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Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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en quelque sorte.
    â€” Un marché?
    Stupéfaite, Julie dévisageait le gouverneur avec un sentiment croissant de honte.
    â€” Une jolie femme comme vous, dit-il en contemplant l’échancrure de son corsage, comprend certainement ce que je veux dire.
    â€” Monsieur! protesta Julie en le repoussant. Ceci m’est parfaitement odieux. Et sachez que je ne suis pas une femme de… ce genre.
    â€” Mais qu’allez-vous chercher là? Je ne fais qu’évoquer… hum! Comment dirais-je? Les prémices d’une grande amitié, à l’image de celle qu’eut autrefois madame de Péan pour monsieur l’intendant Bigot. Vous avez sans doute entendu parler de cette intéressante histoire. Les Françaises sont réputées pour leur tempérament. Et… les occasions de nous voir ne manqueront pas, insinua-t-il en s’approchant si près d’elle qu’il la touchait presque.
    Son doigt glissa lentement sur ses lèvres, comme pour en dessiner le pourtour. Horrifiée, Julie recula au point de basculer sur le sofa. Il s’approcha et se pencha sur elle.
    â€” Une bouche gourmande! Qui donne envie de la croquer.
    Elle tremblait. Jusqu’où pousserait-il l’audace? Mais il se releva.
    â€” Vous êtes une femme intelligente, madame de Salaberry. Et je suis patient. J’attendrai que mon idée commence à faire son chemin dans votre charmante tête. J’aime les femmes consentantes.
    â€” Je ne peux croire ce que j’entends! Je frémis devant votre demande… inqualifiable, s’indigna bravement Julie qui se demandait comment mettre fin à l’entretien. Maintenant, Sir, vous allez sortir de la maison de mon père, l’intima-t-elle, tremblante, mais refusant de céder à l’ignoble chantage.
    â€” Réfléchissez, fit le gouverneur en se levant avec mauvaise humeur. Sinon, il pourra en coûter à votre mari.
    Â«Ces Canadiennes, toutes des saintes nitouches!» grommela-t-il pour lui-même.
    Il allait partir lorsque madame de Rouville fit interruption dans le petit salon. Jamais Julie n’avait été aussi contente de voir apparaître sa mère.
    â€” Sir Prévost, on vient de m’apprendre l’honneur de votre visite!
    Elle se retourna vers Julie avec un air de reproche.
    â€” Comment, ma fille, tu ne nous as pas fait prévenir que Son Excellence était ici?
    Qu’avait pu voir ou entendre sa mère? se demanda Julie avec effroi. Le gouverneur n’avait pris aucune précaution pour s’assurer qu’il serait seul avec elle. Les portes du salon étaient demeurées grandes ouvertes. Et si un domestique était entré?
    â€” Chère madame, la faute m’en revient, je ne lui en ai pas laissé le temps, répondit le gouverneur avec aplomb. Je passe en coup de vent, mais je tenais à saluer la famille de mon meilleur officier avant de repartir à Montréal. Ma voiture m’attend.
    â€” C’est trop d’honneur, Votre Excellence. Mais je vous saurais gré de bien vouloir ménager ma fille qui est épuisée ces jours-ci. La soirée d’hier l’a fatiguée.
    Rien dans le ton de madame de Rouville ne laissait entendre qu’elle avait pu voir ou entendre quoi que ce soit.
    â€” Mon mari est absent. Mais il sera heureux d’apprendre votre intérêt pour notre fille et notre gendre, ajouta madame de Rouville avec un sourire impassible.
    Elle n’était pas dupe de ses intentions.
    â€” Je vous raccompagne? insista-t-elle.
    Prévost s’inclina gracieusement.
    â€” Comme je le disais à madame de Salaberry, j’allais partir. Mesdames, mes hommages. Chère madame, j’aurai plaisir à vous revoir bientôt, fit-il en baisant la main de Julie.
    Madame de Rouville raccompagna elle-même le gouverneur jusqu’à sa voiture. Lorsqu’elle revint au petit salon, le visage de Julie avait perdu toutes ses couleurs.
    â€” Allonge-toi, dit-elle d’un ton inquiet en désignant le sofa. J’envoie Joseph quérir le docteur Stubinger.
    â€” Ce n’est rien, mère, répondit faiblement Julie. Un simple étourdissement.
    Plus que son malaise, l’attitude de madame de Rouville la déconcertait totalement. C’était bien la première fois que sa mère prenait sa défense.
    â€” Vous avez tout entendu?
    â€” Suffisamment pour

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