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Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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qui-vive en votre présence. Mais j’ignorais que c’était pour cette raison. S’il en est ainsi, vous avez droit à toute ma reconnaissance.
    Ã€ ce point de la conversation où Ovide avait épuisé toutes les flatteries à l’égard de Boileau, madame et ses filles rentraient enfin.
    â€” Monsieur de Rouville! En voilà une surprise! le salua madame Boileau. J’ai reconnu la calèche, dehors, mais je croyais que nous avions la visite de votre sœur. J’ai d’ailleurs envoyé Joseph se réchauffer à la cuisine. Mais vous me voyez tout de même fort étonnée de vous voir ici! Ne devriez-vous pas être avec votre compagnie sur le champ de bataille?
    â€” Chère madame, je me suis fait déclarer malade pour revenir auprès de ma mère qui s’inquiétait de mon sort.
    â€” Vraiment? Et on vous a laissé partir? le ques-tionna madame Boileau d’un ton railleur. Je croyais qu’il y avait encore de nombreuses troupes aux environs de Châteauguay.
    â€” C’est en effet la vérité, chère madame.
    Emmélie assistait à ces échanges polis en silence. À voir l’air de contentement sur le visage de son père, un nœud se forma dans son estomac.
    â€” Mes chères, monsieur de Rouville me racontait qu’il était à Châteauguay, tout comme notre Godefroi qui a combattu si vaillamment.
    â€” Sur la ligne de feu, père, vous vous rendez compte? intervint Zoé qui avait été très impressionnée par les exploits de son cousin. Godefroi a tiré sur les Yankees. Avez-vous fait de même, capitaine de Rouville?
    â€” Certainement, jeune demoiselle, mentit Ovide.
    Après tout, sa compagnie et lui avaient permis à ceux qui s’étaient battus de regagner leurs baraquements pour se reposer, et ce n’était tout de même pas sa faute si l’ennemi avait déjà retraité. Avant que la conversation ne s’engage plus avant, Ovide prit un air solennel.
    â€” Monsieur Boileau, madame Boileau, je vous demande instamment la permission de m’entretenir seul à seul avec votre fille, mademoiselle Emmélie.
    Estomaquée, Emmélie écarquilla les yeux en faisant signe à sa mère qu’elle ne voulait pas. La demande était explicite: Ovide de Rouville voulait lui parler de mariage.
    â€” Bien sûr, bien sûr, approuva toutefois le père.
    Il jubilait en entraînant sa femme et la benjamine à l’extérieur du salon, refermant la porte derrière eux avant d’exprimer sa satisfaction en se frottant les mains.
    Juste avant de sortir, madame Boileau chuchota à l’oreille de sa fille:
    â€” Suis les inclinations de ton âme, et tu auras ta mère avec toi.
    Dès qu’ils furent seuls, Ovide se précipita devant Emmélie, emprisonna fermement ses mains dans les siennes, et plia un genou devant elle.
    â€” Emmélie, je sais que vous refusez de croire en mes sentiments, commença-t-il précipitamment, mais avant de prononcer une parole, je vous en prie, écoutez ce que j’ai à vous dire.
    Stupéfaite, Emmélie constata qu’Ovide était ému. Pour cette raison, sans doute, mais aussi parce que la noblesse de son propre cœur avait ses lois et qu’elle pouvait difficilement être impolie, elle consentit à le laisser s’exprimer.
    â€” S’il vous plaît, monsieur de Rouville, relevez-vous, dit-elle, et rendez-moi mes mains. Je ne peux supporter de vous voir ainsi. Mais je promets de vous écouter.
    Il se redressa. La partie ne serait pas facile, il s’en doutait. Mais il venait de marquer un point.
    â€” Chère Emmélie. À peine de retour du champ de bataille, vous étiez la première personne que je tenais impérativement à voir, ce qui explique ma présence aujourd’hui. Vous n’êtes pas sans avoir remarqué mon empressement à votre égard pendant l’année qui vient de s’écouler.
    â€” Comme vous le dites, monsieur de Rouville, je ne pouvais pas ne pas remarquer vos assiduités, répondit Emmélie, narquoise. Vous m’avez assez souvent piégée pour obtenir ma compagnie et sans doute avez-vous remarqué également que je ne recherchais pas la vôtre.
    Le prétendant fit mine d’ignorer son ton ironique.
    â€” Pourtant, il y a longtemps que mon cœur est à

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