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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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enflèrent le délire de la population jusqu’aux lisières de la bestialité. La Terreur s’installa aussi dans l’âme de Rose. Elle songea à regagner Fontainebleau, mais il était devenu difficile de trouver une chaise de poste.
    Plus de réceptions, elle se terra chez elle. Aussi parvenait-elle tout juste à nourrir sa famille : la pension de son époux tardait à lui parvenir et l’assignat avait perdu les deux tiers de sa valeur.
    Le cauchemar parut culminer avec la décapitation de Louis XVI. Des visiteurs atterrés la lui apprirent quelques heures plus tard, ce 21 janvier 1793. On eût crucifié Jésus une seconde fois qu’elle aurait été à peine moins horrifiée. Le monde s’écroulait. Les scènes d’épouvante empêchèrent Rose de trouver plus de quelques moments de sommeil par nuit, elle imaginait les spectateurs saisis de frénésie sanguinaire trempant les mains dans le sang du roi et s’en frottant le visage ! Désormais, tous les ci-devant étaient menacés de suivre le monarque dans sa tombe.
    Le prince de Salm-Kyrbourg s’offrit à conduire Eugène et Hortense en Angleterre ; ils prétendraient, lui et son épouse, que c’étaient leurs enfants. Ce qu’apprenant, Alexandre de Beauharnais s’en indigna ; n’était-ce pas assez que son frère François eût émigré ? Et maintenant ses enfants trouvaient refuge à l’étranger ? On en déduirait que le vicomte prenait le parti des émigrés et des ennemis de la Révolution. Il fit revenir à Paris les enfants, lesquels n’étaient alors qu’à Saint-Pol, où leur mère avait adressé à Hortense une lettre déchirante, qui s’achevait par ces mots :
    Adieu, mon enfant, mon Hortense, je t’embrasse de tout mon coeur et je t’aime de même.
    Ta tendre mère.
    On eut pensé qu’elle s’attendait à ne plus les revoir. Mais ils revinrent à Paris.
    Les revers militaires affolaient le nouveau gouvernement, si tant est qu’on pût accoler ce nom aux factions de girondins et de montagnards qui s’entredéchiraient, sans interrompre leurs jactances sanguinaires pour autant.
    Après avoir enlevé Mayence et la rive gauche du Rhin, le général Custine se trouva débordé par les Prussiens. Mayence fut de nouveau assiégée. La Convention s’en offusqua : la Révolution ne pouvait être vaincue. Elle le remplaça par Beauharnais. Celui-ci avait pris le goût des harangues : communiquées à Paris, elles enthousiasmèrent les députés. On lui proposa le ministère de la Guerre ; il refusa, demandant à rester sur place, dans l’armée. Il irait libérer Mayence. Or, l’armée de la Moselle n’était pas prête.
    Tandis qu’on délibérait, Mayence, le 23 juillet 1793, capitula. Puis les Autrichiens s’emparèrent de Condé et de Valenciennes. C’était la faute de Custine, voyons ! On l’arrêta. Mais, pendant ce temps, la Vendée, lasse des horreurs de la Terreur – les soldats de l’an II enfournaient les femmes et les enfants vivants dans des fours où ils les faisaient brûler ! –, repoussait les troupes de la République. Et Pasquale Paoli, gouverneur de la Corse qui ne portait pas les révolutionnaires dans son coeur, combattait les mêmes troupes aux côtés des Anglais.
    Un vent de déroute soufflait sur la Révolution.
    La fureur se lisait dans les regards des gens dans la rue. Rose apprit à faire le salut fraternel et citoyen, pour éviter d’être écharpée quand elle s’aventurait hors de sa maison.
    Replié sur Wissembourg, le 2 août, Beauharnais se vit enlever une partie de son armée, envoyée pour renforcer l’armée du Nord et barrer la route de Paris aux Prussiens. Il présenta sa démission, arguant de la méfiance qui l’entourait en tant que ci-devant. D’abord refusée, elle fut acceptée par la Convention.
    Il avait commis une erreur : on pouvait désormais l’accuser d’avoir refusé de se battre, donc de défendre la Révolution ! Custine, Luckner, Biron, Houchard avaient déjà été décapités, il n’avait pas pris garde à la colère de ceux qui se présentaient comme incarnant le peuple.
    Début mars 1794, l’inévitable advint : il fut arrêté et conduit à la prison du Luxembourg. Rose s’affola et multiplia les démarches et les suppliques. Mais la machine infernale commandée par Robespierre était en marche. Les Comités de salut public et de sûreté générale décrétèrent que les ci-devant devaient quitter Paris dans un délai de dix jours. Rose demanda

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