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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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qui a su lire dans mes pensées les plus secrètes et qui fait un jeu du trouble qui me désespère !
    – Vous vous taisez ?
    Il se rapprocha vivement de Passavant, et à voix basse :
    – Voulez-vous la revoir ? Je puis, cette nuit, dans une heure, vous conduire auprès de Roselys.
    Le chevalier tressaillit. Son cœur se dilata. Un espoir insensé monta à sa tête. Il saisit la main de Saïtano, qui eut alors un terrible sourire de triomphe.
    – Êtes-vous prêt à me suivre ? murmura le sorcier.
    – À l’instant ! dit Passavant d’une voix ardente.
    Saïtano se tourna vers la reine. De son même regard mortel, il l’interrogea. Et cette fois encore Isabeau lui répondit : « Allez, je vous le livre !… »
    Puis, faisant signe à Bois-Redon, lentement elle s’éloigna. Au moment de franchir la porte, elle se retourna et contempla un instant le chevalier ; un soupir gonfla son sein ; chose affreuse, une larme tomba de ses yeux qui venaient de condamner le chevalier ; chose vraiment étrange, sa main monta jusqu’à ses lèvres, et elle envoya un baiser à cet homme qu’elle livrait.
    Puis elle disparut.

VI – DANS LES TÉNÈBRES
    – Venez, dit Saïtano.
    – Où est-ce ? demanda Passavant.
    – Sortons d’abord de l’Hôtel Saint-Pol. Ni vous ni moi n’y sommes en sûreté.
    Ces derniers mots eussent fait disparaître tout soupçon de l’esprit du chevalier s’il eût eu des soupçons. Mais il n’en avait pas. Il ne pouvait pas en avoir. Tout ce qu’il savait de Saïtano lui prouvait que le sorcier avait connu et connaissait encore Roselys.
    En le conduisant près d’elle, Saïtano obéissait-il à quelque pensée de remords ? Ou plutôt ne cherchait-il pas, pour d’obscures raisons, à l’écarter de la reine ? Peu lui importait. Pour un motif ou un autre, le sorcier allait le conduire à Roselys : il en avait la profonde conviction.
    Ils se mirent en route. Ils sortirent de l’Hôtel Saint-Pol sans encombre. Nul ne les arrêta. Nul ne leur demanda où ils allaient. Passavant se retrouva dans les rues désertes et sombres encore, seul avec Saïtano.
    Le sorcier marchait rapidement. Passavant le suivait sans hésiter. Déjà, il ne pensait plus ni à la scène qui s’était déroulée chez le sorcier ni à celle qui venait de se dérouler chez la reine.
    Roselys était en lui.
    Odette y était-elle encore ?… Lui-même n’eût su le dire.
    Saïtano, comme on a vu, s’était évanoui au moment du départ de la reine, en voyant que les trois vivants et le mort lui échappaient, et que sa tentative avortait encore.
    Les soins de Gérande le ranimèrent promptement.
    Avec sa rapidité de déduction et de calcul, il établit ce qui allait se passer entre la reine et Passavant, et il frémit. « Me venger, songea-t-il. Me venger à la fois de ce Passavant, qui est maintenant pour moi un ennemi mortel, et de cette reine stupide qui place de vulgaires passions avant la recherche de la splendide découverte ! Frapper Isabeau de Bavière au cœur, et me débarrasser à tout jamais d’un homme qui me tuera si je ne le tue pas, voilà ce qu’il faut faire !… »
    « Me tuer ! ajouta-t-il dans un strident éclat de rire. Me faire mourir, moi ! Tuer la vie. Faire mourir celui qui est sur le point de trouver le Grand Œuvre ! Allons, allons, cela ne sera pas, parce que cela ne doit pas être ! »
    Pendant qu’il songeait ainsi, rapidement, il s’habillait.
    Il ne se munit d’aucune arme. Mais sous son manteau, il cacha deux ou trois clefs, une cire courte, et tout ce qu’il fallait pour l’allumer, c’est-à-dire un bon briquet avec une mèche facilement inflammable.
    Un quart d’heure après le départ de la reine, il sortait à son tour et se dirigeait rapidement vers l’Hôtel Saint-Pol. Il avait les mots de passe. Il entra facilement, parvint au palais de la reine, dit quelques mots à Bois-Redon qui montait la garde devant l’appartement. On a vu comment il attendit le moment favorable pour intervenir et quel fut le résultat de cette intervention.
    Maintenant il marchait près du chevalier, avec une sorte de bonne humeur.
    – Où est-ce ? demanda encore Passavant.
    – Dans l’Université, répondit joyeusement Saïtano, près de l’Abbaye de Cluny. Promettez-moi, quoi que vous puissiez voir, quel que soit le lieu où je vous mène, d’avoir confiance et de ne pas vous effrayer.
    – M’effrayer ?… Oh ! J’ai vu des choses qui eussent

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