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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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femme Julie n’avaient enfanté qu’une fille. Joséphine et Bonaparte attendaient donc non sans fièvre la naissance du deuxième neveu, le fils de Louis, qui se nommerait Bonaparte. Le Premier consul donna à Hortense pour la circonstance l’hôtel de Mme Dervieux, ancienne maîtresse du comte d’Artois, au 44 rue de la Victoire, décidément prédestinée. Le docteur Baudelocque, qui veillait sur la future mère, l’informa qu’il était possible que la naissance eût lieu quelques jours avant le terme. Elle en informa à son tour son époux, qui venait de rentrer d’une cure pour ses nerfs à Barèges. Toujours ombrageux, le jeune marié prévint son épouse que, si elle accouchait d’un seul jour en avance, il ne la reverrait pas jusqu’à la fin de sa vie.
    — Comment, s’écria-t-elle, vous auriez quelque soupçon sur moi ?
    — Non, je sais ce qu’il en est, mais c’est pour ce qu’on dirait. On ne pouvait être plus aimable. Miséricordieusement, la délivrance eut lieu neuf mois et six jours après le mariage, le 10 octobre 1802, à 21 heures. L’enfant fut appelé Napoléon Charles.
    L’entourage poussa des cris de joie :
    — Voilà le dauphin !
    La rumeur courait, en effet, que Bonaparte adopterait l’enfant, et elle réveilla une vieille aigreur du père : pour lui, en effet, le vrai chef de la famille n’était pas Napoléon, mais Joseph, et un dauphin ne pourrait être que le fils du chef légitime. Aussi somma-t-il ses gens de se taire.
    Comme pour ajouter à sa mauvaise humeur, les journaux anglais, jamais à court de malveillance, annoncèrent la naissance en prétendant que l’enfant était né dans les sept mois du mariage.
    Le 31 octobre, Julie Bonaparte, l’épouse de Joseph, accoucha d’un deuxième enfant : encore une fille. Le destin souriait donc à Hortense : son fils était désormais garant du sacrifice qu’elle avait consenti en épousant Louis.
    Cette même année 1802, une lubie s’empara de Bonaparte ; il s’était offusqué de certains commentaires d’ambassadeurs, qui lui étaient revenus, sur la déception que leur aurait value le faste médiocre du palais des Tuileries. Les bâtiments avaient pourtant été rénovés à coups de millions, à l’intérieur et à l’extérieur ; mobilier, bronzes, cristaux, luminaires, draperies et dorures, MM. Percier et Fontaine n’avaient pas lésiné sur la dépense. Mais ce n’était pas assez magnifique, cela ne reflétait pas assez sa propre gloire. La Malmaison n’était qu’une campagne. Il chercha donc un plus beau palais. Versailles ? C’était vieux, maintenant délabré. Il jeta donc son dévolu sur le palais de Saint-Cloud. Les Tuileries ne seraient plus que le siège de la cour consulaire, Saint-Cloud serait la résidence du Premier consul.
    Ce n’était qu’à une demi-heure de calèche des Tuileries. Les voituriers construisaient des véhicules plus fiables et plus souples qu’autrefois. Ils faisaient même fortune, car tout le monde voulait des équipages. L’on était moins secoué que par le passé. Et fouette cocher !

 
    25
 
Les grandes ambitions
et les petites réalités
    « Ite missa est ! », annonça l’évêque de Versailles, en dirigeant la main bénisseuse vers le couple consulaire.
    Sous le châle de madras qui lui couvrait la tête, le mouvement de Joséphine fit scintiller les diamants de son collier. Plus d’un fidèle y reconnut l’un des joyaux de la couronne. Et c’était l’historique Régent, le plus beau diamant de la même couronne, qui ornait le pommeau doré de l’épée de Bonaparte, sous la cape de velours rouge.
    Le couple consulaire franchit l’allée centrale de la chapelle royale de Saint-Cloud, entre la double haie de fidèles debout. Le deuxième et le troisième consuls suivaient à distance protocolaire, cinq pas, leur épouse au bras.
    Les autres, Talleyrand, Fouché, Lucien, Laetitia, Élisa, Pauline, Louis et Hortense, Eugène, Caroline et Murat leur emboîtèrent le pas. Ils se dirigèrent vers la salle d’audiences, car il y aurait audience comme tous les dimanches. Ceux qui n’y avaient rien à faire gagnèrent les autres salons, évidemment ouverts.
    Ce nouveau protocole, visiblement inspiré de l’Ancien Régime, alourdissait les charges de Joséphine. Ses galons étaient sans doute en dentelle, mais ils n’en étaient pas moins contraignants pour autant. Elle était à la fois ministre des Grâces, grand officier de la

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