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Jeanne d'Arc Vérités et légendes

Jeanne d'Arc Vérités et légendes

Titel: Jeanne d'Arc Vérités et légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colette Beaune
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des succès. Jargeau fut prise le 11 juin. À Patay,
l’armée anglaise, conduite par Falstaff et Talbot qui ne s’entendaient pas, fut
écrasée, le 18, dans une de ces batailles rangées qui, jusque-là, n’avaient
jamais été favorables aux Français. Démoralisés, les Anglais refluèrent vers la
Normandie, tandis que Christine de Pisan exultait : « L’an 1429 se
reprit à luire le soleil. »
    Tout semblait possible. Malgré les réticences du Conseil
royal, qui trouvait l’opération trop risquée, Jeanne obtint la marche sur
Reims. L’armée quitta Gien à la fin de juin et remonta vers le nord. Auxerre
accepta de la ravitailler, Troyes préféra ouvrir ses portes devant les
préparatifs menaçants ordonnés par la Pucelle, Châlons puis Reims s’ouvrirent
au roi. Le 17 juillet, Charles fut sacré avec l’huile de la sainte ampoule
et le cérémonial accoutumé, malgré l’absence de la plupart des pairs de France.
L’étendard de Jeanne flottait au premier rang. Le roi était désormais
incontestable. Soissons, Laon, Compiègne se soumirent sans difficulté. En
sous-main pourtant, le roi négociait avec la Bourgogne. Fin août, Jeanne et
Alençon entraient à Saint-Denis et se préparaient à attaquer Paris, malgré la
nouvelle trêve que les politiques du Conseil signaient le 28. Le roi hésitait. L’assaut
fut donné le 8 septembre. Très compromise avec les Anglo-Bourguignons, la ville
résista avec énergie à un prince qu’elle avait chassé en 1418 et dont elle
craignait la vengeance. Jeanne y fut blessée et son page tué. L’armée revint
vers la Loire où elle fut dissoute.
    C’était un échec incontestable. La libération de Paris
faisait partie de la mission de la Pucelle et elle ne cessa d’y penser. La fin
de l’année 1429 fut occupée à dégager le Nivernais, où des places importantes,
Saint-Pierre-le-Moutiers, La Charité, étaient tombées aux mains d’un redoutable
chef de bande à la solde des Anglais, Perrinet Gressart. Jeanne et ses hommes
se joignirent à l’armée royale commandée par Charles d’Albret. Saint-Pierre fut
prise assez facilement, mais, en décembre, La Charité résista. L’armée royale
battit en retraite. Entre-temps, les trêves arrivaient à expiration. Compiègne
promise aux Anglo-Bourguignons avait refusé de les accueillir ; en mai
1430, Philippe le Bon mit le siège devant la ville. Jeanne arriva le
23 mai pour secourir les « bonnes gens de Compiègne ». Le 24,
elle tenta une sortie, mais l’arrivée à revers d’un groupe d’Anglais jeta la
panique dans les rangs. Tandis que Compiègne fermait précipitamment ses portes,
Jeanne fut faite prisonnière par un écuyer bourguignon, le bâtard de Vandomne,
qui la remit à son chef, Jean de Luxembourg, comte de Ligny. Celui-ci l’enferma
dans ses châteaux de Beaulieu puis de Beaurevoir, d’où elle tenta de sauter du
donjon quand elle apprit que le roi d’Angleterre l’avait achetée pour
10 000 livres. Remise à ses ennemis, elle fut emprisonnée au château de
Rouen à partir de la fin de décembre 1430.
    Normalement, un prisonnier pouvait espérer être libéré
contre une rançon. Mais l’université de Paris demanda à juger Jeanne comme
sorcière. Cette solution avait l’avantage de paraître impartiale, puisque le
tribunal d’inquisition était d’Église, et de déconsidérer Charles VII, qui
devrait alors son trône aux puissances infernales !
    Le tribunal fut choisi de façon à faire ce qu’on attendait
de lui : le vice-inquisiteur de France, Jean Lemaire, le promoteur
d’Estivet et, comme président, l’évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, dans le
diocèse duquel Jeanne avait été prise. Ce brillant universitaire parisien était
aussi un conseiller du roi d’Angleterre. Il s’efforça de faire un procès
modèle, conforme à toutes les règles de la procédure inquisitoriale. Après une
enquête préliminaire – qui est perdue – à Domrémy sur la renommée
bonne ou mauvaise de l’accusée, les juges, qui furent souvent très nombreux,
commencèrent l’interrogatoire de Jeanne qui dura environ un mois (du
20 février au 24 mars 1431). Puis le promoteur dressa un acte
d’accusation en soixante-dix articles, qui furent ensuite réduits à douze. Deux
points surtout perdirent Jeanne : ses voix qui, trop corporelles,
viendraient du diable, et le port obstiné de l’habit d’homme. Les
universitaires parisiens consultés optèrent pour la

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