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Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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ailleurs, la victoire de Châteauguay avait frappé les esprits. Les Canadiens avaient défendu leur pays. Les détails de la bataille étaient encore peu connus, mais on rapportait un nombre toujours plus incroyable d’ennemis! Ils étaient onze mille, voire quinze mille à avoir été repoussés par les milices canadiennes et les Voltigeurs – et non par les troupes de l’armée régulière – grâce à une audacieuse stratégie élaborée par Salaberry.
    Au manoir de Rouville, l’attente de nouvelles fraîches devenait insupportable. Julie n’avait reçu aucune lettre de son mari depuis des jours.
    â€” Calme-toi, ma fille, l’enjoignit madame de Rouville. Ça ne te sert à rien de t’agiter ainsi, tu vas gâter ton lait.
    â€” Mais il est peut-être blessé ou mort et personne ne veut me le dire. L’année dernière, le général Isaac Brock a été tué au champ de bataille.
    Un malheur semblable pouvait arriver à son mari, songea-t-elle. Elle saisit son mouchoir pour étouffer un sanglot.
    â€” Ma fille, si Salaberry était mort, nous l’aurions déjà appris, la rassura monsieur de Rouville. Les mauvaises nouvelles voyagent plus vite que les bonnes, c’est connu. Ton mari t’a écrit tous les jours, je ne vois pas pourquoi il aurait changé ses habitudes. La faute en est certainement au courrier qui circule de façon chaotique depuis Châteauguay.
    Mais toutes ces bonnes raisons n’arrivaient pas à faire taire l’angoisse de Julie.
    Peu après, Joseph vint lui dire que le voltigeur Lareau avait un message pour elle. Julie se précipita. Soulagée, elle embrassa Godefroi qui avait l’air si heureux de lui apporter de bonnes nouvelles en lui tendant une lettre de Salaberry! Elle s’empressa de le faire asseoir et de lui demander de raconter la bataille.
    â€” Joseph, appela-t-elle par la suite, amène notre ami à la cuisine pour qu’il se réchauffe avant de repartir.
    â€” Ah! Ce sera pas de refus! accepta Godefroi, encore tout rougissant d’avoir été si bien accueilli par madame de Salaberry qui lui avait même offert un verre de sherry.
    â€” Et n’oubliez pas de faire mes salutations à votre mère et votre sœur lorsque vous les verrez, ajouta Julie.
    â€” Alors, demanda le colonel, mis au courant de l’arrivée d’un messager. Que dit-il?
    â€” Que les Américains ne reviendront pas cette année, mais qu’il doit rester avec ses hommes dans la forêt, parce que les généraux prétendent qu’il y a encore du danger.
    â€” C’est absurde! dénonça son père. Il fait beaucoup trop froid et plus personne ne songe à se battre l’hiver. Tout cela ne servira qu’à rendre les hommes malades.
    â€” Lisez, père. C’est Charles qui le demande. Voyez comment il est maltraité.
    Atterrée, elle y voyait la trace d’une vengeance mesquine de la part du gouverneur parce qu’elle avait refusé ses avances. Mais sa mère qui l’observait l’empêcha de se faire des reproches.
    â€” Non, tu n’y es pour rien.
    â€” Tonnerre! rugit le colonel en terminant la lecture.
    La désillusion de Salaberry lui faisait aussi mal que si l’affront lui était personnellement destiné.
    â€” C’est terrible, ce qu’écrit ton mari, ma fille. Je comprends son découragement, mais il ne peut pas quitter l’armée maintenant.
    â€” Je n’ai qu’un désir, dit Julie, c’est qu’il revienne ici pour se soigner. Coucher dehors, alors qu’il fait froid et qu’il neige... Et pour tout dire, mon mari me manque.
    â€” Voilà, l’encouragea madame de Rouville. C’est tout ce qui doit te préoccuper, à partir de maintenant. Le retour de ton mari. Oublie le reste.
    Le colonel s’était éloigné en fulminant. C’était une insulte, une ignominie! Il comprenait Salaberry de vouloir quitter l’armée. Mais il ne pouvait pas laisser faire cela sans riposter.
    Monsieur de Rouville ruminait une petite idée. Il allait écrire à Louis de Salaberry. Lui seul pouvait empêcher son fils de commettre une aussi grave erreur. Si Salaberry démissionnait, il porterait l’odieux d’abandonner l’armée en pleine guerre. Il ne serait

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