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Je n'aurai pas le temps

Je n'aurai pas le temps

Titel: Je n'aurai pas le temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hubert Reeves
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révolutionner l’astrophysique (chapitre 1), j’ai eu la chance de participer à l’élaboration de la théorie de l’origine des éléments chimiques (nucléosynthèse). Et j’ai eu le bonheur d’être témoin de changements considérables dans notre perception du cosmos.
    La détection du rayonnement fossile en 1965 et l’étude détaillée de ses propriétés ont confirmé que nous vivons dans un Univers en évolution. Elles nous permettent de retracer son histoire dans ses grandes lignes, même si bon nombre de chapitres restent encore obscurs. Nous savons maintenant de quoi se chauffent les étoiles et comment elles ont engendré les éléments chimiques dont nous sommes formés, nous inscrivant ainsi dans la trame de l’évolution cosmique. L’astrophysicien est devenu un historien du cosmos et plus spécifiquement un autobiographe. En décryptant les étapes de la croissance de la complexité, la formation des atomes et des molécules, la construction du Système solaire, il retrace sa propre histoire.
    J’imagine quelquefois la surprise, la fascination qu’éprouveraient les chercheurs des siècles passés s’ils avaient accès aujourd’hui aux grands acquis de la science moderne. Voici, me semble-t-il, les messages qui vraisemblablement leur paraîtraient les plus significatifs :
    Message pour Aristote : l’Univers, loin d’être éternel et inchangeant, est en perpétuelle transformation.
    Pour Pascal (« Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie ») : pour loger les galaxies, les étoiles et les systèmes planétaires essentiels à l’apparition de la vie et de la conscience, il faut des dimensions gigantesques.
    Pour Galilée et Newton : il n’y a pas d’espace et de temps absolus. Les deux entités sont inextricablement reliées, formant un ensemble qui peut même être courbe.
    Pour Wolfgang Pauli, inventeur du neutrino : la masse de tous les neutrinos dans l’Univers est comparable à celle de toutes les étoiles.
    Pour Albert Einstein, qui doutait de l’existence réelle des trous noirs, issus de sa théorie de la relativité : ces astres existent par milliards et jouent un rôle fondamental dans la formation des galaxies.
    Pour Alfred Wegener, ridiculisé parce qu’il défendait l’idée de la dérive des continents : cette notion est maintenant un élément fondamental de la géologie.
     
    Dans quelques décennies (au mieux…), je n’aurai plus accès à mes revues scientifiques favorites. Je suis profondément frustré à l’idée que je serai coupé des nouvelles connaissances aussi bien en astrophysique qu’en physique, géologie, biologie, etc.
    Voici ce que j’aimerais savoir, mais le temps qui m’est alloué est vraisemblablement trop court pour l’espérer :
    Sommes-nous seuls dans l’Univers ? C’est le titre d’un livre qu’avec Nicolas Prantzos, Jean Heidmann et Alfred Vidal-Madjar nous avons publié en 1998. La conclusion était (et reste) claire : nous n’en savons rien. Il n’y a aujourd’hui aucun signe valable de l’existence d’autres planètes habitées. Mais cela ne prouve rien. Avec le développement rapide des projets de télescopes spatiaux, la situation pourrait évoluer dans les prochaines décennies.
    Personnellement, je crois que des planètes habitées, non seulement par des formes microscopiques (planctonsmarins), mais aussi par des êtres intelligents capables de communiquer, ont existé et existent encore par milliers, voire par millions ou même par milliards. La question de savoir pourquoi nous ne recevons pas de messages (objection d’Enrico Fermi) reste sans réponse. Les hypothèses sont multiples mais peu convaincantes.
    Les mondes avec lesquels nous pourrions un jour entrer en communication ont sans doute atteint un niveau technologique au moins comparable, sinon largement supérieur, au nôtre. Ont-ils subi comme nous une crise de l’environnement provenant de l’impact de leur puissance technologique sur leur habitat ? Comment l’ont-ils abordée et résolue (si tel est le cas) ?
    Le problème, c’est bien sûr la lenteur des communications interstellaires, limitées par la vitesse de la lumière. La plus proche étoile, Proxima du Centaure, étant situé à 4 années-lumière, chaque échange prendrait 8 ans ! Et pour les étoiles qui forment le tissu de la Voie lactée, plus de 1 000 ans 1 .
    La cosmologie regorge de questions auxquelles nous n’avons pas l’ombre d’une

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