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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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n’aie quelques ennemis que je suis tout étonnée de me trouver, car je n’ai jamais fait de tort à personne, mais heureusement qu’ils sont en petit nombre, et plusieurs sont déjà loin d’ici, tels par exemple que le prince Murat. Je puis sans injustice citer celui-là : sa haine pour moi est si passionnée qu’il ne cherche pas même à la cacher, et tu aurais peine à concevoir les propos qu’il s’est permis contre moi en manifestant son désir du divorce. Mais je me venge de lui comme des autres en les méprisant souverainement et en ne cherchant pas à leur nuire, et l’empereur est trop juste pour ne pas faire la différence de leur conduite avec la mienne.
    Elle était visiblement à cent lieues de se douter que, peu de jours auparavant, Napoléon avait tiré Talleyrand de sa retraite pour l’envoyer au-devant de lui à Erfurt afin d’entretenir le tsar dans ses bonnes dispositions à l’égard de la France et de son maître et surtout pour induire Alexandre à accepter l’idée d’un remariage de l’Empereur avec l’une des grandes-duchesses. Talleyrand fut chargé d’organiser le congrès d’Erfurt de telle sorte que le tsar fût ébloui par le faste et porté par l’admiration à concéder au vainqueur de Tilsit et son alliance militaire et la main d’une femme de sa famille. Ainsi l’Empire serait-il étayé à l’Est par la plus noble des alliances.
    Sans doute Napoléon avait-il oublié ce qu’il avait confié une fois à Metternich : « Quand je veux faire une chose, je n’emploie pas le prince de Bénévent [Talleyrand]. Je m’adresse à lui quand je ne veux pas faire une chose, en ayant l’air de la vouloir. » Il avait un moment envisagé d’envoyer Eugène en éclaireur à Erfurt, mais avait estimé que celui-ci n’était pas suffisamment diplomate et, surtout, qu’il serait mal placé pour traiter du remariage de Napoléon.
    Confier une mission à Talleyrand en l’occurrence était une erreur ; elle se révéla grave. En premier lieu, le diplomate avait toujours pensé que c’était avec l’Autriche qu’il fallait s’allier contre la Russie, et non l’inverse ; son coeur le portait irrésistiblement vers l’Autriche et il avait été choqué par la rigueur des  conditions imposées à la Prusse. En second lieu, il estimait que la France avait beaucoup trop débordé de ses frontières et qu’elle devenait un danger pour la paix en Europe.
    Alors se joua une double partie de dupes : la première victime fut Joséphine, la seconde, Napoléon.
    Joséphine fut victime parce qu’elle ignorait tout de la demande en mariage d’une grande-duchesse par l’entremise de Talleyrand. Erfurt fut un clou de plus dans le cercueil de son mariage.
    Napoléon fut dupé, voire trahi, parce que, dans une conversation privée avec le tsar chez la princesse de Tour et Taxis, soeur de la reine de Prusse, Talleyrand lui déclara :
    — Sire, que venez-vous faire ici ? C’est à vous de sauver l’Europe, et vous n’y parviendrez qu’en tenant tête à Napoléon. Le peuple français est civilisé, son souverain ne l’est pas ; c’est donc au souverain de la Russie d’être l’ami du peuple français.
    Et il oeuvra tout au long du congrès d’Erfurt pour un rapprochement de la Russie et de l’Autriche et pour une union de l’Europe contre Napoléon.
    La proposition de mariage de l’Empereur avec une grande-duchesse n’aboutit pas : le vent avait tourné à la cour de Russie et la cour parla même d’expulser tous les Français du pays. Le charme de Napoléon exercé sur le tsar à Tilsit s’était dissipé. L’impératrice douairière de Russie s’était empressée de donner en mariage l’aînée de ses filles au duc d’Oldenburg. Les autres étaient trop jeunes.
    Joséphine, au courant de l’échec du projet, respira plus librement.
    En fin de compte, l’unique vainqueur du congrès d’Erfurt avait été le tsar : il avait gagné la Valachie et la Moldavie, il avait le soutien de Napoléon pour la conquête de la Finlande et la promesse de son accord pour le partage de l’Empire ottoman.
    Napoléon, lui, était ravi ; il croyait tenir Alexandre sous sa séduction.
    Restait pour Joséphine à apprendre les véritables raisons de l’échec du projet de mariage.
    Napoléon rentra content à Paris. Il amusa la capitale à son insu, en envoyant Murat occuper le trône de Naples que Joseph avait quitté ; Chateaubriand compara les Bonaparte à des

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