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Je Suis à L'Est !

Je Suis à L'Est !

Titel: Je Suis à L'Est ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Josef Schovanec
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lieu à des moments que je comprends maintenant comme hautement comiques : le psychiatre, ne sachant pas quel dosage inscrire, consultait devant moi ses manuels et brochures.
    L’un des meilleurs moments, toujours vu avec le recul, fut ce jour où ce psychiatre m’a proposé de me placer dans un institut. L’Institut des jeunes aveugles. Alors, et malgré les produits que j’avalais, j’avais eu un moment de surprise, même en étant prêt à tous les diagnostics, et je lui avais demandé pourquoi cette orientation. Il me répondit franchement : « J’ai pensé à l’Institut des jeunes aveugles parce que vous ne me regardez pas dans les yeux. » Il m’a effectivement établi une ordonnance avec le nom de la personne à contacter là-bas, ainsi que ses coordonnées. Étant donné que c’était dans les derniers temps de ma thérapie, et que le psychiatre était devenu autrement plus humain que ses deux premiers collègues, il ne m’a pas forcé. Je ne l’ai pas fait, suite aux conseils de mes amis Florence et Loïc – dont je reparlerai plus loin. En revanche, j’ai gardé l’ordonnance, et parfois, grâce à cet épisode, je passe de bons moments de rigolade avec des amis aveugles.
    Un autre jour, le même psychiatre a, une fois de plus, essayé de m’aider. Il m’avait proposé un placement sous curatelle. À l’époque, je bénéficiais de l’allocation octroyée aux personnes handicapées par la Cotorep (devenue Maison départementale des personnes handicapées). Selon mon médecin, ce placement était dû au fait que… je ne dépensais pas assez. D’ordinaire, la curatelle est destinée aux personnes qui dépensent trop eu égard à leurs revenus. Tout est pathologique, la bonne gestion en premier chef.
    Autre bon moment chez le psychiatre Risperdal, qui était, disons, plus avisé que les autres – même si, bien sûr, il a fait des gaffes et des fautes : il m’a demandé à plusieurs reprises mon approbation avant de me prescrire tel ou tel produit, alors que les autres ne le faisaient pas. Lors d’une de ces occasions, j’avais répondu, à la manière autistique (je n’aurais pas dû le dire) : « À Monaco, on parle d’ordonnance souveraine… » Et c’est vrai ; les actes que signe le prince de Monaco s’appellent une ordonnance souveraine. J’avais voulu dire, comme ça, qu’il décide. Et le psychiatre s’était arrêté un instant, en pensant : il doit être délirant, quand même, celui-là ! Allez, Risperdal à bonne dose…

    Mes diagnostics
    J’ai eu beaucoup de diagnostics et de non-diagnostics. Au cours de mon enfance, je n’ai pas eu connaissance de tout ce que les médecins généralistes, parfois spécialistes, mais jamais psychiatres, ont dit à mes parents. J’avais été traité pour anorexie, problèmes d’audition, problèmes cardiaques, refus d’alimentation. Autant de choses que l’on peut rétrospectivement associer à l’autisme, mais qui alors n’avaient guère de réponse satisfaisante malgré leur gravité apparente – mes parents étaient en effet particulièrement réticents au pouvoir médical, et il fallait, normalement, une urgence absolue pour qu’ils consultent un médecin.
    Quand j’étais ado, on parla de dépression, d’état hyperanxieux. Personne n’a prononcé le terme « autiste », mais en ces temps, des termes tels que schizoïde, personnalité psychotique, etc., étaient utilisés pour désigner ce qui aujourd’hui est nommé l’autisme.
    Plus tard, pendant mes mauvaises années en psychiatrie, j’ai beaucoup fréquenté le forum schizophrénie Atoute du Dr Dupagne. Fréquenté veut dire que j’ai lu assidûment les messages, mais sans jamais rien poster. Je le regrette un peu. Plusieurs de mes « amis » virtuels d’alors, amis dans un seul sens de l’échange, se sont suicidés quasiment en direct. Je regrette aussi ce temps en tant que tel. J’avais beaucoup appris.
    Je peux évoquer l’un des diagnostics les plus curieux que j’aie jamais eus. Celui de vouloir me

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