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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Passavant.
    – Qu’il meure, dit-elle froidement. Que m’importe, à moi ? Si jamais j’ai eu quelque pitié pour ce malheureux qui, après tout, me sauva la vie, cette pitié est morte. Ne doit-on pas lui faire son procès ?
    Jean sans Peur entrouvrit lentement son manteau et de son vêtement fait d’une peau de bœuf non tannée qui lui servait de cuirasse, il tira un parchemin qu’il tendit à Isabeau. Il la considéra avidement tandis qu’elle lisait. Mais ce fut sans émotion qu’elle le parcourut. Elle le rendit ensuite au duc en disant :
    – Tout est bien. Il n’y a plus rien de vivant entre vous et moi…
    Le parchemin, c’était l’ordre d’exécuter ce même jour, à midi, en place de Grève, le chevalier de Passavant convaincu d’avoir assassiné le duc d’Orléans, frère du roi.
    – Le procès est terminé, expliqua Jean sans Peur d’un accent de rage concentrée. Tout est terminé. Deux séances ont suffi pour convaincre cet homme, car les témoins abondaient. Dans une heure, il sera conduit sur la Grève. Et vous… oui, vous avez raison : il n’y a plus rien de vivant entre nous…
    – Rien que le roi et Marguerite de Hainaut, dit froidement la reine.
    – Au coup de midi, Bruscaille fera sur le roi le suprême geste d’exorcisme, et quant à Madame Marguerite…
    Jean sans Peur acheva par un geste de dédain féroce.
    – Le jour est venu, continua-t-il. J’ai donné le signal. Le peuple de Paris est tout entier dans les rues, et les gens de Caboche se font la main sur quelques officiers de gabelle et commis d’impôts. Tout à l’heure, au coup de midi, en même temps que la hache du bourreau abattra le poignet de Passavant, la vraie bataille commencera. Aujourd’hui, c’est l’extermination des Armagnacs, c’est la mort de tout ce que je hais : aujourd’hui Paris sera rouge de sang, et cela commencera par la mort de ce misérable Passavant…
    En lui-même il ajouta : « l’homme que tu aimais ! pour qui tu voulais me trahir et me tuer ! »
    Il s’exaltait. Ses yeux sanglants semblaient s’emplir de visions rouges. Le grand massacre, les flots de sang dans les rues de Paris, la mort de Passavant, le meurtre d’Odette, toutes les images funèbres couraient sur l’écran de son imagination affolée. Il était livide, convulsé, terrible… Isabeau l’admirait.
    – Allez donc, dit-elle toute haletante au souffle ardent de la voix de Jean sans Peur, allez faire votre besogne. Moi je ferai la mienne ! Conduisez Passavant à l’échafaud. Moi je vais ôter Odette de Champdivers de votre vie et de la mienne, et notre route une fois déblayée, donnons-nous la main pour marcher à la conquête du monde…
    Elle se détourna brusquement.
    Elle commença à descendre le petit escalier qui aboutissait à la porte secrète, car les autres portes du palais étaient gardées par les gens du roi. Jean sans Peur se prit la tête à deux mains.
    – Où va-t-elle ? râla-t-il. Est-ce vrai ? Odette va-t-elle mourir ?
    Il se mit en marche, lui aussi, l’esprit bouleversé, l’âme pleine d’horreur, ballotté par des volontés contraires, et il suivit le même chemin que la reine. En franchissant la petite porte, il la vit qui marchait vers le palais du roi.
    Jean sans Peur s’était arrêté. Il était hagard. Il était comme pétrifié. Un officier s’approcha de lui en courant et lui dit :
    – Monseigneur, le prisonnier… le sire de Passavant…
    – Eh bien ! hurla Jean sans Peur, qu’on le prenne et qu’on le conduise à la Grève !…
    Il écarta violemment l’officier et se mit en route vers le palais du roi, où Isabeau venait d’entrer. Quelques pas plus loin, il se mit à courir. Sa poitrine était pleine de rugissements. Il lui semblait que jamais il n’atteindrait cette grand-porte qu’il voyait devant lui. Il écumait.
    Il entra en tempête et se rua vers les appartements d’Odette.
    La reine était entrée, elle, plus froidement. Elle rendait au passage les saluts aux saluts. Elle souriait aux gardes qui renversaient leurs piques pour lui faire honneur. Il y avait une stupeur à voir la reine venir seule dans le palais du roi. Mais elle ne voyait pas ces airs d’étonnement. Elle s’avançait d’un pas égal, et enfin elle parvint devant la porte de l’appartement d’Odette.
    Aussitôt, sans hésiter, elle entra…

XIX – LE GEÔLIER
    Le chevalier de Passavant, donc, avait été enfermé dans un cachot du deuxième

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