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Journal de Jules Renard de 1893-1898

Journal de Jules Renard de 1893-1898

Titel: Journal de Jules Renard de 1893-1898 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Renard
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monde. Ils faisaient une tête ! « Je ne bois que de l'eau à chaque repas, un demi-verre d'eau où il avait mis une goutte de vin blanc pour lui donner du goût. »
Paul Adam lui fera un article. Elle n'aura pour elle ni Le Figaro, ni L'Écho de Paris, ni Le Gaulois. Mendès voulait la pousser dans un café pour lui faire boire des liqueurs fortes. « Il est très gentil avec moi, mais il ne peut pas me souffrir. Nous nous disons poliment des choses désagréables. Je suis peut-être bête, mais j'ai peur des bombes. Je mourrais bien tout de suite, mais, avoir un bras cassé, un oeil crevé, non, je n'y tiens pas. »
1er mars.
Direz-vous qu'il est idéaliste, celui qui parle de temps en temps des étoiles du firmament et lit Flammarion dans le train ?
Je trouve cette jacinthe admirable.
    Elle n'a pas besoin d'amour. Elle ne se nourrit que d'eau fraîche. Car, enfin, si l'on te mettait comme elle dans un pot, tu n'irais pas loin.
Et les sauterelles qu'on décapite, et qui, sans perdre la tête pour si peu, d'un coup d'ailes s'envolent par la fenêtre !
Le docteur prit la tête. Il sentait tomber sur sa cuisse des gouttes de sang chaud. Il lui tira l'oreille et lui souffla sur les yeux. Il lui pinça le nez, mais Vaillant ne répondit pas. Pâle et déjà froid, il avait vraiment perdu la tête.
Les tuer, d'abord, et les forcer d'avouer ensuite.
On entendait remuer encorer les oies couchées.
Elles bavardaient de la gorge. Elles soulevaient un peu leurs ailes pour les refermer commodément. Elles s'installaient comme des dames qui se serrent en froufroutant autour du conteur qui va leur dire une histoire.
Et lui, quand il les tenait, il avait la coquetterie de leur demander :
- Faut-il continuer, mesdames ?
Le froid désordre de Gustave Doré.
2 mars.
Gêné comme quelqu'un qui fait trop de bruit dans un vase.
Il y a le bavardage insignifiant, et le bavardage pompeux qui signifie moins encore.
- Il ne peut y avoir que deux jeunes revues, dit Pierre Louÿs : celle de la rive droite, et celle de la rive gauche, Verlaine d'un côté, Mallarmé de l'autre.
    - Faguet est « enthousiasmé » de Bonne Dame, dit Estaunié.
Jeantet me dit :
- Nous vous paierons comme les poëtes, car, enfin, c'est un peu des vers, ce que vous faites. Faire un livre sur Chitry et dire, par exemple : « Ce cochon, je l'ai vu, je le connais et j'ai mis ma canne dans l'anneau de sa queue. Nous avons ensemble d'excellentes relations. »
Régnier me demande trop d'attention. Je lis péniblement ses contes durs. Encore, s'il était mort !
Une grosse femme dont l'amour pesant l'aplatissait comme un calepin.
- On s'efforce de faire du Christ un homme, dit Bosdeveix. On s'efforce de faire de Napoléon un dieu.
Je t'aimerai, le temps de voir dans ce grain de beauté une verrue.
3 mars.
Pour que le chef-d'oeuvre vienne à vous, au moins faites-lui un signe.
L'ombre d'un arbre mort.
5 mars.
Il met de la haine ou de l'amour en bouteille de Leyde.
Une grande oreille où il pouvait aisément se servir de son pouce comme auriculaire.
Nul n'aura de talent hors nous, moins mes amis.
    Hier, nous étions quelques-uns réunis chez Vallette pour faire, du Mercure, une société anonyme par actions. Et nous étions honteux de notre ignorance, et nous tâchions de la dissimuler par des attitudes des hochements de tête d'hommes d'affaires, et nous nous taisions prudemment, et celui qui parlait par hasard roulait dans sa bouche endolorie des mots techniques qui lui faisaient mal comme des aphtes.
6 mars.
Schwob va vers la mort, et, lui parti, je reprends vite mes soucis journaliers, ma vie puérile.
Barrès soutient avec des procédés d'enfant une autorité qui l'embarrasse.
A mon hôte :
- J'ai redemandé de ton plat, non parce que je l'aimais, mais par politesse, et pour t'empêcher de t'apercevoir que je ne l'aimais pas.
Je serais anarchiste si j'étais malheureux. Mais je n'ai pas à me plaindre.
- Comment pourrais-je être à la fois anarchiste et satisfait ?
Un paysan, c'est un tronc d'arbre qui se déplace.
Sachez écouter. Malheur à celui qui, sans la ramasser, laisse tomber une parole d'or de la bouche d'autrui.
- Nous ne voyons jamais un paysage que comme une toile de fond, dit Willette.
La fatigue de nouer jusqu'au bout ses cordons de souliers.
    Ne peut-on pas dîner chez les gens et ne leur trouver aucun talent ?
De ce grand corps, il ne sortait que la voix de sa femme.
La vie est arrangée pour qu'à chaque instant le plus faible soit le plus fort, et

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