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Jeanne d'Arc Vérités et légendes

Jeanne d'Arc Vérités et légendes

Titel: Jeanne d'Arc Vérités et légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colette Beaune
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année. Là-dessus, les Anglais vinrent assiéger la ville
d’Orléans à l’automne de 1428. Le comte de Salisbury avait 4 000
combattants. S’il prenait la ville et ouvrait les ponts de la Loire aux armées
anglo-bourguignonnes, que deviendrait le royaume de Bourges ?
     

Fille de la
frontière et de la guerre
    Jeanne [22] était née vers 1412, dans une famille de paysans aisés, sur la frontière.
Domrémy se trouvait à la limite du royaume, sur la Meuse, qui séparait la
France des terres d’Empire. La vallée était une zone de circulation intense
autour de la route Lyon-Trèves et formait une marqueterie de pouvoirs
féodaux : le nord du village était du royaume et dépendait de la
châtellenie royale de Vaucouleurs à une dizaine de kilomètres au nord, le sud
relevait du Barrois mouvant. À deux kilomètres de là, à Maxey, où se trouvait
l’école, on était en Bourgogne, tout comme, plus au sud à Neufchâteau, où se
trouvait le marché, on était en Lorraine. La vallée était armagnac. En 1425,
les routiers bourguignons d’Henry d’Orly enlevèrent le bétail des villageois.
En 1428, les Anglo-Bourguignons s’emparèrent de toutes les places de la vallée
de la Meuse restées fidèles au dauphin. Vaucouleurs fut assiégée en juillet,
les habitants de Domrémy se réfugièrent à Neufchâteau. À leur retour, ils
trouvèrent le village dévasté et l’église brûlée. Jeanne est fille de la
frontière et de la guerre.
    Cette petite fille, jusque-là comme les autres, avait à
l’âge de treize ans entendu pour la première fois des voix qui lui disaient
« d’aller en France » pour faire sacrer le dauphin et chasser les
Anglais. Cela fait d’elle une de ces nombreuses prophétesses qui allaient, en
ces temps de crise, trouver le roi, porteuses d’un message de Dieu. Il lui
fallut d’abord convaincre le capitaine de Vaucouleurs, Robert de Baudricourt,
qui, dans un premier temps, la fit ramener à sa famille. Puis il se
ravisa : dans la vallée de la Meuse, l’emprise bourguignonne était quasi
totale et l’armée envoyée au secours d’Orléans par Charles VII venait
d’être écrasée (à la journée des Harengs, le 12 février), Baudricourt fit
exorciser Jeanne, l’envoya tester ses dons auprès du duc Charles de Lorraine.
Ayant entre-temps prévenu le roi, il fournit à Jeanne un équipement militaire
et une petite escorte. Elle partit probablement le 23 février pour la
vallée de la Loire.
    Après onze jours d’un voyage épuisant, en plein hiver, dans
des territoires pour la plupart soumis aux Bourguignons, elle arriva le
4 mars à Chinon. Elle vit le roi le 6 et lui dit de par Dieu qu’il était
le vrai héritier de France. Six semaines s’écoulèrent. Sa virginité fut
vérifiée par une équipe de matrones dirigée par la reine de Sicile. Sa piété, en
cette période de Carême, impressionna. Elle comparut à Poitiers devant une
commission formée de conseillers royaux et de théologiens et présidée par le
sceptique Renaud de Chartres, archevêque de Reims. Ils conclurent à la
sincérité de sa foi. Le succès à venir devant Orléans serait la preuve de
l’authenticité d’une mission qui comptait quatre points : sauver Orléans,
faire sacrer le roi, chasser les Anglais de Paris et ensuite de tout le
royaume, enfin libérer le duc d’Orléans. Jusqu’à la réalisation complète de
celle-ci, elle porterait des habits d’homme, ce qui n’inquiéta pas outre mesure
les théologiens royaux. Seules les conclusions de l’enquête de Poitiers
subsistent.
    La Pucelle fut armée. L’épée qu’elle avait vue dans le
sanctuaire de Fierbois, fichée en terre, lui fut apportée. Un peintre de Tours
fabriqua son étendard où figurait le Christ des derniers jours, encadré par
deux anges, avec le mot Jésus-Marie. Elle se joignit à une armée de secours et
à un convoi de ravitaillement destinés à Orléans assiégée. Déjouant la
surveillance anglaise, elle y fit son entrée le 29 avril au soir, aux
côtés de Dunois, devant une foule enthousiaste. Elle avait déjà envoyé deux
lettres d’ultimatum aux Anglais. Restait à combattre. Le 4 mai, l’armée de
secours fut enfin là, et, le soir même, la bastille Saint-Loup fut prise. Le 6,
ce fut le tour des Augustins, le 7, des Tourelles. Le 8 mai au matin, les
Anglais vaincus décidèrent d’abandonner le siège.
    L’armée placée sous le commandement du duc d’Alençon ne
connut ensuite que

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