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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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faire ? s’interrogea Hortense.
    — Son père le demande, répondit Napoléon ; il n’a pas encore sept ans, je n’ai pas le droit de le retenir. C’est le seul fils de la famille ; s’il retourne en Hollande, il mourra comme l’aîné et la France entière me contraindra de divorcer.
    Il n’avait donc pas l’intention de remplacer l’héritier défunt par son cadet.
    — Et Eugène ?
    — Il ne porte pas mon nom, expliqua Napoléon, et malgré les peines que je me donne pour assurer le repos de la France, après moi ce serait une anarchie complète. Un fils de moi peut seul mettre tout d’accord, et, si je n’ai pas divorcé, mon attachement pour votre mère m’en a seul empêché jusqu’ici, car c’est le voeu de la France. Il s’est manifesté à la mort de votre fils, qu’on croyait aussi le mien. Vous savez tout ce qu’il y a d’absurde dans une telle supposition. Eh bien ! Vous n’auriez pas ôté la pensée à toute l’Europe que cet enfant était de moi.
    Hortense allait de surprise en surprise. Napoléon avait donc forfait à son intention de nommer Eugène à sa succession, oubliant que c’était lui qui avait fait graver le nom d’« Eugène Bonaparte » sur l’anneau de mariage. Scandalisée par ce qu’elle entendait, elle demeura sans voix. Ainsi elle avait passé pour la maîtresse de l’époux de sa mère ! Napoléon ajouta :
    — Il était peut-être heureux qu’on le crût ; aussi ai-je regardé sa mort comme un grand malheur.
    Ce n’était pas l’impression qu’il avait donnée ; quelques jours plus tôt, il avait tancé Joséphine et Hortense à cause de leurs larmes :
    — Allons, allons, arrêtez cet enfantillage. Cela devient ridicule.
    Ah non ! Ce n’avait certes pas été son fils !
    Pour Hortense et pour Joséphine sans doute aussi, il devint évident qu’il avait renoncé à l’idée de désigner l’un des enfants de sa famille comme héritier du trône. Et il se servait de la mort de Napoléon Charles comme d’un prétexte pour divorcer.
    Entretemps, Napoléon avait poursuivi sa campagne d’épousailles arrangées : les 22 et 23 août, il maria son frère Jérôme à
    Catherine de Wurtemberg, comme il l’avait décidé à Stuttgart l’année précédente.
    Puis, le 16 novembre, il partit pour l’Italie, évidemment seul. Le temps des beaux voyages était passé pour Joséphine.
    Quand elle regardait par les fenêtres de Fontainebleau et que son regard accrochait les plates-bandes blanchies par le givre, le souvenir des jardins fleuris de son enfance lui revenait sans doute en mémoire.

 
    35
 
La partie de dupes
    Qu’allait-il faire en Italie ? À deux siècles de distance, la question reste sans réponse. La France l’attendait, après une trop longue absence dans l’Est. Mais il repartit après trois mois et demi de présence. Il avait donné au pays le Code civil et rogné les ailes des institutions qu’il avait lui-même fondées sous le Consulat, avant d’interdire aux journaux de parler de politique. La France n’avait qu’à bien se tenir.
    Ce voyage demeure énigmatique. Napoléon alla de Turin à Brescia, de Vicence à Udine, de Vérone à Mantoue, rencontrant des princes et des princesses, allant au théâtre, bref ne faisant rien.
    Peut-être la véritable raison du voyage fut-elle l’entrevue avec son frère Lucien, à Mantoue, à la mi-décembre. Les deux frères ne s’étaient pas vus depuis quatre ans. Il existe plusieurs versions de leur rencontre ; il en ressort ceci : Napoléon exigea une fois de plus que son frère divorçât. Lucien refusa ; il quitta son frère les larmes aux yeux ; Napoléon, lui, déclara :
    — Je lui prouverai que ma tête est plus dure que la sienne. Il se coucha sans avoir desserré les dents.
    Il rentra à Paris le 1 er janvier 1808.
    Le 2 février, sous le prétexte qu’ils refusaient de souscrire au blocus continental, les troupes françaises, commandées par le général comte Sextius de Miollis, occupèrent les États pontificaux. De plus, Napoléon était fâché que le pape refusât de reconnaître Joseph comme roi de Naples et qu’il témoignât beaucoup de bienveillance à Lucien.
    Dès lors, il se dispersa aux quatre coins de l’Europe. Joséphine ne parvenait plus à saisir sa pensée politique ni son humeur.
    En 1807, irrité par le fait que le Portugal restât ouvert au commerce avec l’Angleterre, Napoléon avait obtenu le droit d’utiliser les routes

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