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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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voir lui rendre justice. S’il suffit de vous parler de lui pour vous offenser, que diriez-vous donc si je l’avais vu ?
    – Si vous l’aviez vu ! répéta le comte en fronçant le sourcil, vous feriez bien de tenir cette entrevue aussi secrète que ce dont on parle dans le confessionnal. Je ne désire la ruine de personne ; mais quiconque voudra, pénétrer mes secrets, fera bien de prendre garde à lui. Le sanglier ne souffre pas qu’on le traverse dans sa course terrible.
    – Terrible en effet ! dit la comtesse à demi-voix, en pâlissant.
    – Qu’avez-vous, mon amour ? lui dit le comte en la soutenant dans ses bras ; remettez-vous au lit ; vous l’avez quitté trop matin. Avez-vous quelque chose à me demander qui ne puisse compromettre ma fortune, ma vie et mon honneur ?
    – Rien, milord, rien, répondit-elle d’une voix faible. Je désirais vous parler de quelque chose, mais votre colère me l’a fait oublier.
    – Vous vous le rappellerez quand nous nous reverrons, mon amour, lui dit le comte en l’embrassant avec tendresse ; et excepté ces demandes que je ne puis ni n’ose vous accorder, il faudra que vos désirs soient au-dessus de tout ce que l’Angleterre et toutes ses dépendances peuvent fournir, s’ils ne sont pas accomplis à la lettre.
    Il partit en prononçant ces mots. Au bas de l’escalier Varney lui donna un grand manteau de livrée et un chapeau rabattu, déguisement qui le rendait méconnaissable. Les chevaux étaient prêts dans la cour pour lui et pour Varney ; car deux domestiques, initiés jusqu’à un certain point dans le secret, c’est-à-dire croyant que leur maître avait en cet endroit une intrigue avec une belle dame, dont le nom et la qualité leur étaient inconnus, étaient déjà partis pendant la nuit.
    Tony Foster lui-même tenait la bride du palefroi du comte, coursier aussi vigoureux qu’agile, tandis que son domestique présentait un cheval plus brillant et plus richement harnaché à Richard Varney, qui devait jouer le rôle de maître sur la route.
    Cependant, en voyant le comte s’approcher, Varney s’avança pour tenir les rênes du cheval de son maître, et empêcha Foster de remplir cette fonction, la regardant sans doute comme un des privilèges de sa place. Foster parut mécontent de perdre l’occasion de faire sa cour à son patron ; mais il céda à Varney, sans oser lui faire aucune observation. Le comte monta à cheval d’un air distrait ; et, oubliant que son rôle de domestique devait le faire marcher derrière son prétendu maître, il sortit de la cour sans penser à Varney, faisant un signe de la main à la comtesse, qui lui adressait ses derniers adieux en agitant un mouchoir à une croisée.
    Tandis que sa taille imposante s’effaçait sous la voûte sombre qui conduisait hors de la cour : – Voilà de la plus fine politique, dit Varney, le domestique qui passe avant le maître ! Et saisissant ce moment pour dire un mot à Foster : – Tu as l’air de me regarder avec humeur, Tony, lui dit-il ; si je t’ai privé d’un regard gracieux de milord, je l’ai engagé à te laisser une récompense de tes fidèles services qui ne te sera pas moins agréable. Voici une bourse d’aussi bon or que le pouce d’un avare en ait jamais compté. Prends cela, ajouta-t-il tandis que la figure de Foster s’épanouissait, et ajoute cet or à celui qu’il a donné la nuit dernière à Jeannette.
    – Comment ! que dites-vous ? Il a donné de l’or à Jeannette ?
    – Sans doute. Et pourquoi non ? Les services qu’elle rend à la comtesse ne méritent-ils pas une récompense ?
    – Elle n’y touchera point ! Il faudra qu’elle le rende ! Je connais milord, il aime les nouveaux visages. Ses affections changent aussi souvent que la lune.
    – As-tu perdu l’esprit, Foster ? Te flattes-tu d’avoir assez de bonheur pour que milord ait une fantaisie pour ta fille ? Qui diable s’amuse à écouter l’alouette tandis que le rossignol chante ?
    – Alouette ou rossignol, tout est bon pour l’oiseleur ; et je sais, M. Varney, que vous savez parfaitement siffler avec l’appeau pour faire tomber les oiseaux dans ses filets. Du diable si je prétends que vous fassiez de Jeannette ce que vous avez fait de tant de pauvres filles ! Vous riez ! Je vous répète que je veux au moins sauver un membre de ma famille des griffes de Satan, et vous pouvez y compter. Elle rendra cet or.
    – Ou elle te le donnera à

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