Je n'aurai pas le temps
e siècle, grâce aux observations et aux interprétations de Charles Darwin, ces coïncidences devinrent explicables en termes d’évolution biologique impliquant des processus de sélection naturelle. Loin d’être miraculeuses, les fameuses énigmes de la biologie trouvèrent leurs explications dans le domaine propre de la nature, sans intervention de quelque transcendance.
Le principe anthropique
Aujourd’hui, en astrophysique, nous sommes face à une situation analogue. Les investigations combinées des physiciens et des astronomes ont mis au jour un ensemble de coïncidences tout aussi énigmatiques que celles de la biologie des siècles antérieurs. Je vais en décrire quelques-unes ; il y en a bien d’autres.
Les valeurs numériques qui décrivent l’intensité des différentes forces de la nature (gravité, électromagnétique, nucléaire forte, nucléaire faible) sont des exemples particulièrement frappants. Si elles étaient un tant soit peu différentes (et vraiment peu…), l’Univers aurait évolué très différemment. Il se serait certes refroidi quand même mais serait resté stérile. Aucun système complexe n’y serait apparu (atomes, molécules). La vie en serait absente !
De même, si les populations relatives des électrons et des photons n’avaient pas les valeurs mesurées, les galaxies, les étoiles et les planètes n’existeraient pas, le cosmos serait entièrement gazeux.
C’est à Fred Hoyle que nous devons l’exemple suivant : si les propriétés des niveaux d’énergie du noyau de carbone n’avaient pas exactement les valeurs numériques qu’elles ont, le carbone serait pratiquement inexistant dans la nature. Or nous connaissons la place primordiale ducarbone dans l’élaboration des structures biologiques. On trouvera bien d’autres exemples dans le livre Before the Beginning de Martin Rees (Helix Books, 1998).
De nombreux auteurs ont tenté d’interpréter ces coïncidences en termes d’un « principe anthropique ». Personnellement, je préfère l’appellation « principe de complexité », moins anthropomorphique. L’existence des plantes et des animaux y est impliquée au même titre que celle des humains.
Que dit ce principe ? Les énoncés sont nombreux. Chaque auteur a sa propre formulation. On les regroupe en deux versions : la faible et la forte.
La version faible dit simplement que l’Univers obéit très précisément aux lois qu’exige l’apparition de la vie et de la conscience. Nul ne saurait le nier puisque nous sommes ici !
Dans la version forte, à connotation philosophique, ces coïncidences sont reconnues comme des manifestations d’un projet dans la nature. Selon le physicien Freeman Dyson : « Quelque part, l’Univers savait que nous allions venir. » Cette interprétation, on s’y attend, est l’objet de nombreuses polémiques…
Rappelons que la possibilité d’une transcendance est une question très litigieuse dans le domaine de la science. Son exclusion systématique dans le cadre des explications acceptables fut un grand facteur du progrès des sciences. Ici pourtant, comme lors de l’époque prédarwinienne, la transcendance semble prête à refaire surface.
Comment réagir ?
Inspirés sans doute par le succès de l’approche darwinienne, plusieurs auteurs ont tenté d’expliquer ces coïncidences astrophysiques en termes de processus sélectifs aux tout premiers instants de l’Univers. Mais jusqu’ici les résultats sont loin d’être convaincants. Rien de crédible n’en est sorti.
Le scénario multivers
Une hypothèse plus populaire chez les astrophysiciens porte le nom de « scénario multivers ». On définit généralement l’Univers comme l’ensemble de tous les phénomènes que nous pouvons observer, directement ou indirectement. On suppose alors qu’un grand nombre d’autres univers existent dans le cosmos : les fameux « univers parallèles ». L’ensemble forme le « multivers » dont notre propre univers serait un membre. On suppose aussi que, dans ces univers, les lois de la physique pourraient être différentes des nôtres. Les coïncidences astrophysiques refléteraient alors simplement le fait que seuls les univers où ces lois sont très semblables aux nôtres auraient pu donner naissance à la complexité, à la vie et à la conscience. Les autres seraient restés stériles : personne là-bas ne se poserait de questions, et pour cause !!!
Notons d’abord que
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