Je Suis à L'Est !
pas faite, à mon vif et, vu la tournure ultérieure prise par les événements pour lâanimateur, un peu lâche soulagement. La seconde mâa rendu anxieux pendant un bon moment. Je suppose que jamais la responsable nâavait envisagé que sa décision de me faire venir en taxi, qui était destinée, entre autres, à me faciliter la vie, pouvait mâinquiéter autant. Jâai vainement essayé dâimaginer des stratégies pour éviter ce moment-là . Ce nâétait pas tant le taxi en soi qui était gênant, parce que jâen avais déjà pris à plusieurs reprises avec mes parents, que lâidée dâen déranger chaque fois un pour des questions de confort ou de snobisme. Dâautant plus que le lieu de tournage était assez facilement accessible par les transports en commun. Et comment faire, concrètement, pour le prendre ? Comment me fera-t-il comprendre quâil est là  ? Et si je nâentends pas lâinterphone ? Et si, et si⦠Finalement jâai réussi à trouver une astuce : ayant fini par apprendre que dâautres gens que je connaissais sây rendaient aussi, je suis allé chez eux le soir en question, et lorsque le taxi est venu les chercher, je lâai pris avec eux !
Aujourdâhui, tout ce pan de mon passé est terminé. Cela fait longtemps déjà que les gens ne me reconnaissent plus dans la rue. Joie de la paix retrouvée ! Je nâai plus aucune responsabilité officielle dans le monde associatif. Même si je continue, pour une durée encore indéterminée, à participer ponctuellement à tel ou tel événement â conférences, Cafés de lâassociation Asperger Amitié et autres. Compagnon de route, je chemine. En attendant le moment, impossible à prédire et pourtant inévitable où, soudain, brutalement, les rails qui filaient en parallèle sâécarteront et où, vu du train, je perdrai de vue en quelques secondes ceux qui furent longtemps à mes côtés.
Quelques réflexions sur lâautisme en France
Lâautisme est un drame, en France, mais qui ou quoi crée le drame ? Est-ce lâautisme en tant quâentité métaphysique ? De même quâil y a les galaxies dans le cosmos, y aurait-il quelque part un astre sombre « autistoïde » qui rôde et qui envoie ses rayons sur Terre ?
Lorsquâon prend la peine dâanalyser réellement les drames vécus dans le monde autistique, peu sont directement rattachables à lâautisme en tant quâentité massive et bien déterminée. Si un enfant autiste est déscolarisé, est-ce que câest un drame du fait de lâautisme ? Si un enfant autiste est tabassé à chaque récré, est-ce que câest un drame lié à lâautisme ? Faisons un parallèle avec le combat féministe qui défend lâidée quâon ne puisse pas dire quâune femme a été violée du fait de son apparence. La comparaison est peut-être un peu bancale ; toutefois, je crois que si un enfant, autiste ou non, se fait tabasser, il serait abusif de dire que cela est dû à lâautisme, ou à son autisme.
Dâaprès ce que jâai entendu dire, les programmes de lutte contre les drogues aux Ãtats-Unis font apprendre aux toxicomanes des phrases du type : « Je nâai pas de problème avec la drogue, jâai des problèmes parce que je prends de la drogue », et ce afin de détruire ou déconstruire le mythe dâune entité métaphysique qui planerait et qui expliquerait ceci ou cela. Je crois que dans le domaine de lâautisme comme ailleurs, à force dâutiliser certains mots, on finit par croire quâils sont réels. à force de dire : lâenfant autiste est exclu, on finit par croire quâautisme = exclusion. Des mécanismes beaucoup plus brutaux et bassement humains sont à lâÅuvre. Un enfant autiste est très concrètement exclu parce que tel ou tel de ses camarades trouve le type vachement « chelou », comme on dit en langage « djeun ». Pas par lâaction de lâentité « autisme ».
Il faudrait également sâentendre sur qui est lâauteur de lâexclusion. Dans les études sur le racisme notamment
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