Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
Vom Netzwerk:
qu’il surestime sans doute. Car il sait exactement à quoi s’en tenir sur mes sentiments. Je ne me suis pas gênée pour le lui dire, crois-moi.
    â€” J’ai si peur pour toi! s’exclama spontanément Marguerite.
    Par cet aveu involontaire, elle entrouvrait la porte des confidences pour Emmélie. Mais cette porte se referma aussitôt.
    â€” Et de quoi ma petite fleur a-t-elle si peur? demanda la voix d’Alexandre qui venait d’entrer.
    â€” Docteur Talham, le salua Emmélie, déplorant le retour inopiné du docteur qui coupait court aux révélations.
    Celle-ci était venue dire à Marguerite qu’elle connaissait son secret, mais il semblait bien que le moment n’était pas encore venu. Toutefois, l’essentiel avait été dit et Marguerite cesserait de se tourmenter à propos des prétentions d’Ovide.
    â€” Quel plaisir de vous voir, chère demoiselle Boileau, dit aimablement le docteur. Ce qui nous donne droit à du café! Et il est chaud, par-dessus le marché. Je suis épuisé. La vie militaire n’est pas faite pour un homme de cinquante-trois ans… et de ma panse, ajouta-t-il en se tapotant le ventre.
    â€” Docteur Talham, je crois que vous cherchez à vous faire flatter, répondit Emmélie avec espièglerie. Vous avez encore votre taille de jeune homme.
    â€” Hum! murmura le docteur avec une fausse hésitation. Bon, j’accepte le compliment.
    Et il se servit lui-même du café.
    â€” Alors, dites-moi, quelles sont ces craintes qui viendraient troubler ma femme? J’ai été mobilisé pour être le chirurgien du bataillon du colonel de Rouville, je ne cours pas un grand risque.
    â€” Eh bien… hésita Emmélie. Marguerite, je n’ai pas eu le temps de t’annoncer que Godefroi s’est engagé comme Voltigeur… dans la compagnie de monsieur de Rouville.
    â€” Non! se glaça d’effroi Marguerite.
    Le docteur s’approcha pour l’entourer de ses bras.
    â€” Voyons, il faut aussi des braves pour défendre notre pays. Tu dois être fière de ton frère et nous prierons tous pour qu’il revienne indemne de la guerre. Mais je vous comprends, mesdames. C’est en quelque sorte une vérité universelle qu’en temps de guerre, les femmes ne cessent de s’inquiéter pour les hommes. Comment faire autrement?
    â€” Ce sont de sages paroles, docteur, soupira Emmélie qui partageait les sentiments de sa cousine. Nous n’y pouvons rien. La guerre sera bientôt là.
    Après avoir bu son café, et convaincu d’avoir rasséréné sa «petite fleur», le docteur se dirigea vers son apothicairerie pour y préparer les remèdes qu’il apporterait demain à certains de ses patients, à moins que ces derniers ne viennent les quérir à domicile. Marguerite l’avait déjà secondé dans cette tâche. Mais, de plus en plus, l’éducation des enfants prenait tout son temps et elle se rendait moins souvent dans le cabinet de son mari qu’au début de leur mariage.
    â€” Mon Dieu, Emmélie, ce pauvre Godefroi! gémit Marguerite.
    â€” Cesse de te tourmenter, nous sommes tous logés à la même enseigne. René a été conscrit. Le colonel de Rouville lui a confié le poste de quartier maître, mais aux dépens de monsieur Lukin qui convoitait la place.
    â€” Oh! s’écria Marguerite. Le beau-frère des demoiselles! Nous ne sommes pas au bout de nos peines; elles ne pardonneront pas cet affront.
    â€” En effet, soupira Emmélie.
    Son frère lui avait raconté la scène qui s’était déroulée au manoir où le colonel l’avait convoqué ainsi que David Lukin, un homme de haute stature à la chevelure poivre et sel.
    â€” Le notaire est tout désigné pour occuper cette fonction qui consiste à s’occuper de l’approvisionnement du bataillon, avait expliqué le colonel au marchand. Je vous réserve un autre emploi.
    â€” Tout le monde sait que vous favorisez vos amis Boileau, avait répondu le marchand, outré, surtout depuis l’affaire du ponceau où vous avez refusé de défendre ceux de votre classe. Ce revenu aurait été le bienvenu pour ma famille qui est nombreuse. Je me plaindrai à mon parent, Vassal de Monviel, l’adjudant général de la

Weitere Kostenlose Bücher