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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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des passeports pour elle et ses enfants. Le 20 avril, on l’arrêta elle aussi et on l’enferma à la prison des Carmes, rue de Vaugirard.
    Elle y retrouva la princesse de Salm-Kyrbourg, Mme de Custine, Thérésa Cabarrus, ci-devant marquise de Fontenay et duchesse d’Aiguillon, malheureuse jeune femme que la peur rendait hagarde, le maréchal de camp Santerre… Puis Alexandre de Beauharnais l’y rejoignit : la perversité de leurs geôliers avait, en effet, calculé que le couple pourrait se lamenter de concert sur le sort de ses enfants. Eugène avait été mis en apprentissage chez un menuisier et Hortense, chez la faiseuse de sa mère, à l’instar du dauphin confié au savetier Simon. Alexandre écrivit :
    Ma chère petite Hortense, tu partages donc mes regrets de ne pas te voir, mon amie ; tu m’aimes et je ne peux pas t’embrasser. Pense à moi, mon enfant. Pense à ta mère ; donne des sujets de satisfaction aux gens qui prennent soin de toi, et travaille bien ; c’est par ce moyen, c’est en nous donnant l’assurance que tu emploies bien ton temps que nous aurons plus de confiance encore dans tes regrets et dans tes souvenirs. Bonjour, mon amie, ta mère et moi sommes malheureux de ne point te voir. L’espérance de te caresser bientôt nous soutient, et le plaisir d’en parler nous console.
    Mais l’espérance n’était qu’un vain mot, lancé pour ne pas ajouter au chagrin et au désarroi des enfants. Calmelet, l’homme d’affaires de Rose, leur fit écrire une supplique pour le Comité de salut public ; ils s’y indignaient qu’on eût arrêté leur mère pour une raison qu’elle ignorait. En vain. N’étaient-ils pas des enfants de ci-devant ? Ils eurent tout juste l’autorisation de rendre visite à leurs parents. Ce qui ajoutait à la détresse de ceux-ci : après chaque visite, Rose pleurait pendant des heures.
    Et la guillotine fonctionnait à plein. Cinquante têtes par jour. La loi du 22 prairial avait accéléré les procédures des tribunaux révolutionnaires : plus de plaidoiries, plus de sursis.
    « Il faut que ça aille mieux encore, ricanait Fouquier-Tinville, bourreau suprême. La décade prochaine, il m’en faut quatre cent cinquante au moins. Bientôt on mettra sur la porte des prisons : Maison à louer ! » Mais estimant que la guillotine n’allait pas assez vite, des hommes tels que Fouché et Collot d’Herbois avaient organisé les fusillades expéditives.
    Le 4 thermidor, Alexandre de Beauharnais fut emmené à la Conciergerie. Son épouse en fut déchirée de chagrin. Le lendemain, on lui apprit qu’il avait été guillotiné. Il avait trente-quatre ans. Elle s’effondra.
    Bientôt viendrait son tour.
    Deux jeunes militaires, les maréchaux de camp Santerre et Hoche, furent aussi internés aux Carmes, en tant que suspects. De quoi ? On l’ignorait, de tiédeur, d’arrière-pensées, d’intentions de complot, d’amitiés douteuses, qu’importe, suspects et c’était tout. Le soir même, Lazare Hoche, qui avait servi sous Beauharnais en tant que commandant de l’armée de Moselle, s’approcha de Rose et la consola de son mieux. Il s’assit près d’elle, sur un banc de pierre, et lui fit les éloges d’Alexandre de Beauharnais. Comme elle pleurait encore, il lui prit la main et bientôt la serra dans ses bras. C’était la première expression de tendresse que le destin lui eut consentie depuis des mois. Elle se laissa apaiser. Elle apaisa aussi Hoche.
    Elle ne pouvait plus en douter : le 8 thermidor, 26 juillet 1794 dans l’ancienne vie, on était venu emporter son lit, car elle n’en aurait plus besoin, lui déclara-t-on. Elle n’arrêta pas de pleurer. Quel était son crime ? Était-ce d’avoir été alliée à un ci-devant ?
    Dans la nuit du lendemain, un fracas réveilla les prisonniers. Des gardes amenaient un nouveau condamné. En pleine nuit ? Quelques-uns tendirent l’oreille. Un des gardes invectivait le nouveau venu :
    — Marcheras-tu, Robespierre ?
    Mais celui-ci s’accrochait aux murs. En raison d’un défaut de vision qui le contraignait à porter des verres teintés, il n’y voyait goutte. Les prisonniers aperçurent à travers la grille du judas une loque humaine au visage enveloppé de pansements sanglants. Ses gémissements tinrent ses voisins éveillés le reste de la nuit. À 9 heures du matin, les gardes revinrent le chercher.
    Robespierre ? Robespierre arrêté ?
    Les prisonniers étaient

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