Je Suis à L'Est !
sérieuses, telles que le logement, allaient enfin être prises en compte. Il y avait eu un certain effort fait par les gouvernements successifs, et nous avions eu lâimpression que nous allions enfin pouvoir agir.
Câétait sans compter avec une succession de mauvaises nouvelles, à la fin 2011 et au début 2012. Le premier élément, sur lequel nul nâavait de prise, a été les élections à répétition, qui ont balayé, non seulement lâautisme, mais le handicap en général des préoccupations des médias. Jâignore ce que fera le nouveau gouvernement â pour le moment, la nouvelle secrétaire dâÃtat aux personnes handicapées semble nâavoir aucune expérience et ne posséder quâun intérêt restreint pour les questions du handicap, tout comme la plupart des membres de son cabinet. Un deuxième élément a été la réactivation dâune guerre qui dure depuis fort longtemps, que lâon a coutume de désigner comme la controverse entre la psychanalyse et ses adversaires. Son principal résultat, dans lâimmédiat, sera probablement de donner une opportunité en or aux autorités publiques et aux mécènes pour ne rien entreprendre. Le troisième élément, sur lequel hélas nous avions une prise directe, a été la réactivation des querelles internes au monde de lâautisme. En quelques semaines à peine, la plate-forme semi-unitaire qui avait porté la Grande Cause nationale a volé en éclats. Les responsables ont essayé de tenir les difficultés secrètes, mais là encore, les autorités nâen ont que profité.
Je suis très mauvais dans le rôle de Madame Soleil. Je ne saurais dire ce qui va suivre. Probablement rien. Ma tristesse est que lâannée dite de lâautisme est pratiquement finie, et que tout ce quâon aura réussi à faire aura été de graver lâautisme dans la mémoire des responsables des labels nationaux comme sujet à éviter à tout prix et comme modèle dâéchec à ne pas répéter. Et ce quel que soit par ailleurs mon pessimisme par rapport à lâefficacité générale du label « Grande Cause nationale ».
De la nécessité dâune approche pragmatique
Bien quâayant un goût certain pour les spéculations et les choses inutiles, je crois que le petit monde de lâautisme devrait adopter une attitude beaucoup plus pragmatique. Se fixer un agenda concret. Et cela ne pourra se faire sans un assainissement interne massif.
Prenons le déroulé de la vie de nâimporte quelle personne avec autisme. Les étapes quâelle parcourt, seule ou avec ses proches, représentent autant de sujets concrets à prendre en compte dans toute politique viable de lâautisme. Les discussions théoriques et les querelles de personne nâont simplement aucun lien avec eux.
Dans lâexemple de la scolarisation, lâun des sujets que lâon aborde le plus souvent, ce qui devrait importer est la scolarisation effective des enfants. Mais on a privilégié les palabres sur la nature de lâautisme, les intérêts associatifs des uns et des autres. Et ce alors même que former les enseignants au profil spécifique de lâautisme, recruter les AVS (auxiliaires de vie scolaire, ou autre désignation analogue), aller à la rencontre systématique des écoles, collèges et lycées, etc., pouvaient, devaient se faire sans attendre les résultats dâamères tractations ésotériques â qui de toute manière nâaboutiront jamais tant que les protagonistes seront en vie.
Je crains que lâapproche pragmatique ne puisse devenir réalité tant quâun certain nombre de pratiques propres au petit monde de lâautisme nâauront pas été abolies. En soi, elles ne constituent pas une spécificité absolue : dâautres secteurs associatifs les ont eues. Ils ont dû accomplir leur mutation, non sans douleur â que lâon songe aux magouilles politico-financières dans les domaines du cancer, du sida, et dâautres encore â, pour devenir des alliés crédibles et rigoureux des autorités.
Des choses qui paraissent évidentes vues de lâextérieur, des standards minimaux de fiabilité sont incontournables,
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