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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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maquillât – à outrance, comme l’avait noté le ministre Fox : à quarante ans, elle ne pouvait plus le disputer en séduction aux jeunes beautés que le hasard, leur naïveté ou sa fascination attiraient dans le cercle magique du héros. Quels que fussent la vanité naturelle à tous les humains et le refus d’admettre les évidences, elle savait qu’elle n’était plus celle qu’elle avait été. Quant à demander à Bonaparte de résister aux plaisirs de la chair fraîche et rieuse, qu’on cueille parfois sur les chemins, autant l’inciter à entrer à la Trappe.
    L’insécurité insurmontable de Joséphine irait s’aggravant au fil des ans et la pousserait même à partir avec Bonaparte dans les combats futurs, fût-ce contre l’avis de l’intéressé. Celle qu’elle était devenue était la création et la créature de Bonaparte. L’oiseau des îles avait été emporté vers les cimes par l’aigle. Elle ne pouvait plus en redescendre, elle n’était plus rien sans lui. Son inquiétude était donc incurable.
    Dans ce singulier rapport de sujétion constitué par leur couple, Bonaparte ne parvenait pas non plus à se défaire de celle qui l’avait accueilli dans les serres chaudes de Paris, quand il n’était qu’un obscur général de brigade parti à la conquête du monde. Le guerrier accoutumé au vent de la mitraille n’avait atteint sa maturité que dans le sein de cette indolente insouciante. Telle était la raison pour laquelle il lui écrivait qu’il l’aimait comme au premier jour et se comportait avec elle comme un jouvenceau turbulent : le vainqueur de Marengo attendait l’heure où elle faisait sa toilette pour chambarder ses pots, ses flacons, ses écrins et ses brosses, fourrager dans ses cheveux et autres espiègleries, jusqu’au moment où elle s’écriait :
    — Finis donc, Bonaparte, c’est ridicule !
    Mais ce n’était certes pas la seule gaminerie du héros. Un jour que Joséphine souffrait de l’une de ses migraines, il lui déclara :
    — Vous êtes vraiment malade, je le vois. Je vais écrire au pape pour qu’il m’envoie sur-le-champ sa mine de bois.
    — De quoi parlez-vous ?
    — Hé ! c’est du Bambino. Les pères récollets viendront ici tout exprès vous l’apporter dans leur carrosse ; ils le placeront à  vos côtés et resteront là à mes frais jusqu’à ce que vous soyez morte ou sauvée. M’entendez-vous, madame ?
    Joséphine se mit à rire et demanda de quoi il s’agissait. Bonaparte lui expliqua alors que le Bambino était un petit Jésus de bois qu’on portait aux gens riches malades et dont les médecins désespéraient. Ce Bambino était la seule ressource financière des pères récollets.
    Tel était l’homme, tantôt infantile et tantôt facétieux, mais il n’osait se montrer sous ce jour qu’à elle seule. C’était l’un des témoignages de sa confiance.
    Il avait rehaussé son personnage officiel : elle participait désormais aux dîners d’État et, selon le protocole, elle avait la préséance sur Laetitia Bonaparte et les deux autres consuls. Les dames se levaient à son entrée et à sa sortie, à la froide fureur des femmes du clan, contraintes de suivre l’exemple général.
    Elle était stérile, oui, mais elle l’avait enfanté. Elle était sa vraie mère spirituelle.
    Devenu empereur, il confierait à Cambacérès que, tant qu’il conserverait Joséphine, il jouirait d’une parfaite sécurité. Elle le mettait sans cesse en garde contre les flatteurs : « Mon ami, tu bois du poison dans une coupe d’or », lui disait-elle.
    Sa superstition fit le reste. Ils étaient d’ailleurs tous deux superstitieux.
    On ne dispose d’aucun document ni témoignage indiquant une réaction de Joséphine à une décision de Bonaparte qui ne pouvait cependant que l’affecter : le 8 juillet 1802, il avait rétabli l’esclavage à Saint-Domingue ; tel était le résultat inattendu de la reconquête de l’île par le général Leclerc. Or elle avait dans sa jeunesse témoigné aux Noirs une sollicitude spontanée. On est donc en droit de supposer qu’elle le déplora auprès du Premier consul. L’effet en fut évidemment nul. Ce n’était pas une question sur laquelle elle pouvait influencer un époux de plus en plus jaloux de son pouvoir.
    Caroline Murat avait, le 21 janvier 1802, mis au monde le premier neveu de Bonaparte ; il se prénommait Achille Napoléon, mais il se nommait Murat. Joseph et sa

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