Je Suis à L'Est !
Mais jây eus droit. Toute la question est de savoir si le cocktail additionne les qualités ou les effets secondaires. Les miens étaient plutôt dans la seconde option. Ãchec donc, une nouvelle fois.
à cette époque, mon parcours psychiatrique a pris un nouveau tournant car les dégâts des premières années étaient tels quâune amie me conseilla de consulter un nouveau spécialiste, que nous pourrions appeler le « psy Risperdal 6  », du nom de ce nouveau médicament quâil allait me prescrire, une molécule censée stimuler quelque peu les patients amorphes ou catatoniques. Les cocktails que je prenais allaient peu à peu se transformer en une monoculture de Risperdal, avec une hausse progressive des doses, toujours faute de résultats probants sur ma pathologie profonde.
Lâune des difficultés du Risperdal était pour moi quâil me rendait encore plus anxieux que je ne lâétais par nature. Commença alors ma phase « anxiolytiques ». Jâai dû explorer toute la gamme de cette famille de médicaments. Leurs effets dâaccoutumance sont majeurs, contrairement aux neuroleptiques, ce qui ne manqua pas de me faire vivre une nouvelle expérience.
Après les neuroleptiques et les anxiolytiques, vinrent pour moi quelques petites digressions du côté des « antidépresseurs ». Je nâai pas vérifié les stocks depuis des années, mais je crois que les quelques caisses de médicaments qui me restent, si la date de péremption nâexistait pas, pourraient, à la revente au marché noir, mâassurer dâhypothétiques vieux jours.
Un élément, totalement inattendu, allait précipiter la suite de mon parcours dans les dédales de pharmacopée psychiatrique entre « Docteur Solian », « Docteur Risperdal » et « Docteur Analyste », le premier de la longue liste des psys en tout genre. Les versions de ces psychiatres, que je consultais régulièrement (trois, voire quatre à certains moments), étaient divergentes. Cela me gênait, mais je persistais à croire que chacun devait connaître son affaire. De plus, Althusser avait eu un parcours fort complexe avec les psychiatres, mais jamais nâa remis en cause leur parole. Je me « rassurais » avec cette analogie que je gardais pour moi, ajoutant grâce à mes lectures que, même chez Foucault, qui critique le pouvoir psychiatrique avec virulence, la critique est pour ainsi dire théorique.
Les contradictions allaient pourtant rapidement se manifester et rendre impossible les conciliations. Une relative baisse des doses avait dâailleurs peut-être stimulé le vice de la rébellion.
Un jour où je revenais de chez le « psychiatre Risperdal » pour me rendre chez « le psychiatre-bourreau » autrement dénommé « Docteur Solian », ce dernier eut une petite phrase lorsque je tentai de lui expliquer ma séance qui venait de sâachever : « Il nây comprend rien ! » suivie de quelques qualificatifs peu amènes pour son collègue. Cela me donna à réfléchir. Un samedi matin, abruti à nouveau par les doses, assis, le regard dans le vide, sur un banc au centre de Paris, juste après un rendez-vous chez mon bourreau, je décidais de ne plus retourner chez lui. Je ne sais pas comment ni pourquoi précisément ce jour-là je pris cette décision, mais, en tout cas, je tins ma promesse. Je lui écrivis une lettre le jour même et je nây suis jamais plus retourné.
« Bon élève » ou simplement par réflexe, je continuais ma thérapie, mais elle était moins intensive, et comme je ne prenais plus, ou moins, de médicaments, je pouvais un peu mieux réfléchir. Une deuxième victime, un peu plus tard, allait être mon psychanalyste. Je lui écrivis à lui aussi une lettre. Il fit de son mieux pour me garder. Peine perdue.
Rétrospectivement, je me dis que jâai fait approximativement cinq ans de psychanalyse suivie chez lâun des psychanalystes les plus réputés de Paris, devenu récemment président dâun institut de grande importance. Une véritable rente pour lui. Mais avec le recul, je ne peux mâempêcher parfois des divagations réalistes. Si mes pressentiments
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