Je Suis à L'Est !
anglophones, il est démontré que le racisme en Occident, du moins sous ses formes modernes, nâest pas réellement planifié, ordonnancé par je ne sais quel haut-commissaire aux questions juives, ni par un grand Satan, père de tous les racismes, qui aurait deux grosses cornes et la langue fourchue. Ce racisme est sans racistes affirmés. Il pourrait en être de même dans le domaine de lâautisme ; je ne pense pas quâil y ait réellement de grand méchant qui centraliserait toutes les mauvaises actions et qui causerait la grande exclusion. Je pense que câest la somme des petites actions qui, dâailleurs, émanent même des gens les mieux intentionnés, même des gens pleinement engagés dans le domaine de lâautisme, à première vue totalement insoupçonnables. Pourtant, ils ont toute une stratégie de respectabilité, ce que jâappellerais une phraséologie bien rodée, qui leur donne une apparence crédible, ou digne. Digne au sens premier du terme, câest-à -dire action qui correspond à la fonction attendue dâeux. Mais quand on prend la peine de passer plus de temps avec eux, on voit que leur réalité humaine nâest pas forcément celle-là .
Par ailleurs, tout ne se réduit pas à la dichotomie savoir-ignorance, le premier engendrant un comportement vertueux, la seconde lâexclusion des autistes. Il serait erroné de croire que les responsables médicaux et associatifs, parce quâils seraient impliqués dans lâautisme, seraient immunisés contre les clichés sur les personnes autistes. Sans même avoir à ressusciter les mânes des aliénistes du passé pour les interroger, à ceux qui en douteraient, je conseille vivement, un soir avant ou après une conférence, dâécouter les propos tenus par les éminents convives, notamment en fin de repas.
Cela étant, ce sont souvent les autistes qui mâinquiètent plus encore que les autres. Lâaffirmation relève dâune sorte de tabou. Les autistes sont censés être des entités parfaites, ignorant les errements irrationnels et excluants des non-autistes, appelés, terme que jâévite, neurotypiques (NT). Lâexpérience concrète du devenir des quelques rares initiatives associatives pilotées par des autistes montre lâinverse. Les mêmes luttes paroxystiques de pouvoir, les mêmes calomnies et médisances, quand ce nâest pas pire encore. Lâexplication donnée aux difficultés tient en ce quâil y aurait des non-autistes infiltrés dans le groupe. Paranoïas et haines inexpiables assurées. Certains, notamment aux Ãtats-Unis, sont de véritables illuminés croyant à lâavènement imminent dâun monde nouveau sous le règne des autistes. Voire à la suprématie des autistes, entité nouvelle, espèce humaine enfin parvenue à sa perfection historique.
Il est, je le crois, fort important de ne pas être militant à temps plein, faute de quoi le sens des réalités sâestompe rapidement, et la cause poursuivie, obnubilant le cerveau en question, occulte tout le reste de lâunivers.
Petites actualités de lâautisme français
Le propre de ce qui est présenté comme actualité est de ne plus lâêtre demain. Ainsi, les présentes seront sans doute fort dépassées une fois imprimées. Au moins les erreurs quâelles contiennent sans doute, paraissant plus manifestes encore, prêteront-elles à sourire ! Ce qui nâest pas une mince victoireâ¦
Dans les semaines ou les mois qui avaient précédé le choix de lâautisme en tant que « Grande Cause nationale » de lâannée 2012, certains dirigeants associatifs, dont lâhostilité mutuelle de longue date était connue, avaient accepté de signer une déclaration commune. On avait aussi eu lâimpression que les médias avaient commencé à avoir une attitude plus mûre ; quâils avaient abandonné tant lâapproche misérabiliste (montrer la souffrance de lâautiste) que lâapproche bling bling (montrer les aptitudes au calcul mental dâun certain nombre de gamins avec autisme). De petits frémissements, encore timides certes, mais qui faisaient plaisir à voir. On avait également espéré que des questions
Weitere Kostenlose Bücher