’évolution et de diversification rapide dont sont issues la plupart des espèces que nous connaissons aujourd’hui, y compris les singes, les hominiens, puis la nôtre propre. On suppose qu’auparavant, les dinosaures occupaient toutes les niches écologiques, freinant ainsi le développement des mammifères, pour lesquels l’astéroïde frappeur fut comme un cadeau du ciel.
La sixième extinction
Le taux actuel d’élimination des espèces – de 100 à 1000 fois plus élevé qu’avant la période industrielle – justifie le terme de « sixième extinction ». Les avis les plus éclairés s’accordent à évaluer à plus de 30 % le nombre de familles qui auront disparu avant la fin du XXI e siècle.
Dans cette crise, les humains interviennent à plusieurs titres : ils en sont la cause, les victimes potentielles et les sauveurs en puissance. Qu’est-ce qui pourrait mettre fin à cette crise ? Deux scénarios sont possibles. Un premier, tragique pour nous : la disparition de l’humanité ou du moins son affaiblissement au point de réduire considérablement son impact sur l’environnement. Et un second, celui que nous appelons de tous nos vœux : la reprise en main de leur destinée par les
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