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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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il n’y eut pas de deuil de la cour, alors à Fontainebleau, Mme Tascher  de La Pagerie n’appartenant pas à la famille impériale. La nouvelle ne fut diffusée qu’en octobre.
    Le 15 juin au matin, la cour, Paris puis la France apprirent la victoire de l’Empereur à Friedland sur les Russes. Trente mille hommes y avaient perdu la vie ou la liberté de part et d’autre. Une paille si l’on considérait que Napoléon pouvait désormais dicter sa loi à l’Europe entière, à l’exception de l’Espagne et du Portugal – Junot n’avait pas encore conquis ce dernier pays –, et qu’enfin le continent connaîtrait la paix.
    Les deux empereurs se rencontrèrent sur un radeau, sur le fleuve Niémen. L’entrevue entre deux maîtres du monde ne pouvait être que théâtrale ; ils prirent chacun la mesure de l’autre et tentèrent de se charmer mutuellement, réservant leurs commentaires personnels pour les intimes. Napoléon trouva qu’Alexandre était « un fort beau, bon et jeune empereur » et qu’il avait « de l’esprit plus qu’on ne pense communément ». Alexandre fut amusé par « la vanité de M. Bonaparte », qui prétendait traiter le tsar comme un égal.
    Ils organisèrent des fêtes somptueuses et, à Tilsit, occupée par les armées françaises, Napoléon préféra transformer le traité en un armistice, car il savait l’opinion française horrifiée par le nombre de morts causées par ses campagnes. Ils décidèrent du sort de l’univers. Alexandre remit à Napoléon une houppelande de zibeline et reconnut Louis comme roi de Hollande, Joseph comme roi de Naples et Jérôme comme roi de Westphalie. Napoléon lui offrit la Prusse-Orientale et renonça au projet de créer un État de Pologne.
    Les souverains de Prusse furent invités à participer à la conférence préliminaire à Tilsit ; c’était la moindre des choses, selon le tsar, car ils étaient de ses amis et perdaient la moitié de leurs territoires. Condamnés à l’occupation indéfinie, à la réduction drastique de leur armée et à une amende exorbitante, ils étaient accablés par la dureté des conditions qui leur avaient été imposées. La reine Louise se jeta aux pieds de Napoléon, qui demeura de glace. En l’aidant à se relever, il lui demanda si sa robe était de crêpe ou de gaze italienne.
    Napoléon contraignit Alexandre à se joindre au blocus continental, qui interdisait à tout navire anglais de toucher aucun port du continent. Ce fut ainsi qu’entre autres conséquences les Français se trouvèrent privés de sucre des Antilles.
    Qu’importait. Napoléon trouva le temps d’écrire à Joséphine, de plus en plus éplorée et inconsciente de la transformation qui s’était opérée dans son mari : il se déclarait blessé de constater qu’elle était entièrement égoïste et semblait indifférente à ses succès militaires. Il se disait également très mécontent d’Hortense et rappela sèchement : « J’ai gagné une grande victoire le 14 juin. »
    Bref, ses faits d’armes devaient prendre le pas sur tous les sentiments.
    Au faîte de sa gloire, au pinacle de son orgueil, Napoléon rentra à Paris le 28 juillet. Il avait été absent dix mois.
    L’homme vécut dès lors dans un vertige permanent ; il s’y trouva isolé, presque emmuré ; incapable de s’en apercevoir, il ne supporta plus le moindre manquement d’admiration et d’enthousiasme à son égard, et, quand Fouché lui rapporta que l’opinion publique déplorait les pertes de vies et les souffrances terribles endurées par ses troupes, il piqua l’une de ses rages ordinaires.
    Sa vie privée d’antan, ses attachements, gisaient à ses pieds comme une chemise déchirée. Il ne témoignait plus que des marques passagères d’attention à sa femme et à Hortense. Ce ne fut pas seulement Joséphine qui s’en aperçut, mais également ses ministres et ses proches.
    « Fasciné par lui-même », selon les mots de Talleyrand, il fit des déclarations et prit des décisions équivalant à des défis. Le Fils de la Révolution proclama que c’était la vanité et non le désir de liberté qui avait inspiré la Révolution. Et, dans l’ancien château royal qu’il avait fait restaurer à grands frais par Percier et Fontaine, il se comporta comme les monarques d’antan. Talleyrand fut coiffé du titre de Son Altesse sérénissime le prince de Bénévent, vice-Grand Électeur – « un vice de plus », observa

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