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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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toute bande qui eût tenté de délivrer le prisonnier, fut abaissé, la rue ayant repris tout de suite son aspect paisible.
    – Le témoin ! songeait Jean sans Peur en s’essuyant le front. Le sorcier m’a autrefois prévenu. Il y a un témoin de ce qui s’est passé dans l’oratoire du logis Passavant. J’ai signé un acte de mariage, moi, l’époux de Marguerite de Hainaut !… C’est le sacrilège ! C’est la peine des sacrilèges ! La langue coupée, le poignet droit coupé, puis le bûcher ! Il y a un témoin !… Oui, ajouta-t-il avec un rire nerveux, mais qui croira la parole d’un assassin contre celle de Jean de Bourgogne ? Où sont les actes de mariage qui portent ma signature et celle de Laurence d’Ambrun ? Allons, allons… les actes, je les brûlai moi-même. Le témoin va mourir. Et quant à Laurence…
    Il s’arrêta court, les yeux arrondis par la terreur, une sueur glacée à la racine des cheveux…
    Là-bas, dans la rue, au delà de la grand-porte, au delà du pont-levis, une femme…
    C’était celle-là même que, près de cette même porte, il avait failli un jour renverser…
    C’était le spectre de Laurence d’Ambrun ! Que faisait-elle là ? Qu’attendait-elle ? Que regardait-elle ? Furieusement, Jean sans Peurs’avança vers les gens du poste et hurla :
    – Cette femme !… Là !… Cette femme !… Arrêtez-là !
    Mais avant que les archers fussent sortis du corps de garde, la femme avait repris son chemin, lentement, sans hâte, et s’était enfoncée dans l’une des ruelles qui venaient se dégorger sur la rue Saint-Antoine. Les archers qui s’étaient élancés battirent les environs et ramenèrent trois ou quatre malheureuses qui criaient et sanglotaient. Elles furent relâchées et la course affolée du lapin dans les fourrés peut seule donner une idée de la rapidité avec laquelle elles s’éloignèrent de la redoutable forteresse. Jean sans Peur, longtemps, médita sur cette vision ; puis enfin, haussant les épaules, il se dirigea vers le palais de la reine.
    – Imaginations et folie, se dit-il. J’ai le cerveau troublé. Bientôt mon horizon va s’éclaircir. Encore un effort, et je suis le maître. Caboche attend. Mes gentilshommes sont prêts. Bruscaille, Bragaille et Brancaillon frapperont le fou. Allons ! Allons affronter cet autre spectre plus réel, plus redoutable, qu’on appelle Isabeau de Bavière.
    Informée d’heure en heure de tout ce qui se passait dans l’Hôtel Saint-Pol et les palais par une véritable armée d’espions et d’espionnes, la reine savait déjà l’arrestation du chevalier de Passavant. Quant à savoir ce qu’elle en pensait et quel trouble cette nouvelle avait pu porter dans son esprit et dans son cœur, c’est ce qui eût été bien difficile. Devant ses gentilshommes et ses demoiselles d’honneur, assemblés dans la salle de Théseus, où ce jour-là elle tenait sa cour, elle accueillit le duc de Bourgogne avec son plus charmant sourire.
    – Vous le voyez, mon cousin : nous mettons à profit la sécurité profonde où nous sommes grâce au zèle de notre bon sire et époux, qui a mis des gardes à toutes les portes de ce palais. Allons, faites comme nous, et jouez aux cartes… Prenez garde, ma chère de Puisieux, je tiens un roi dans mon jeu… Ah ! je le tiens !
    Jean sans Peur ploya le genou devant la reine, puis, se relevant :
    – Majesté, dit-il, pardonnez-moi pour aujourd’hui. J’ai d’autres jeux en tête…
    Les gentilshommes et les dames, tout en feignant de s’intéresser à la partie de cartes où tous avaient engagé de l’or, écoutaient avec une prodigieuse attention ce qui se disait…
    C’était un charmant et merveilleux spectacle que celui de cette assemblée. Dans la vaste salle aux splendides tapisseries dont la renommée est parvenue jusqu’à nos jours, dans cette salle élégante, somptueuse, où un feu d’énormes troncs de hêtre, se consumant au fond de la gigantesque cheminée, entretenait une douce chaleur, les personnages de cette scène étaient vêtus légèrement ; la soie, les dentelles formaient le fond de ces costumes aux couleurs éclatantes ; tous ces êtres, groupés harmonieusement çà et là, étaient jeunes, beaux et spirituels ; les femmes, jolies à faire rêver, habillées avec la plus audacieuse, mais aussi la plus élégante légèreté, jasaient, disaient des vers, se racontaient des nouvelles.
    Jean sans Peur admira ce

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