Joséphine, l'obsession de Napoléon
inversant les prénoms de l’aîné disparu. Ce serait le futur Napoléon III.
Napoléon ordonna des salves d’artillerie tout au long de la frontière.
Joséphine écrivit à sa fille pour lui dire son bonheur. Mais c’était celui d’une grand-mère.
Le 21 juillet, un jeudi, elle et Napoléon quittèrent enfin Bayonne. La chaleur était tellement étouffante que l’Empereur décida de ne voyager que la nuit. Ils s’arrêtèrent quatre jours à Toulouse et arrivèrent le 31 à Bordeaux. Le 2 août, Napoléon y apprit la capitulation du général Dupont à Baylen, en Espagne, à la tête d’une armée de vingt-trois mille hommes. Son humeur devint évidemment exécrable. Le dimanche 7 août, à Fontenay-le-Comte, peu avant minuit, un messager lui apporta une autre mauvaise nouvelle : Joseph s’était enfui d’Espagne avant même son couronnement. Dans sa colère, Napoléon fracassa un grand bol de porcelaine dans lequel il s’apprêtait à prendre un bain de pieds.
Joséphine le sentit dans sa chair : la formidable machine à vaincre s’était déréglée. Les écarts d’humeur de son mari devenaient incontrôlables. Visitant la ville de Napoléon-Vendée, dont il avait décrété la création le 5 prairial de l’an XII, il ne trouva qu’un chantier lamentable, avec des maisons en pisé et des casernes en torchis. De rage, il plongea son épée dans un mur en boue séchée et destitua l’ingénieur en charge, Cormier.
Ils furent à Nantes le 9 août et arrivèrent à Saint-Cloud par Angers, Tours, Blois, Chartres et Rambouillet, le 14 août à 15 h 30. Joséphine était à bout de forces.
D’autres affreuses nouvelles les y attendaient : dix-sept mille deux cent quarante-deux Français avaient été faits prisonniers en Espagne par l’armée du général Castanos et des centaines de milliers d’Espagnols attaquaient les soldats français en criant :
« Mort aux infidèles ! » Au Portugal, l’armée de Junot avait été battue par le corps expéditionnaire anglais commandé par le général Wellesley, futur Lord Wellington.
Situation paradoxale : les efforts pour établir le blocus continental avaient valu à l’Empereur sa première vraie défaite. Autant dire que le remède avait attiré le mal. L’agitation s’empara des cours étrangères. Les Anglais avaient donc arraché encore des plumes à l’Aigle impériale : après Trafalgar, le Portugal ! Nul doute que l’Autriche allait se réarmer. Napoléon partirait-il pour la péninsule ? Non, il voulut d’abord s’assurer de ses arrières : il pria le tsar Alexandre de bien vouloir participer à la conférence qu’il organisait à Erfurt, en Thuringe, au coeur de l’Allemagne, le 27 septembre. Il y convoqua les princes des États vassaux de Bavière, de Saxe, du Wurtemberg et de la Confédération du Rhin. En fait, l’Europe entière y serait présente, à l’exception de l’Espagne, de l’Angleterre et de la Suède.
Joséphine n’y était pas conviée.
Depuis le séjour à Bayonne, ses alarmes touchant au divorce s’étaient apaisées. En l’y invitant pour recevoir le roi et la reine d’Espagne, Napoléon lui avait témoigné qu’il avait besoin d’elle au moins pour les fonctions d’État et, à plusieurs reprises, il avait été tendre et joueur avec elle. Peut-être continuerait-il d’avoir besoin d’elle dans ses nombreuses entrevues avec des rois et princes étrangers. Elle ne se faisait cependant pas d’illusions sur les dispositions de nombreuses personnes de l’entourage de son mari, à commencer par Murat, qui avait pris contre elle le parti de son épouse Caroline.
Sa lettre à Eugène du 22 septembre 1808, jour du départ de Napoléon pour Erfurt, mérite d’être citée :
Tu ne seras pas étonné que j’aie été malade, mon cher Eugène. Tu sais combien de peines j’avais éprouvées : ma tête s’en est ressentie. L’hiver dernier, il a fallu tant prendre sur moi qu’il s’est formé un amas d’humeurs qui a occasionné un dépôt qui, heureusement, a abouti à l’extérieur, ce qui m’a fait souffrir horriblement. L’empereur, dans cette circonstance, m’a prouvé son attachement par l’inquiétude qu’il a témoignée ; il se relevait la nuit, souvent jusqu’à quatre fois, pour venir me voir.
Depuis six mois, il n’a cessé d’être parfait pour moi. Aussi l’ai-je vu partir ce matin avec peine, mais sans aucune inquiétude pour moi.
Ce n’est pas que je
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