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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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Joséphine.
    Mais comment remettre ces fausses lettres aux Anglais ? L’idée paraît aujourd’hui insensée, mais à l’époque les rapports entre belligérants étaient bien différents de ce qu’ils sont devenus par la suite. En témoigne un épisode survenu pendant la campagne d’Égypte elle-même. Bonaparte avait confié à un certain lieutenant Fourès, dont la femme, Pauline, lui plaisait, une dépêche à porter à Paris ; ce qui, en aller et retour, impliquait au moins cinq semaines d’absence. Or le navire qui transportait Fourès fut capturé par les Anglais ; ceux-ci étaient informés par leurs espions au Caire de la petite chronique du camp de Bonaparte ; ils trouvèrent plaisant de renvoyer Fourès à Alexandrie. Et, comme ils l’avaient prévu, le mari trompé se mit en rage en découvrant sa femme installée dans les quartiers du général en chef.
    Le Caire était truffé d’espions, et il n’était pas trop difficile de faire passer des documents aux Anglais.
    L’histoire du retour de Joséphine à Paris semble, elle aussi, issue de l’imagination romanesque. Napoléon, revenu rue de la Victoire, n’y aurait pas trouvé son épouse et serait entré dans  une de ses proverbiales colères. Et, quand elle fut revenue, elle se serait heurtée à l’ordre de Bonaparte de ne pas la laisser entrer, car elle était coupable de désertion du foyer. Ensuite, il refusa de lui ouvrir la porte et ne céda qu’au bout de plusieurs heures aux prières du trio Joséphine, Hortense et Eugène, barricadé dans la chambre à coucher avec Laetitia assise sur la commode qui bloquait la porte. C’est du Meilhac et Halévy, ou bien du Feydeau avant l’heure. Il n’y manque que la musique.
    Même en l’absence de ses maîtres, une maison restait alors à la garde de ses domestiques, surtout si l’absence prévue n’était que de quelques jours. La maison en question n’était pas un trois-pièces-cuisine qu’on ferme d’une heure à l’autre, mais un hôtel particulier qu’il fallait protéger des voleurs et où une permanence était nécessaire pour recevoir des messagers éventuels, le tenir chauffé (il n’y avait pas d’électricité et il fallait qu’un foyer y fût entretenu en permanence) et autres besognes.
    On ne peut imaginer que Bonaparte soit entré dans la maison et s’y soit installé tout de go sans avoir été accueilli par du personnel, outre les femmes de sa famille. Qui alluma les chandelles ? Qui lui chauffa son bain et lui prépara son premier repas le lendemain ? Quand elle fit ses bagages, loua une berline et qu’elle partit avec Hortense pour Fréjus, Joséphine, maîtresse de maison expérimentée, informa à coup sûr la domesticité qu’elle reviendrait avec le général quelques jours plus tard. Le chef des domestiques, peut-être Blondin, connaissait la destination du voyage et avait certes appris, comme tout Paris, le débarquement de son maître à Fréjus. Les domestiques sont les premiers informés de ces choses-là, et ils en savent même davantage.
    En tout cas, il restait au moins une chambrière, celle qui aurait couru au-devant de Joséphine et d’Hortense pour les prévenir que Bonaparte était barricadé dans la chambre à coucher. S’il l’avait interrogée – et peut-être le fit-il –, il aurait appris que, l’avant-veille encore, Hortense occupait sa chambre au deuxième étage.
    Enfin, la chronologie de l’épisode est également improbable. Le premier soin de Bonaparte, quand il revint à Paris, fut de rendre visite à Barras, de la protection duquel il avait besoin car il pouvait être jugé pour désertion de son armée. Ce point sera exposé plus loin. Ce fut plus tard, dans la nuit, qu’il se rendit rue de la Victoire et trouva la maison vide. En effet, l’entretien avec Barras se prolongea jusqu’à 2 heures du matin.
    Et là, c’est son propre témoignage qu’il faut mettre en cause. À Sainte-Hélène, il raconte, en effet, qu’il fut torturé par l’idée que sa femme avait fui et qu’il n’oublierait jamais « l’impression profonde » que lui fit la maison vide. Quelle maison vide ? Toute sa famille était présente et elle prit ses quartiers rue de la Victoire, puisque Laetitia y était encore le 14. Que Joséphine fût absente est certain, mais si Bonaparte avait interrogé Blondin ou un autre domestique, ce qu’il n’avait pu manquer de faire, celui-ci lui aurait appris que son épouse était justement

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