Je n'aurai pas le temps
s’accroît et décroît tout au long de la période considérée : lorsqu’il augmente, la surface de l’étoile se rapproche de nous et elle paraît plus bleue ; lorsqu’il diminue, elle s’éloigne et elle paraît plus rouge.
En train vers l’océan Pacifique
Traverser le Canada m’apparaît déjà comme un merveilleux voyage. L’aventure commence un soir de juin, à lagare Windsor à Montréal. Avant le départ, sur le quai, je marche à côté du train, j’admire la locomotive aux longues bielles coudées, le tender plein de charbon noir, la succession des wagons d’une propreté impeccable. Le cuivre des marchepieds et des poignées de porte est rutilant. En queue, la voiture-observatoire est ouverte aux quatre vents. C’est là que je me promets de passer le plus clair de mon temps, pour ne rien manquer des paysages qui vont défiler sous mes yeux pendant les quatre-vingt-seize heures à venir. Je me sens en partance pour un long périple. Un grand portier, en livrée et gants blancs, m’accueille à l’entrée de mon compartiment, me souhaite la bienvenue, et m’explique tous les secrets de cette habitation miniature, m’invitant à ne pas hésiter à recourir à ses services en cas de besoin.
Lorsque je me réveille le lendemain matin, nous longeons une étendue d’eau large comme une mer. On ne voit pas l’autre rive. Je regarde sur ma carte : c’est le lac Supérieur, en Ontario. Je cours à l’arrière du train, sur la plate-forme. Le temps est couvert. Les nuages gris donnent à l’eau une teinte argentée. Au rythme obsessionnel des bielles, nous glissons le long d’immenses baies peuplées de canards et d’oies sauvages. Dans les virages, je peux voir la locomotive partir à l’assaut des pentes. La fumée qui sort de la cheminée forme un long panache noir, que le vent entraîne en volutes au-dessus de la dense forêt de conifères. Bercé par le bruit régulier du train, je reste longtemps assis dans le vent froid, attendant le prochain paysage, avant de me décider à aller prendre mon petit déjeuner. Jusqu’à la tombée de la nuit, je ne perdrai rien des collines arides et érodées, des forêts d’épinettes noires, des bouleaux blancs aux feuillages vert tendre et des lacs bleus qui défileront sous mes yeux réjouis.
Le jour suivant, changement complet de décor. Nous sommes dans la prairie. Les champs de blé s’étendent àperte de vue. Les gerbes s’inclinent en cadence aux souffles du vent, comme les houles d’une mer tranquille. Le train file en ligne droite pendant des heures. Nous croisons occasionnellement de grands silos en ciment gris, seules constructions visibles de loin dans la blonde immensité. Ces paysages démesurés me plaisent et m’inspirent : je lis, j’écris, je déguste d’agréables repas, je ne regrette aucun instant. Le soir descend. Rien ne change, sauf les couleurs : l’or passe lentement au brun puis au gris. Le soleil couchant rougit de longs et délicats cirrus.
Plus tard, l’omniprésence de la prairie, maintenant plongée dans la nuit, se laisse toujours percevoir par l’interminable séquence des blés à proximité de la voie ferrée, éclairés un bref instant par les lumières du train, comme en mer, les vagues près d’un bateau.
Le troisième jour, dès l’aurore, je reprends mon poste d’observation. Le panorama est toujours le même. À l’ouest, un long et mince ruban sombre se dessine maintenant à l’horizon : c’est la chaîne des montagnes Rocheuses. Le train fonce dans cette direction. Tout au long de la journée, je les vois approcher progressivement et monter en altitude. Le fin ruban se découpe maintenant en vallées et en pics escarpés, couverts de neige. Je suis impressionné par la majesté de ces montagnes qui se dressent au-dessus des plaines et laissent bientôt apercevoir leurs sommets enneigés, rutilants sous la lumière du soleil.
La dernière journée se passe au fond de vallées abruptes, parmi les résineux dressés à la verticale. Le soir, dans le port de Vancouver, je prends le bateau pour l’île Victoria, où se trouve l’observatoire du Dominion. Fin d’un merveilleux voyage qui, en quatre jours, me mène au bord de l’océan Pacifique.
Des ellipses, pas des cercles !
En arrivant à l’observatoire, on m’associe à une équipe dont la mission est d’étudier des paires d’étoiles dites « binaires » qui tournent indéfiniment l’une autour de l’autre
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