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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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« Nous chantions ensemble des duos », écrit Hortense. Il s’appelait Charles de Flahaut.
    Pour l’heure, cela n’alla pas beaucoup plus loin. Il demeure que, tout au long de leur mariage, Hortense et Louis ne se virent pas souvent.
    Quand il regagna sa garnison à Joigny, le 1 er mars, elle exulta :
    — Grand Dieu ! Celui qui doit être l’âme de ma vie, mon mari, s’éloigne de moi, et j’en ressens de la joie ! Je suis bien coupable ! Il a raison, je ne l’aime pas !
    Et elle fondit en larmes.

 
    24
 
« Finis donc, Bonaparte, c’est ridicule ! »
    Trois jours après le mariage de Louis et d’Hortense, les Bonaparte s’en furent à Lyon : c’était là que les députés de la jeune République cisalpine avaient été convoqués pour voter leur Constitution et mettre sur pied ce nouvel État, créé par les triomphes des armées de la France et la volonté du général Bonaparte ; il était donc normal que celui-ci veillât à sa mise au monde.
    Arrivés le 11 janvier, le Premier consul et son épouse présidèrent le 16 un banquet offert aux députés italiens. Deux jours plus tard, Bonaparte passa en revue les troupes qu’il avait laissées en Égypte et qui étaient enfin revenues (mais Kléber avait été assassiné au Caire). Il avait, en effet, décidé que la France se retirerait de l’Orient et, deux mois plus tard, il renoncerait à l’Égypte selon les termes du traité d’Amiens, conclu avec l’Angleterre.
    Le 19 et le 20, les Bonaparte visitèrent les manufactures de velours et de soie, dont celles de Barre, de Théolleyre et de Tilleux, quai Saint-Clair. Joséphine fut à la fête : les magistrats de la ville rendirent hommage aux « grâces unies à la valeur », et lui offrirent les étoffes les plus magnifiques que produisît la ville. Une autre fête fut donnée le soir.
    Le 25, la Consulte demanda à Bonaparte d’assumer pendant un certain temps le gouvernement de la République cisalpine ; il accepta et de ce fait devint également Premier consul d’Italie. Le lendemain, il prononça un vibrant discours par lequel  il annonça que cette république s’appellerait désormais la République italienne. Ce n’étaient pas que des mots : en fait, il réorganisait entièrement l’Italie, au nez et à la barbe des puissances, principalement l’Autriche, qui y avaient instauré leurs enclaves de longue date. L’État pontifical était rétabli, mais sans la Romagne, ainsi que le royaume de Naples. Le grand-duché de Toscane devenait royaume d’Étrurie. Le Piémont et Parme seraient administrés directement par la France.
    Ces mesures équivalaient peu ou prou à une annexion de l’Italie. Les Autrichiens s’alarmèrent. Mais ce n’était que la sanction de leurs défaites et ils n’étaient pas prêts à reprendre les armes.
    Les Bonaparte rentrèrent à Paris. L’illusion d’une paix européenne perdura, renforcée par la proclamation de la paix d’Amiens. Le 18 avril, un autre Te Deum fut célébré à Notre-Dame.
    Ah qu’il était doux de vivre en France sous la houlette du Premier consul !
    Certains astucieux voyaient loin.
    Jugeant que l’accession au trône de Napoléon Bonaparte ne saurait tarder, l’un d’eux imagina de lui mettre le pied à l’étrier. Il lui adressa une généalogie prouvant que le Premier consul descendait tout droit de Louis XIV en ligne aînée et directe. Le Masque de fer, assurait-il, était le fils aîné de Louis XIII et d’Anne d’Autriche, Louis XIV étant, lui, le fruit des amours de la reine et de Richelieu. Relégué à l’île Sainte-Marguerite, l’homme au masque de fer s’y était marié avec une demoiselle de la noblesse et son fils s’était installé en Corse, où il avait pris le nom de Buonaparte. Le Premier consul était donc l’héritier légitime du trône.
    Bonaparte s’amusa beaucoup de la fabrication, et son sens du ridicule la lui fit rejeter. Mais enfin, l’évidence s’enflait : il ne lâcherait pas de sitôt le pouvoir qu’il avait conquis. De sa Pologne d’exil, même le comte de Provence en était informé. Ses agents parisiens lui avaient appris que des paris s’étaient ouverts sur l’issue d’un combat entre le clan des Bonaparte d’une part et  celui de Joséphine et de Fouché de l’autre. Si Bonaparte obtenait le pouvoir à vie, voire le trône, le clan des Bonaparte gagnerait, car l’absence de succession entraînerait la séparation du couple, faute de

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