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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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pouvoir, de richesse, de dignité, de tout ce qui flatte l’ambition humaine. Jamais César, dans l’ancienne et puissante Rome, n’entendit sortir de la bouche de ses aruspices la prédiction d’un avenir de gloire tel que celui que ma science pourrait révéler à mon fils favori, d’après un texte si riche.
    – Tu te railles de moi, vieillard, dit le comte étonné de l’enthousiasme que l’astrologue venait de mettre dans sa prédiction.
    – Convient-il de plaisanter à celui qui a l’œil fixé sur le ciel et le pied sur la tombe ? répliqua le vieillard d’un ton solennel.
    Le comte fit deux ou trois pas dans son appartement, les bras étendus, paraissant obéir aux signes de quelque fantôme qui l’excitait à de hautes entreprises. Cependant, en se retournant, il surprit l’œil de l’astrologue attaché sur lui ; il y avait une malicieuse pénétration dans le regard observateur qui s’échappait à travers ses noirs sourcils. L’âme altière et soupçonneuse de Leicester prit feu tout d’un coup ; il s’élança sur le vieillard de l’extrémité du vaste appartement, et ne s’arrêta que lorsque, de sa main étendue, il atteignit presque le corps de l’astrologue.
    – Misérable, dit-il, si tu oses te jouer de moi, je te ferai écorcher vif ! Avoue que tu es payé pour m’abuser et me trahir ; avoue que tu es un fourbe, et que je suis ta dupe et ta victime !
    Le vieillard manifesta quelques symptômes d’émotion, mais pas plus que n’en eût arraché à l’innocence elle-même la fureur qui s’était emparée du comte.
    – Que signifie cette violence, milord ? répondit-il ; comment puis-je l’avoir méritée de votre part ?
    – Prouve-moi, s’écria le comte avec emportement, prouve-moi que tu n’agis point de concert avec mes ennemis !
    – Monseigneur, reprit le vieillard avec dignité, vous ne pouvez avoir une meilleure preuve que celle que vous avez vous-même choisie. Je viens de passer vingt-quatre heures enfermé dans cette tourelle ; la clef en est restée en votre pouvoir. J’ai employé les heures de la nuit à contempler les corps célestes avec ces yeux presque éteints, et pendant le jour j’ai fatigué ma tête blanchie par l’âge à compléter les calculs qui résultent de leur combinaison. Je n’ai point goûté de nourriture terrestre ; je n’ai point entendu de voix humaine : vous savez vous-même que c’était pour moi chose impossible. Et cependant je vous déclare, moi qui viens de passer vingt-quatre heures dans la solitude et dans la méditation, je vous déclare que pendant ce temps-là votre étoile est devenue prédominante sur l’horizon : ou le livre brillant des cieux a menti, ou une heureuse révolution s’est opérée aujourd’hui dans votre fortune. S’il n’est rien arrivé dans cet intervalle qui consolide votre pouvoir, ou qui accroisse la faveur dont vous jouissez, alors je suis vraiment un fourbe, et l’art divin inventé dans les plaines de la Chaldée n’est qu’une grossière imposture.
    – Il est vrai, dit Leicester, que tu étais étroitement renfermé ; il est vrai aussi que le changement que tu dis t’avoir été révélé par les astres s’est opéré dans la situation de mes affaires.
    – Pourquoi donc ces soupçons, mon fils ? dit l’astrologue prenant un ton d’admonition ; les intelligences célestes ne souffrent pas cette défiance, même chez leurs favoris.
    – Paix ! mon père, répondit Leicester ; je me suis trompé. Jamais, par condescendance ou pour s’excuser, les lèvres de Dudley n’en diront davantage, ni aux hommes mortels ni aux intelligences célestes ; je n’excepte que le pouvoir suprême, devant lequel tout se prosterne. Mais revenons au sujet qui nous occupait. Parmi ces brillantes promesses, tu as dit qu’il y avait un astre menaçant. Ton art peut-il m’instruire d’où viendra le danger, et qui en sera l’instrument ?
    – Voici tout ce que mon art me permet de répondre à votre question, reprit l’astrologue : l’aspect fâcheux des astres annonce ce malheur comme l’ouvrage d’un jeune homme…, un rival ; je pense ; mais je ne sais si ce sera un rival en amour ou dans la faveur royale ; et la seule particularité que je puisse ajouter, c’est qu’il vient de l’occident.
    – L’occident ! Ah ! s’écria Leicester, c’en est assez ; c’est bien de ce côté que la tempête se forme ! Les comtés de Cornouailles et de

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