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Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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obtenu facilement son congé auprès de Watteville. Il n’en avait même pas parlé à Salaberry.
    â€” Les rumeurs font effectivement état d’une armée considérable en nombre, disait justement monsieur Boileau, mais nous n’avons encore aucun rapport officiel sur la bataille de Châteauguay. Bien entendu, nous avons lu les ordres généraux dans la Gazette de Montréal et la Gazette de Québec qui félicitent votre beau-frère et les autres généraux, poursuivit-il.
    Ovide de Rouville s’était présenté chez les Boileau à l’improviste, au milieu de l’après-midi. Il revenait de guerre et souhaitait revoir ses vieux amis, avait-il prétendu. Mais il n’y avait trouvé personne, sinon le père de famille. Auparavant, Ovide s’était assuré que René n’y serait pas. Le notaire était parti à Belœil donner un coup de main à un confrère débordé.
    â€” Les dames de la maison ne devraient plus tarder, expliqua le bourgeois en consultant une montre en or retenue par une chaîne à son gilet. Elles sont chez madame Talham qui vient de recevoir des nouvelles de son frère le voltigeur, celui-là même que vous aviez engagé dans votre compagnie, capitaine de Rouville. Il était à Châteauguay.
    â€” Je n’ai d’ailleurs qu’à me louer de son enrôlement puisque mon beau-frère Salaberry l’a distingué, avança hypocritement Rouville. D’ailleurs, vous savez, il n’a pas eu de plus ardent défenseur que moi lors des incidents déplorables que vous connaissez.
    â€” Votre nom a bien été prononcé, je me rappelle, fit Boileau qui était soulagé d’entendre que, contrairement à ce que René prétendait, le capitaine de Rouville avait aidé Godefroi. Nous sommes tous très fiers de lui. Le colonel lui a même fait l’honneur de le prendre comme messager personnel. Il est en mission à Chambly pour livrer une lettre à madame de Salaberry.
    â€” Ah! Cher monsieur Boileau! s’épancha Ovide en agrippant l’épaule du bourgeois comme le font les meilleurs amis. Nous avons en effet beaucoup en commun. Cette vieille amitié entre nos familles! Mon père, parrain du jeune Talham, et ma sœur, marraine de la petite Marie-Anne, les enfants de vos cousins.
    Monsieur Boileau opina gravement pour montrer l’importance qu’il accordait à ces liens inaltérables.
    â€” Je vous ressers encore un peu de porto, monsieur de Rouville?
    â€” Ah, oui, très volontiers.
    Ovide tendit son verre avant de boire délicatement une gorgée et fit claquer sa langue, en connaisseur.
    â€” Il est excellent. Il faut me dire qui est votre fournisseur.
    â€” Heu! Vous savez, j’ai mes petits secrets qui… doivent demeurer secrets, mais qui me permettent de régaler mes amis.
    Rouville avait beau le flatter comme le faisait le renard au corbeau de la fable, monsieur Boileau ne révélerait jamais comment ses cousins américains contribuaient à sa provision de bonnes bouteilles. Il conserverait jalousement pour lui sa source d’approvisionnement.
    â€” Très bien, accepta Ovide de bon gré en se penchant vers le bourgeois. Qui sait, peut-être qu’un jour vous aurez toutes les raisons de partager ce secret avec moi, dit-il en laissant sous-entendre qu’il y avait un motif autre à sa visite inopinée.
    Monsieur Boileau fit mine de rien, mais Ovide vit tout de suite qu’il avait saisi l’allusion.
    â€” Buvons à votre santé!
    Et joignant la parole au geste, Ovide éleva son verre en direction de son hôte et les deux hommes trinquèrent.
    â€” Rappelez-vous que j’étais à vos côtés dans l’histoire du pont du fossé, même si mon propre père préférait demeurer neutre. Et je vous ai suggéré l’idée du barrage!
    Ã€ cette évocation, le bourgeois se mit à rire.
    â€” J’ai tout de même perçu quelques livres ce jour-là, avant que le capitaine de milice n’intervienne, à la demande du curé.
    â€” Justement, mon cher monsieur Boileau, je n’ai pas hésité à dire au curé ce que je pensais de ses méthodes. Vous savez qu’il m’en tient toujours rigueur.
    â€” J’ai bien remarqué que messire Bédard semble être sur le

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