Je Suis à L'Est !
lieu à des moments que je comprends maintenant comme hautement comiques : le psychiatre, ne sachant pas quel dosage inscrire, consultait devant moi ses manuels et brochures.
Lâun des meilleurs moments, toujours vu avec le recul, fut ce jour où ce psychiatre mâa proposé de me placer dans un institut. LâInstitut des jeunes aveugles. Alors, et malgré les produits que jâavalais, jâavais eu un moment de surprise, même en étant prêt à tous les diagnostics, et je lui avais demandé pourquoi cette orientation. Il me répondit franchement : « Jâai pensé à lâInstitut des jeunes aveugles parce que vous ne me regardez pas dans les yeux. » Il mâa effectivement établi une ordonnance avec le nom de la personne à contacter là -bas, ainsi que ses coordonnées. Ãtant donné que câétait dans les derniers temps de ma thérapie, et que le psychiatre était devenu autrement plus humain que ses deux premiers collègues, il ne mâa pas forcé. Je ne lâai pas fait, suite aux conseils de mes amis Florence et Loïc â dont je reparlerai plus loin. En revanche, jâai gardé lâordonnance, et parfois, grâce à cet épisode, je passe de bons moments de rigolade avec des amis aveugles.
Un autre jour, le même psychiatre a, une fois de plus, essayé de mâaider. Il mâavait proposé un placement sous curatelle. à lâépoque, je bénéficiais de lâallocation octroyée aux personnes handicapées par la Cotorep (devenue Maison départementale des personnes handicapées). Selon mon médecin, ce placement était dû au fait que⦠je ne dépensais pas assez. Dâordinaire, la curatelle est destinée aux personnes qui dépensent trop eu égard à leurs revenus. Tout est pathologique, la bonne gestion en premier chef.
Autre bon moment chez le psychiatre Risperdal, qui était, disons, plus avisé que les autres â même si, bien sûr, il a fait des gaffes et des fautes : il mâa demandé à plusieurs reprises mon approbation avant de me prescrire tel ou tel produit, alors que les autres ne le faisaient pas. Lors dâune de ces occasions, jâavais répondu, à la manière autistique (je nâaurais pas dû le dire) : « à Monaco, on parle dâordonnance souveraineâ¦Â » Et câest vrai ; les actes que signe le prince de Monaco sâappellent une ordonnance souveraine. Jâavais voulu dire, comme ça, quâil décide. Et le psychiatre sâétait arrêté un instant, en pensant : il doit être délirant, quand même, celui-là  ! Allez, Risperdal à bonne doseâ¦
Mes diagnostics
Jâai eu beaucoup de diagnostics et de non-diagnostics. Au cours de mon enfance, je nâai pas eu connaissance de tout ce que les médecins généralistes, parfois spécialistes, mais jamais psychiatres, ont dit à mes parents. Jâavais été traité pour anorexie, problèmes dâaudition, problèmes cardiaques, refus dâalimentation. Autant de choses que lâon peut rétrospectivement associer à lâautisme, mais qui alors nâavaient guère de réponse satisfaisante malgré leur gravité apparente â mes parents étaient en effet particulièrement réticents au pouvoir médical, et il fallait, normalement, une urgence absolue pour quâils consultent un médecin.
Quand jâétais ado, on parla de dépression, dâétat hyperanxieux. Personne nâa prononcé le terme « autiste », mais en ces temps, des termes tels que schizoïde, personnalité psychotique, etc., étaient utilisés pour désigner ce qui aujourdâhui est nommé lâautisme.
Plus tard, pendant mes mauvaises années en psychiatrie, jâai beaucoup fréquenté le forum schizophrénie Atoute du Dr Dupagne. Fréquenté veut dire que jâai lu assidûment les messages, mais sans jamais rien poster. Je le regrette un peu. Plusieurs de mes « amis » virtuels dâalors, amis dans un seul sens de lâéchange, se sont suicidés quasiment en direct. Je regrette aussi ce temps en tant que tel. Jâavais beaucoup appris.
Je peux évoquer lâun des diagnostics les plus curieux que jâaie jamais eus. Celui de vouloir me
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