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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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le général Vendémiaire signalait à l’assistance que la veuve Beauharnais était sa nouvelle conquête. Demain, tout Paris le saurait.
    Letourneur avait perdu tout relief : l’attraction du repas en était Buonaparte, qui semblait le présider.
    Sur le coup de 23 heures, les convives s’apprêtèrent à partir et l’huissier fit appeler les équipages.
    — M’autorisez-vous à vous raccompagner, madame ?
    Le sort en était jeté, elle n’avait qu’à jouer son rôle avec grâce. Elle donna l’ordre à son cocher de rentrer seul à la remise et monta donc dans la calèche somptueuse du gouverneur militaire. Après un bref moment, il prit la main de Rose.
    — C’est le plus beau moment de ma vie, murmura-t-il.
    Il avait donc été sincère et le feu brûlait toujours dans ce corps sec comme un sarment.
    — Puis-je vous offrir un sirop d’orgeat ou une tasse de chocolat ? proposa-t-elle pendant que le garçon d’équipage dépliait le marchepied.
    Quand le maître d’hôtel eut déposé sur un guéridon le plateau portant la carafe de sirop d’orgeat et deux verres et qu’il fut sorti, Buonaparte s’élança vers Rose et lui saisit les deux bras.
    — Je n’ose le croire…
    Elle mit la main sur l’épaulette. Elle eut à peine le temps d’achever le geste que son soupirant l’enlaçait. La main se déplaça vers la nuque. Mais celle-ci était baissée, car le jeune homme embrassait fougueusement la poitrine qui lui était offerte, il tentait même de la dégager… Il allait tout saccager.
    Il était dans tous ses états. Petit comme il l’était, à peine plus de cinq pieds {7} , il ressemblait à un adolescent en rut. Et elle qui aimait les hommes grands…
    — Montons, lui souffla-t-elle. Aidez-moi à me délacer, dit-elle ensuite en lui tournant le dos.
    D’une main, il défaisait le lacet, de l’autre il étreignait le ventre de Rose. Elle repoussa ses escarpins de satin, il était déjà en chemise.
    — Enlevez donc vos chausses, conseilla-t-elle, ne souhaitant pas se faire râper la peau par ce drap rugueux.
    Cela fait, il l’étreignit et l’entraîna avec lui sur le lit. Quelle fougue, grand ciel ! Combien de mains avait-il ? Sa bouche aspirait Rose de l’intérieur, oui, il la buvait, il l’allégeait de ses pensées… Elle fut reconnaissante à ce prédateur de la désirer de façon aussi sauvage, pour elle-même. Pour la première fois depuis ses noces avec un certain Alexandre, elle n’était ni un objet de jouissance, ni un objet de convenance. Elle était aimée pour elle-même, Rose, Rose Tascher de La Pagerie. À la façon dont il faisait l’amour, cet homme la célébrait enfin. Il était l’officiant du corps de sa maîtresse.
    Comme l’aube se levait tard !
    Rose aussi se leva tard et dans l’égarement : elle se retrouva seule dans le lit dévasté. Avait-elle rêvé ? Elle se souvint que son amant s’était levé alors qu’il faisait nuit. Elle avait supposé qu’il se rendait au cabinet de toilette. Non, il s’était habillé et il était parti.
    Il lui manqua.
    Elle attendit quelque signe, un billet, qui relierait sa vie prochaine à cette nuit de tempête. En vain. Les deux derniers jours de vendémiaire s’écoulèrent sans que Buonaparte eût manifesté sa nostalgie. Elle s’alarma. Elle avait donné la preuve publique de sa sujétion à Buonaparte et maintenant elle était seule. Financièrement, elle avait jusqu’alors dépendu de Barras, et le deuxième tiers de la lettre de change de Matthiessen était entamé. Elle devait payer les gages aux domestiques et les factures du mois arrivaient… Et ce ne serait certes pas ce militaire dépenaillé qui y pourvoirait.
    Mais sa fierté souffrait aussi. À quoi attribuer le silence de Buonaparte ? À l’excès de travail ? C’était douteux, car il disposait certainement de ses nuits. Non, la cause en était probablement qu’il se reprochait son emportement amoureux. Ce loup était certes impérieux avec les hommes, mais sans doute timide avec les femmes. Il avait besoin d’un appel pour se manifester à nouveau.
    En tout cas, elle voulait en avoir le coeur net. Le sextidi 6 brumaire {8} au soir, elle se décida à écrire à l’oublieux :
    Vous ne venez plus voir une amie qui vous aime, vous l’avez tout à fait délaissée ; vous avez bien tort, car elle vous est tendrement attachée. Venez demain septidi déjeuner avec moi. J’ai besoin de vous voir et de causer avec vous

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