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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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de lui trouver la figure toute décomposée.
    – Qu’avez-vous donc ? lui demanda-t-il ; avez-vous vu le diable ?
    – Pire, monsieur ! cent fois pire ! J’ai vu un basilic ; grâce à Dieu, je l’ai vu le premier, et l’ayant vu sans qu’il me vît, il m’en fera moins de mal.
    – Au nom du ciel, expliquez-vous ; je ne vous comprends pas.
    – J’ai vu mon ancien maître. Ce soir, un nouvel ami que j’ai fait m’a mené à l’horloge du palais, jugeant que je serais curieux d’examiner un pareil ouvrage, et à la fenêtre d’une tourelle voisine de l’horloge j’ai reconnu le vieux docteur.
    – Mais êtes-vous bien sûr de ne pas vous être trompé ?
    – M’être trompé ! non, non ! Celui qui a une fois ses traits dans la tête le reconnaîtrait parmi un million d’hommes. Il portait un costume singulier ; mais il ne peut se déguiser à mes yeux aussi bien, Dieu merci ! que je puis me déguiser aux siens. Cependant, je ne tenterai pas la Providence en restant à sa portée ; Tarleton le comédien ne pourrait lui-même se déguiser assez bien pour être sûr que Doboobie ne le reconnaîtrait pas tôt ou tard. Il faut que je parte demain matin. D’après la manière dont nous nous sommes quittés, je serais un homme mort si je respirais le même air que lui.
    – Mais le comte de Sussex…
    – Il ne court plus aucun danger, pourvu que, pendant un certain temps, il continue à prendre tous les matins, à jeun, gros comme une fève d’orviétan ; mais qu’il prenne garde à une rechute !
    – Et comment s’en garantir ?
    – Par les mêmes précautions qu’on emploierait contre le diable en personne. Qu’il ne mange que des viandes tuées et apprêtées par son propre cuisinier, et que celui-ci n’achète ses épices que chez des personnes connues et sûres. Que le maître-d’hôtel place lui-même tous les plats sur la table, et que le surintendant de la maison de milord fasse faire l’essai de tous les mets par le cuisinier quand il les a préparés, et par le maître-d’hôtel quand il les a servis. Que le comte ne se serve ni de parfums, ni d’onguens, ni de pommades ; qu’il ne boive ni ne mange avec des étrangers. Surtout qu’il redouble de précautions s’il va à Kenilworth. Qu’il fasse valoir sa maladie et l’ordonnance de son médecin pour excuser la singularité de son régime.
    – Et vous-même, Wayland, que comptez-vous faire ?
    – Je n’en sais rien : me retirer dans une autre province d’Angleterre ; passer en France, en Espagne, aux Indes : tout me conviendra, pourvu que je m’éloigne de Doboobie, de Démétrius, de ce misérable enfin, n’importe quel nom il lui ait plu de prendre aujourd’hui.
    – Eh bien ! cela n’arrive pas trop mal à propos ; j’ai une mission à vous donner dans le comté de Berks, mais dans un autre canton que celui où vous êtes connu ; et, avant que vous eussiez cette raison pour partir d’ici, j’avais déjà formé le projet de vous y envoyer en secret.
    Wayland lui déclara qu’il était prêt à recevoir ses ordres, et Tressilian, sachant qu’il connaissait en partie l’affaire qui l’avait amené à la cour, la lui expliqua entièrement, lui fit part de ce qui avait été convenu entra Giles Gosling et lui, et lui dit ce qui avait été avancé le matin à l’audience par Varney et confirmé par Leicester.
    – Vous voyez, ajouta-t-il, que, dans les circonstances où je me trouve, il est important que je surveille de près les mouvemens de ces hommes sans principes, Varney et ses complices, Foster et Lambourne, ou même ceux du comte de Leicester, que je soupçonne d’être plutôt trompeur que trompé dans cette affaire. Voici une bague que vous remettrez à Giles Gosling pour preuve que vous vous présentez à lui de ma part, et voici de l’or qui sera triplé si vous me servez fidèlement. Ainsi donc partez pour Cumnor, et voyez ce qui s’y passe.
    – Je le ferai avec un double plaisir, répondit Wayland ; d’abord, parce que je servirai Votre Honneur, qui a eu tant de bontés pour moi, et ensuite parce que je m’éloignerai de mon vieux maître, qui, s’il n’est pas précisément un diable incarné, réunit en lui toutes les qualités diaboliques qui aient jamais déshonoré l’humanité. Cependant qu’il prenne garde à moi : je cherche à l’éviter ; mais s’il me poursuit jamais, je me retournerai contre lui avec la fureur des taureaux sauvages

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