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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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chaleureusement de le faire. Voilà, Hortense était pensionnaire chez Mme Campan, l’établissement idéal pour une jeunesse bien née qui se parait de vertus républicaines, l’éducation d’Eugène était décidée. Leur père, s’il avait été vivant, n’eût pas mieux fait. Elle se garda de demander ce que coûtait l’académie McDermott ; au moins aussi cher, sans doute, que l’institution de Mme Campan. Bon, elle trouverait moyen d’y pourvoir.
    Vers la fin de l’après-midi, Rose et Thérésa se retrouvèrent dans le cabinet de toilette pour quelques soins du corps.
    — N’avez-vous pas trouvé le général Hoche un peu sombre ? demanda Rose.
    — Ma chère amie, mettez-vous à sa place. Il rentre de Vendée et vous trouve courtisée par un nouveau venu, militaire et de surcroît un ancien subordonné qui lui a fait défaut.
    — Comment cela ?
    — Quand le général de brigade Buonaparte a été requis par le général en chef Hoche de le rejoindre en Vendée, il lui a répondu que son état de santé ne le lui permettait pas.
    — Paul Barras ne m’en avait rien dit.
    — Cela n’eût rien changé.
    — Croyez-vous que Buonaparte ait été insincère ?
    — Je l’ignore. Peut-être ne se sentait-il pas d’aller massacrer les Vendéens. Ajoutez à cela qu’à son retour notre ami Hoche trouve ce militaire insubordonné quasiment élevé au rang de ministre de l’Intérieur et gouverneur de Paris.
    Rose comprit alors que la visite de Hoche avait été la der-nièce. Ce n’était pas tant l’infidélité qui l’avait blessé que le choix du successeur. L’amour-propre d’un homme peut étrangler l’amour.
    C’était une rupture. Elle en eut mal.
    — Mais aussi, que fait-il à Paris ! s’écria Thérésa. Il devrait être en Lorraine auprès de sa femme.
    — De quoi parlez-vous ?
    — De Hoche. Sa femme est près d’accoucher.
    Rose n’en avait rien su. Elle comprit que le beau Lazare traînait à Paris parce qu’il était venu faire son siège ; si leur entretien s’était prolongé, il lui aurait probablement demandé de rompre avec Buonaparte. Elle s’avisa aussi qu’en dépit de son succès présent ce dernier comptait donc des ennemis et non des  moindres, dans l’armée aussi bien que parmi les anciens conventionnels.
    Et pourtant, comme il l’avait dit, les fils de leurs vies avaient été noués.
    La conversation avec Eugène, au souper, n’allégea pas sa perplexité. Le garçon raconta les horreurs auxquelles il avait assisté, ces Vendéens qu’on jetait vivants dans des fours allumés, des femmes et des enfants qui poussaient des cris…
    — Mon fils, oubliez ces atrocités. Soyez chrétien et priez pour le repos des âmes de ces victimes.
    — La guerre contre les ennemis n’est-elle pas chrétienne ?
    — Aucune guerre ne l’est. Songez aux Commandements. Eugène, contrit, mais surpris, n’en parla plus.
    — Où est l’épée de mon père ? demanda-t-il plus tard.
    — Le gouverneur de Paris a ordonné que toutes les armes détenues par les citoyens soient remises à son siège.
    — Et si j’allais lui demander de me la rendre ?
    — Qu’en feriez-vous ?
    — C’est un souvenir.
    L’idée amusa Rose. Elle présentait en tout cas l’avantage de rappeler à Buonaparte que la veuve Beauharnais était aussi mère de famille et de le prévenir de ses charges dans le cas où il insisterait sur cette folle idée de mariage qu’il avait évoquée. Un mariage ! Avec un soldat sans fortune ! Elle en secoua la tête d’incrédulité.
    Eugène devait entrer à l’académie McDermott la semaine suivante, grâce aux recommandations de Mme de Château-Renaud. Deux jours auparavant, il décida de réaliser son projet. Rose répugna à l’accompagner et le confia aux soins de Calmelet, l’homme de confiance qui avait autrefois dicté la lettre des enfants Beauharnais aux autorités de la Convention pour la libération de leur mère, emprisonnée aux Carmes. Rose attendit rue Chantereine le résultat de cette expédition juvénile.
    La démarche, selon Calmelet, fut divertissante : informé qu’un garçon nommé Beauharnais venait réclamer l’épée de son père, Buonaparte le fit entrer dans son bureau et l’écouta d’un air amusé.
    — Que ferais-tu de cette arme ? demanda-t-il à Eugène.
    — J’ai été l’aide de camp du général Hoche.
    Buonaparte le savait déjà par la mère du jouvenceau, mais il

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