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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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néanmoins un tour contrariant pour Bonaparte quand Barras proposa de confier la présidence de la République future à Lemercier, président du Conseil des Anciens. Pas une seule mention du rôle qui reviendrait à son interlocuteur, sinon le retour au commandement de l’armée d’Italie.
    Après le départ de Barras, Joséphine assista à une explosion de colère de son époux : Barras, fulmina-t-il, n’avait cité Lemercier que par diversion. C’était à lui-même qu’il réservait le siège de président. Et Bonaparte cria qu’il ne voulait plus jamais entendre le nom de Barras, un homme fini.
    Joséphine pâlit : dans ce cas, c’en serait aussi fini des services qu’elle tirait de son protecteur.
    Mais elle avait appris à mesurer l’aune des colères de son mari : les imprécations, anathèmes et serments éternels ne servaient, en fait, qu’à ventiler ses humeurs peccantes. Bonaparte savait aussi bien qu’elle l’utilité de Barras.
    La vérité commença à se faire jour dans l’esprit de Bonaparte : Barras, Gohier, Sieyès, bref le Directoire, le considéraient comme un instrument et non un acteur du coup d’État projeté. Non seulement ces gens ne paraissaient pas pressés, mais encore ils n’entendaient aucunement confier un rôle politique à ce général décidément trop ambitieux.
    Il n’était cependant pas le seul à s’aviser que, de pastis en embrouille, le nécessaire projet de coup d’État risquait de finir dans un marécage. Joseph et Lucien le voyaient aussi, de même que Talleyrand. Peut-être n’était-ce pas le seul souci de la République qui inspira ce dernier ; il comprit que, s’il parvenait à  rassembler les fils du projet, il y gagnerait de l’influence, voire du pouvoir. L’essentiel, dans l’immédiat, était d’étouffer les antagonismes. Avec le concours de Lucien, président des Cinq-Cents, il entreprit d’adoucir Sieyès et Bonaparte à la fois. Le défroqué devint l’âme du complot ; sans lui rien ne se ferait, avec lui, tout était possible. Bonaparte, pour sa part, était le plus populaire des généraux, et sa garantie à un changement de régime suffirait à étouffer les protestations des mécontents.
    Sur les instances de ses frères, le général s’en laissa convaincre, et se résigna à rendre visite à Sieyès. N’était-ce pas l’abbé qui rédigerait la Constitution ? On ne pouvait se mettre à dos pareil homme. D’ailleurs, il était atteint de « constitutiomanie », comme le dirait Napoléon à Sainte-Hélène. Les deux hommes ne devinrent certes pas amis, mais enfin, complices.
    Restait à préparer l’opinion publique. Et après celui des pastis, le temps des grimaces commença.
    Joséphine fut un atout essentiel dans cette deuxième phase : elle était chargée de jouer le rôle d’épouse aimante et de charmeuse, d’écraser les ragots sur ses infidélités et de donner à chacun des hôtes de la rue de la Victoire, et parfois de la Malmaison, le sentiment de son importance privilégiée. Elle n’eut pas trop de l’aide d’Hortense et de Caroline pour gérer les déjeuners et dîners qui se succédèrent sans relâche dans la première quinzaine de brumaire. Généraux et officiers, hommes politiques, hommes et femmes de plume, membres de l’Institut, banquiers et financiers, il fallait tous les rassurer en les caressant dans le sens du poil. Certains conservaient des fidélités jacobines, d’autres, d’anti-jacobines, tous devaient repartir de chez les Bonaparte convaincus d’être satisfaits par le changement de régime confidentiellement annoncé. Si les jacobins s’inquiétaient de Barras, le général répondait : « Il est avec nous. » Et aux anti-jacobins : « C’est un dangereux démocrate. » Version nouvelle du discours de la chauve-souris : « Je suis oiseau, voyez mes ailes, je suis souris, voyez mes dents. »
    Certains personnages se révélèrent coriaces ; le pire fut Bernadotte. Il avait déjà été l’un de ceux qui avaient exigé que
    Bonaparte fût traduit en cour martiale. Cela ne s’étant pas fait, offenseur et offensé avaient ravalé leur bile, Bonaparte étant soucieux de ne pas envenimer la situation ; de plus, Bernadotte avait épousé son premier amour, Désirée Clary. Mais, peu après le retour d’Égypte, en vendémiaire, Joseph Bonaparte avait invité les deux couples dans son château de Mortefontaine et leur avait envoyé une berline pour les y

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