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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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sur vos intérêts.
    Bonsoir, mon ami, je vous embrasse.
    Veuve Beauharnais
    Elle relut la missive et changea la virgule qui suivait « tort » en un point.
    Le dimanche matin, elle n’avait pas de réponse. Elle ne savait que penser. À midi un fracas de sabots et de roues la tira à la fenêtre : la calèche de Buonaparte s’avançait dans l’allée.
    Rose se dit qu’elle avait bien raisonné. Il arriva, le visage fiévreux et presque souriant, ôta son chapeau et baisa ardemment la main que lui tendait Rose. Pendant le temps qui les séparait du déjeuner en tête à tête, elle s’efforça de l’apaiser et, même, de le faire rire. En tout cas, elle lui donna le sentiment qu’il régnait sur la maison de la rue Chantereine.
    En dépit du calendrier républicain, une bonne partie de Paris comme de la France respectait les habitudes chrétiennes antiques et s’abstenait de travailler ce septidi qui n’était que le dimanche. Buonaparte aurait donc moins à faire. De fait, il resta l’après-midi et, le soir tombant tôt, il sembla hésiter à repartir pour un chez-soi solitaire, aussi luxueux fût-il.
    Elle lui offrit de faire un peu de toilette et l’heure du dîner se glissa de la sorte dans la maison. La conversation avait alors pris le tour qui intéressait le plus le général : le politique.
    — La France n’oubliera que dans la gloire les horreurs qu’elle a vécues, dit-elle.
    — Que croyez-vous ? demanda-t-il alors, soudain aux aguets.
    — Ce pays est divisé, général : il ne se réconciliera que lorsqu’il aura retrouvé sa grandeur.
    — L’autorité n’y suffit-elle pas ?
    — Non, parce qu’elle est médiocre. À part quelques hommes comme Barras, ceux que j’ai rencontrés sont à court de projets.
    — Sont-ce les idées de Barras ?
    — Je l’ignore, n’en ayant pas discuté avec lui. Mais une femme voit les choses de plus loin, puisqu’elle ne participe pas aux affaires du pays.
    Elle s’interrompit pour charger le maître d’hôtel de faire servir un repas au cocher du général. Peu après, Buonaparte sortit et Rose vit de la fenêtre l’équipage du général s’en aller ; elle comprit que son maître avait ordonné au cocher de rentrer chez lui et de venir le chercher le lendemain, sans doute de bonne heure.
    Elle avait gagné la partie.
    La nuit raviva ses émotions, mais n’endormit pas sa tête. Quand Buonaparte se réveilla, ce fut elle-même qui descendit préparer le café qu’elle lui servit.
    Avec un peu de patience, elle changerait ce loup-là en chien de manchon.
    Mais pourquoi l’appelait-il donc « Joséphine » ? À la rigueur, Marie-Josèphe, elle l’eût compris, mais Joséphine ! Puis elle se souvint du détail rapporté par Fouché : il avait aussi rebaptisé sa précédente maîtresse, et d’Eugénie il avait fait Désirée. Comme ces conquérants qui donnent les noms de leur choix aux terres sur lesquelles ils plantent leur drapeau.

 
    9
 
Les femmes aussi font la guerre
    La mine de Lazare Hoche, quand il ramena à Paris son jeune aide de camp Eugène de Beauharnais, en disait long. Lors de la petite fête que Rose organisa pour le retour de son fils, avec ses amies qui avaient des enfants, comme Thérésa, il conserva un air pointu et un regard mi-clos, puis il prit congé de bonne heure, avant que Rose eût pu avoir un entretien avec lui.
    Était-il triste d’avoir perdu son poste de commandant en chef de l’armée de l’Ouest ? Mais celle-ci avait été démantelée et le général venait de retrouver un nouveau poste, celui de chef de l’armée des côtes de l’Océan.
    Rose échangea un regard avec Thérésa, qui avait aussi remarqué la morosité de Hoche. Puis les têtes se tournèrent vers les garçons qui avaient déjeuné à une table à part et qui, dans le salon voisin, riaient bruyamment d’une plaisanterie inconnue des adultes. Blond comme les blés et hâlé par ses journées au grand air, Eugène les dominait par sa prestance et sa beauté. Rose le couvait d’un oeil attendri et nostalgique.
    — Où comptez-vous l’inscrire ? demanda Thérésa.
    — J’ai entendu parler de l’académie McDermott…
    — Vous ne pourriez pas mieux choisir ! s’écria Mme de Château-Renaud. Toute notre jeunesse y est. M. McDermott est peut-être l’éducateur le plus éclairé que j’aie jamais rencontré.
    — Puis-je vous demander d’intervenir en sa faveur ?
    Mme de Château-Renaud promit

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