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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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sous-sol de la tour Huidelonne.
    Le jour même, le prisonnier reçut deux visites (nous ne parlons pas de celle d’Isabeau qui eut lieu le soir très tard).
    La première, toute naturelle et attendue par lui, ce fut celle de son geôlier qui lui apporta des vivres tels qu’ils pouvaient convenir à un dangereux prisonnier d’État.
    – Vous voici donc revenu ? demanda cet homme, de sa voix indifférente.
    – Est-ce que cela vous fâche ? dit Passavant. Ne suis-je pas un bon prisonnier, très doux, incapable d’une tentative d’évasion ?
    – Hum ! fit le geôlier. Vous pourriez tenter de vous évader que cela ne vous servirait de rien. Je vous l’ai dit jadis : on ne sort de la Huidelonne que les pieds devants. Et puis, vous n’auriez pas le temps, croyez-moi. En écoutant de-ci de-là ce qu’on disait de vous, j’ai entendu qu’on va vous juger pour je ne sais quel crime, et que sous trois ou quatre jours vous serez livré à l’exécuteur.
    – Ah !… c’est une consolation.
    – Oui, mieux vaut le bourreau. Au moins c’est fait en peu de temps. L’agonie qui vous attendrait ici serait terrible, et elle durerait bien quelques mois.
    Passavant se mit à rire.
    – Bon, dit-il, si vite qu’on me livre à maître Capeluche, nous aurons bien le temps…
    – Le temps de quoi ? fit le geôlier.
    – Rien ! dit Passavant d’une voix sombre. Dites-moi, lorsque vous m’avez aidé à grimper à la fenêtre de la demoiselle de Champdivers… vous rappelez-vous ?
    – Oui. S’il fallait vous aider encore, je recommencerais…
    Passavant eut une sorte de grognement. Il reprit :
    – Écoutez, il m’a semblé que vous aviez pour moi je ne sais quelle affection… est-ce vrai ?
    – C’est vrai, dit le geôlier… plus que vous ne croyez. Pour vous, j’ai risqué la mort.
    – Écoutez… Puisque vous avez risqué la mort pour moi, puisque vous prétendez que je vous ai inspiré un peu d’amitié, puisque vous m’avez dit votre vénération pour la demoiselle de Champdivers… c’est d’elle qu’il s’agit.
    – Que voulez-vous ? dit le geôlier d’une voix sourde.
    – Aidez-moi à fuir !
    Le geôlier secoua la tête.
    – Vous ne voulez pas ? dit Passavant.
    – C’est impossible.
    Ces deux hommes se regardèrent. Et tous deux avaient sans doute une arrière-pensée, car leurs regards étaient troubles. Le geôlier reprit :
    – Impossible… à cause de la surveillance… et puis, tenez, je vais vous dire. J’ai prêté serment. Vous ne savez pas cela ? Eh bien, un geôlier, cela prête serment de ne pas favoriser l’évasion des prisonniers. Un serment… hum ! Croyez-vous à la damnation éternelle ?
    – J’y crois, dit gravement le chevalier.
    – Vous voyez bien !
    – Qu’est-ce que je vois ?
    – Que je ne peux pas vous faire fuir, puisque j’ai prêté serment dans la chapelle en présence d’un prêtre.
    Quelques minutes, le chevalier demeura pensif. Puis, en lui-même, il murmura :
    – Pauvre diable !… J’eusse pourtant bien voulu éviter mais puisqu’il n’y a pas moyen… Je vous disais donc, reprit-il, que nous aurions tout de même le temps…
    – Oui, fit le geôlier d’un air étrange. Vous me disiez cela tout à l’heure. Et tout à l’heure comme maintenant, vous n’avez pas achevé de me dire de quoi nous aurions le temps…
    Tout d’une voix, haletant, un faux rire aux lèvres, l’esprit bouleversé d’angoisse, Passavant prononça :
    – Eh ! le temps de ferrailler un peu ensemble !
    – Ah ! Ah ! C’est cela ?… Eh bien, vous me faites plaisir, mon gentilhomme !
    – Pauvre diable ! murmura Passavant.
    Et il essuya d’un revers de main un peu de sueur froide qui pointait à son front. Il considéra un instant la rude figure du geôlier, noyée d’ombre d’un côté, et il lui sembla voir sur ce visage une singulière expression de pitié, de sacrifice peut-être.
    – Il le faut ! gronda-t-il. Ainsi, vous dites que cela vous ferait plaisir ?
    – Sans doute, dit le geôlier avec une étrange bonhomie, sans doute. Je ne suis pas fâché de voir les progrès que vous avez pu faire. Ah ! ah ! mon chevalier, je suis votre maître ! C’est moi qui vous ai appris à tuer proprement un homme – d’un seul coup – droit au cœur !
    Le chevalier tressaillit violemment.
    – J’ai appris, continua le geôlier, que le coup vous a déjà servi et que les sires de Guines et de Courteheuse en

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